Opinion
25 mai 2000 - 25
mai 2013,
la victoire reste la même
Soraya
Hélou
Samedi 25 mai 2013 Treize ans après, c'est avec la
même ferveur que la résistance
et ses partisans célèbrent la
libération, le 25 mai 2000, de
la plus grande partie du Sud et
de la Békaa ouest, occupés
pendant 22 ans par les
Israéliens. Et comme en cette
journée historique qui avait vu
le retrait pitoyable des soldats
ennemis et des miliciens
libanais qui avaient collaboré
avec eux par la porte de Fatima
à Kfarkila, la victoire unique
en son genre dans le monde arabe
avait été saluée de façon
mitigée au Liban, des voix
s'élèvent encore aujourd'hui
pour critiquer la résistance. Le 25 mai 2000, la porte de
Fatima s'est fermée avec un
bruit sec, séparant ainsi deux
scènes contradictoires et
extraordinaires. Du côté de la
Palestine occupée, c'était la
méfiance, la colère et la peur
et du côté libanais, c'était le
défilé ininterrompu des
habitants du Sud heureux de
retrouver leur terre et de
respirer l'air de la liberté et
de la libération. Il faut
d'ailleurs se rappeler comment
ces Libanais simples, qui
avaient été obligés par
l'occupant à quitter leurs
villages, y étaient soudain
revenus la tête haute et
regardaient avec fierté l'autre
côté de la frontière, où les
soldats ennemis se cachaient et
cachaient leur honte derrière
leurs positions renforcées... Mais dans d'autres coins du
pays, des voix s'élevaient, soit
pour faire peur aux chrétiens en
les prévenant contre «la
victoire du Hezbollah et
d'éventuelles réactions
vengeresses», soit pour nier
l'évidence et affirmer que la
résistance n'a pas gagné,
puisque c'est l'armée
israélienne qui a décidé de se
retirer. Sans conditions et sans
contrepartie. Mais cela, ils
faisaient mine de l'oublier. Le
président français de l'époque,
Jacques Chirac avait même
proposé au président libanais
alors en place Emile Lahoud,
l'envoi de forces françaises
pour protéger les chrétiens du
sud «des représailles du
Hezbollah». Il avait d'ailleurs
fallu toute la fermeté du
président Lahoud pour rejeter
sans équivoque cette offre et
déclarer que l'Etat libanais est
garant de la sécurité des
citoyens partout sur le
territoire libéré. Mais cette
position n'avait pas plu à tout
le monde, notamment à ceux que
la noblesse et le dévouement de
la résistance dérangeaient. Le 25 mai 2013, rien n'a
vraiment changé. Les Libanais
sincères continuent de célébrer
avec émotion et fierté cette
date qui a changé le rapport des
forces avec l'ennemi israélien
et inauguré «l'ère des
victoires» et d'autres, le cœur
battant pour l'Occident et ses
alliés régionaux, se déclarent
inquiets du «détournement des
objectifs de la résistance» et
craignent pour elle son
«enlisement dans les sables
mouvants syriens»... Cette
soudaine sollicitude est
étonnante de la part de ceux qui
n'ont cessé, au cours de ces
dernières années de réclamer le
désarmement de la résistance,
tantôt à travers l'application
de la résolution 1559 des
Nations Unies, tantôt à travers
la revendication d'une nouvelle
stratégie de défens et tantôt
encore en se déclarant en faveur
de «l'Etat et de ses
institutions» contre «l'Etat
dans l'Etat». Avec chaque nouvelle victoire de
la résistance, militaire ou
politique, les voix recommencent
à s'élever pour soit s'inquiéter
hypocritement pour la perte de
la pureté de la résistance, soit
réclamer clairement sa
disparition en voulant la placer
sous le contrôle de l'Etat...
Pour qu'elle soit aussi
impuissante que l'armée
libanaise face aux miliciens à
Tripoli, faute de décision
politique. Au fond, que reproche-t-on
exactement à la résistance ?
C'est d'avoir réussi là où
toutes les
autres forces et armées arabes
ont échoué. En dépit du
déséquilibre des forces (ce
n'est que depuis 2006 que la
résistance s'est dotée de moyens
importants), la résistance
libanaise a réussi à pousser
l'armée jusque-là invincible de
l'ennemi à se retirer sans
conditions et de façon pitoyable
du territoire libanais. Cette
incroyable victoire a constitué
un choc pour des régimes arabes,
pour l'Occident et pour ceux qui
les écoutent au Liban. Depuis
cette date, tout a été tenté
pour porter atteinte à cette
résistance, la dénigrer, ternir
son image et l'affaiblir. Il y a
eu le scénario politique à
travers la résolution 1559, le
scénario économique en cherchant
à lui couper les vivres et les
sources d'approvisionnement et
le scénario juridique à travers
la création du TSL. Il y a eu
aussi les tentatives répétées de
l'entraîner dans une guerre
interne, depuis l'assassinat du
Premier ministre Rafic Hariri,
sans parler des efforts pour
l'isoler sur le plan arabe et
sur le plan interne, en brisant
le fameux axe qui s'étend de
Téhéran à Gaza et passe par la
Syrie, tout en cherchant à
imposer un gouvernement sans le
Hezbollah et des élections
législatives qui aboutiraient à
la victoire du camp adverse. Mais rien ne peut ébranler cette
résistance faite d'hommes
courageux, croyants et dévoués,
qui croient en leur cause et ont
une vision stratégique. Treize
ans, la résistance continue donc
à aller de victoire en victoire,
augmentant sans cesse sa force
et sa crédibilité, auprès de ses
ennemis et auprès de ses amis.
Tout comme elle a chassé
l'ennemi en 2000, elle
continuera à déjouer les
complots ourdis contre elle et
contre la oumma pour rendre
service à l'ennemi israélien et
le rassurer sur son propre sort.
La résistance a un cap et une
boussole et avec eux, elle ne
peut qu'aller loin, de succès en
succès.
Source :
french.alahednews
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