Opinion
Le terrorisme,
l'arme des faibles
Soraya Hélou
Afflux des
foules sur l'esplanade de la mosquée des
Omeyyades pour participer aux
funérailles des martyrs des actes
terroristes - Photo: Sana
Samedi 24 décembre
2011
Vingt quatre
heures après l’arrivée des premiers
observateurs arabes, Damas plonge dans
l’horreur et la violence aveugle. Deux
attentats-suicide à quelques minutes
d’intervalle visant des sièges des
forces de sécurité et le sang coule à
flots dans la capitale syrienne,
puisqu’il y a plus de 40 morts et une
centaine de blessés. Les images sont
insoutenables, et même les médias
hostiles au régime qui avaient commencé
par refuser de les diffuser, ont été
contraints de le faire tant cette
actualité sanglante a pris le pas sur
tous les autres événements. Ceux qui
voyaient dans l’arrivée des observateurs
et le début d’application du plan arabe
le début de la solution ont en tout cas
dû déchanter et la situation apparaît
désormais plus complexe puisque la
violence est montée d’un cran atteignant
même la capitale. Selon les
observateurs, cette évolution est
logique de la part de l’opposition aux
têtes multiples qui n’hésite pas à faire
«une alliance avec le diable», à savoir
les groupes extrémistes, croyant ainsi
parvenir à renverser le régime.
Depuis quelque
temps déjà, les analystes internationaux
et ceux qui suivent les développements
en Syrie avaient prédit une
recrudescence de la violence et le
passage à une nouvelle étape, celle des
attentats et des voitures piégées un peu
à l’irakienne, pour déstabiliser le
pays. Les moyens pacifiques
(manifestations, sit-ins et autres
mouvements de protestation) s’étant
essoufflés et ne parvenant plus, au
onzième mois de la contestation, à
mobiliser les citoyens, ceux qui veulent
la tête du régime d’Assad ne pouvaient
plus que recourir à la violence.
C’est que pour les
ennemis du régime, le bilan des dix
derniers mois est négatif : le régime
est encore en place. Les défections au
sein de l’armée restent mineures,
l’appareil de l’Etat est toujours uni et
fonctionne, la bourgeoisie sunnite tient
bon aux côtés du régime, alors que les
alliés de la Syrie, à savoir l’Iran,
l’Irak, le Liban, la Russie et la Chine
lui assurent une protection
internationale en bloquant le Conseil de
sécurité et en lui procurant des
ouvertures économiques. Avec une année
2012 qui s’annonce difficile pour les
Etats-Unis et l’Europe, paralysés par
une grave crise économique et par des
échéances électorales, il fallait donc
changer de procédés en Syrie si l’on
veut avoir une chance de faire plier le
régime. C’est pourquoi, soudainement, la
Syrie est devenue le théâtre des
attaques terroristes, visant à semer la
peur et à pousser les gens à abandonner
un régime incapable de les protéger.
L’idée aussi est de faire basculer la
Syrie dans la guerre civile si on ne
peut pas renverser son régime, espérant
que le chaos entraînera un
affaiblissement de l’axe de la
résistance, tant au Liban qu’en Syrie et
en Irak, où depuis l’annonce du départ
des troupes américaines, les attentats
se multiplient dans un message clair :
«Vous avez voulu que nous partions sans
la moindre contrepartie, mais vous êtes
in capables de vivre en sécurité sans
nous».
La violence c’est
connu, est l’arme des faibles, ceux qui
ne peuvent pas affronter leur ennemi en
face et le battre avec des armes nobles
et légitimes et les attentats de Syrie,
en dépit de leur violence, sont la
preuve que l’opposition est en fin de
course et qu’elle n’a plus d’autre moyen
de lutte que le recours aux attentats.
Les masques sont en train de tomber et
la vérité finira par éclater au grand
jour. Comme l’Irak est en train de
recoller ses morceaux éparpillés par
huit années d’occupation américaine, la
Syrie parviendra à surmonter cette crise
et à déjouer les complots extrémistes.
Même les observateurs arabes ne peuvent
plus se voiler la face…
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