Liban
Les masques sont
tombés...
Soraya Hélou
Mardi 22 mai 2012
Ce qui avait été annoncé depuis des
mois est en train de se produire. Toutes
les mises en garde contre le danger
d’entraîner le Liban dans la tourmente
syrienne n’ont servi à rien ainsi que
les déclarations répétées sur la
nécessité de préserver la stabilité du
pays. Hélas, certaines parties
libanaises n’ont rien compris à 15 ans
de guerre civile, ni au jeu des nations.
Elles continuent à placer le Liban dans
l’œil du cyclone en insistant pour
l’entraîner vers la guerre en exploitant
à fond la fibre confessionnelle et les
événements en Syrie. Si on met ainsi
bout à bout les derniers développements
sur la scène libanaise, il apparaît
clairement que deux objectifs sont ainsi
recherchés : vider le Nord des forces
légales pour laisser le champ libre à
l’opposition syrienne et aux formations
extrémistes et entraîner la résistance
dans un affrontement interne entre
sunnites et chiites pour la discréditer
et l’affaiblir. Ce n’est donc pas un
hasard si le plan a commencé par prendre
Tripoli et le Akkar comme bastion de
l’opposition syrienne. Comme l’armée
libanaise n’a pas compris le message en
continuant à arrêter les convois d’armes
et plus récemment le bateau Loutfallah 2
et sa cargaison, il fallait la
discréditer aux yeux de la population en
la présentant comme une force
communautaire et non nationale. Même
chose pour la Sûreté générale coupable
d’avoir démantelé un réseau présumé d’Al
Qaëda et soudainement accusée d’être à
la solde du Hezbollah. Mais tout cela ne
suffisait pas, d’autant que le Hezbollah
n’a pas réagi aux provocations, refusant
de se laisser entraîner vers un
affrontement sur le terrain. Les
instruments du complot ont alors tenté
de fermer les routes principales,
notamment celles de la Békaa et du Sud
vitales pour la résistance. Le Hezbollah
n’a toujours pas réagi et la situation
reste plus ou moins contrôlée. Mais la
confessionnalisation de la sécurité est
une arme dangereuse à double tranchant.
Si le Courant du Futur et ses alliés
extrémistes continuent à attaquer
l’armée et la Sûreté générale, cela
signifiera que ces deux forces
nationales ne pourront plus intervenir
sur le terrain dans certaines régions,
réduisant ainsi le prestige de l’Etat à
une peau de chagrin. Il ne s’agit plus
désormais d’une bataille politique pour
pousser le Premier ministre à la
démission, mais bien d’un complot pour
utiliser le Liban comme moyen de
pression sur le régime syrien et pour
affaiblir l’axe de la résistance. C’est
ainsi, que profitant de la tension
actuelle, des pays du Golfe se sont
empressés d’appeler leurs ressortissants
à quitter le Liban ou à ne plus s’y
rendre, sachant que cette carte est de
la plus haute importance pour le Premier
ministre et pour el Liban en général, à
la veille de la saison estivale.
Un malheur ne venant jamais seul, les
combats de dimanche soir à Tarik jdidé
ont montré aux Libanais que le spectre
de la guerre civile est de plus en plus
présent dans leur quotidien et les armes
sont apparues au grand jour entre toutes
les mains. Quelque part, c’est aussi la
preuve que tous ceux qui menaient
campagne contre les armes de la
résistance possédaient chez eux des
arsenaux non négligeables et étaient
prêts à les utiliser contre leurs
compatriotes. Le fameux argument de « la
menace des armes » brandi depuis des
années par le 14 mars est bel et bien
tombé, dévoilant le gros mensonge qui a
pu tromper les gens tout au long des
années précédentes, sur l’existence
d’une partie civile victime de la
violence des armes du Hezbollah. Un
autre mensonge se dévoile aussi celui de
la lutte pour l’indépendance et la
souveraineté, puisque grâce aux
agissements du courant du Futur et de
ses alliés, le Liban est plus que jamais
à la merci des développements régionaux,
entraîné dans la crise syrienne et
poussé à s’aligner sur le camp
américano-israélien…Les masques sont
ainsi tombés et la partie se joue
désormais cartes sur tables, mais il
n’est pas dit que le plan de la discorde
atteindra ses objectifs d’autant que la
résistance reste stable et fidèle à ses
principes et à la voie qu’elle s’est
tracée.
Le sommaire de Soraya Hélou
Le dossier
Liban
Les dernières mises à jour
|