Opinion
Les camps
palestiniens du Liban dans la crise
syrienne
Soraya Hélou
Nahr el
Bared
Mercredi 20 juin 2012
Pour
créer un environnement favorable à
l’opposition syrienne au Liban, ceux qui
tirent les ficelles du dossier ont
décidé d’entraîner les camps
palestiniens dans le bras de fer qui se
joue actuellement. L’idée est de pousser
l’armée libanaise à se retirer du Liban
de Nord et de ses positions à la
frontière avec la Syrie dans la Békaa,
pour créer une zone hors du contrôle des
institutions de l’Etat, où les
combattants de l’opposition syrienne et
leurs alliés libanais peuvent circuler
en toute liberté et mener des opérations
vers l’intérieur syrien. Après les
incidents qui se sont déroulés au Akkar
et à Tripoli et la campagne féroce menée
contre les soldats de l’armée, c’est
maintenant au tour des camps
palestiniens d’intervenir et de se
dresser contre les mêmes soldats.
Profitant ainsi de la mort d’un
Palestinien à Nahr el Bared dans des
circonstances non encore éclaircies, une
délégation de personnalités proches de
l’opposition syrienne s’est empressée de
pousser le camp, ainsi que celui de
Beddaoui, à se soulever contre l’armée.
L’objectif de cette campagne est clair :
il faut empêcher l’armée de contrôler la
frontière avec la Syrie pour permettre
le passage des armes et des combattants.
Du Akkar à Ersal dans la Békaa, les
incidents se multiplient, mais les
raisons sont toujours les mêmes,
soulever les gens contre l’armée et
créer un environnement favorable à
l’opposition syrienne et à ses alliés
libanais. Tantôt c’est un cheikh qui
appelle au ralliement à l’opposition
syrienne et à chasser l’armée, tout en
encourageant les frictions
confessionnelles et tantôt c’est un chef
de municipalité qui appelle les citoyens
à s’armer et pousse vers la création
d’une milice « pour protéger les
habitants ».
D’ailleurs, en quelques mois et selon
les témoignages des habitants,
l’opposition syrienne a amélioré ses
installations sur le territoire
libanais, se dotant désormais d’armes
plus sophistiquées et de positions plus
organisées lui permettant de lancer des
attaques sur les positions de l’armée
syrienne de l’autre côté de la frontière
à partir du Liban. C’est
d’ailleurs
pourquoi les incidents frontaliers sont
plus fréquents depuis quelque temps et
même si certains médias se complaisent à
évoquer les incursions armées des
soldats syriens en territoire libanais,
celles ci ne seraient que des ripostes à
des attaques dont elles font l’objet.
Toujours est-il que le plan visant à
entraîner le Liban dans la tourmente
syrienne se précise chaque jour un peu
plus et ce qui n’était au début qu’une
volonté apparente de créer des
structures humanitaires pour accueillir
les réfugiés syriens au Liban s’est
rapidement transformé en plan précis
pour transformer la région frontalière
avec la Syrie en base arrière pour
l’opposition syrienne armée. Les
habitants libanais du Nord étant restés
réticents à s’opposer à l’armée et
préférant celle-ci au chaos des milices,
il a donc fallu recourir aux camps
palestiniens, considérés comme un
terreau favorable en raison des
conditions de vie désespérantes de leurs
habitants. Le plan est donc clair, mais
cela signifie-t-il qu’il réussira ?
Les Libanais ont montré ces dernières
semaines qu’en dépit des forces qui
veulent les faire basculer dans la
violence et le désordre, ils restent
attachés à la stabilité et à leurs
institutions. Le bras de fer est engagé,
mais il n’est pas dit non plus que les
Palestiniens des camps n’en ont pas eux
aussi assez de constituer un facteur de
déstabilisation au Liban. Libanais et
Palestiniens ont suffisamment souffert
des plans élaborés à leurs dépens pour
accepter de participer à des conflits
secondaires qui les détournent de leur
ennemi principal, « Israël ».
Source: moqawama.org
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