Opinion
La Syrie, un
bastion de l'arabité
Soraya Hélou
Mercredi 19 octobre
2011
Le complot
contre la Syrie ne désarme pas. Après
l’échec des tentatives de
déstabilisation interne et le quasi
essoufflement des manifestants, selon
les courbes de comparaison établies par
les services concernés en Syrie et dans
les chancelleries occidentales, le plan
visant le régime syrien a choisi
d’augmenter les pressions via la Ligue
arabe. Pour cela, il a d’abord fallu
réveiller une agonisante, la fameuse
ligue, avant de pousser les régimes
hostiles à la Syrie, à leur tête l’émir
du Qatar, à coincer celle-ci en
réclamant la suspension de sa
participation.
Mais lorsqu’il s’agit d’un pays comme la
Syrie, un des principaux piliers de
l’arabité et de l’arabisme, c’est tout
de même absurde de lui retirer sa place
de membre de la ligue arabe, face à
d’autres régimes qui n’ont plus d’arabes
que le nom et qui sont totalement à la
solde des plans occidentaux et en
particulier américains. Toute la fortune
de l’émir du Qatar (les fameux 16
milliards de dollars qu’il a menacé de
verser pour changer le régime en Syrie)
ne semble pas devoir suffire pour
pousser les représentants des pays
membres de la Ligue arabe à accepter un
tel scénario. Au cours de la réunion
urgente consacrée à ce dossier, le Qatar
a dû être bien surpris, découvrant que
ce n’est pas seulement le Liban qui
s’oppose à cette décision, mais bien
d’autres pays membres de la Ligue. Cela
ne signifie pas que la Syrie a encore de
nombreux appuis, mais que de nombreux
pays arabes ne conçoivent pas une Ligue
arabe sans la Syrie. Même le secrétaire
général de la Ligue n’était pas
convaincu de la possibilité de prendre
une telle décision. C’est donc un nouvel
échec à mettre à l’actif des ennemis du
régime syrien, qui ont aussitôt lancé un
plan soi-disant destiné à accélérer les
réformes et à engager un dialogue avec
l’opposition syrienne en Egypte. Là
aussi, le régime syrien ne semble pas
sur le point de céder, rappelant qu’il
est ouvert au dialogue mais en Syrie et
qu’il ne souhaite pas une intervention
étrangère, quelle qu’elle soit, pour
régler ses problèmes internes. Il a bien
compris que sous les déclarations de
bonnes intentions et la volonté affichée
de démocratiser le système, le complot
se profile discrètement malgré les
tentatives de le cacher. Tantôt, il
prend l’aspect des pressions turques,
tantôt, il vient directement de
l’Occident, Europe et Etats-Unis en
tête, et tantôt il se revêt d’atours
arabes. Mais il s’agit constamment du
même projet : en finir avec un régime
qui s’oppose au plan américano-israélien
dans la région et qui est allié à l’Iran
que les Etats-Unis veulent à tout prix
affaiblir et isoler.
Toute la clé du problème est là.
Aujourd’hui, l’Occident est convaincu
que la situation en Syrie est sa
dernière carte contre « l’axe de la
résistance » qu’il n’a pas été possible
de briser ni au Liban en 2006, ni à Gaza
en 2008-2009, ni lors de l’élection
présidentielle en Iran et des troubles
qui l’ont suivie…Mais sept mois après le
début de l’insurrection en Syrie, il n’a
pas encore réussi à faire sauter le
régime ni son appareil militaire et
sécuritaire, alors il croit pouvoir
utiliser la Ligue arabe pour l’isoler et
l’affaiblir. Mais ce plan est appelé à
connaître le même sort d’une part parce
que la Syrie est un bastion de la Ligue
arabe et d’autre part parce que le
régime tient le coup et a réussi avec «
son approche dite sécuritaire » à
décourager les fauteurs de troubles
internes.
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