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Opinion
Le Liban, base
arrière de l'opposition syrienne ?
Soraya Hélou
Photo: Souwar Liban
Jeudi 19 mai 2011
Qui veut faire du Liban la base arrière des opposants syriens ?
Depuis l’éclatement des affrontements dans la localité de Tell
Kalakh et l’afflux de réfugiés syriens vers les villages
frontaliers du Akkar, ainsi que le tapage médiatique autour
d’eux, la question se pose avec beaucoup d’acuité. Il ne s’agit
plus seulement d’abriter des opposants comme Maamoun el Homsy
qui a séjourné pendant de longs mois au Liban, ou de fournir,
selon les accusations syriennes, des armes à diverses cellules à
l’intérieur syrien, mais bien d’offrir une tribune permanente à
ceux qui souhaitent enfoncer le régime syrien, puisque
désormais, les médias étrangers ont installé leurs
correspondants dans les villages du Akkar et sont à l’affût de
la moindre confidence accusatrice contre le régime syrien, sans
évidemment chercher à la vérifier.
Le Liban est ainsi passé à la vitesse supérieure et agressive
contre le régime syrien. Alors que les Palestiniens organisaient
une marche historique vers la Palestine, effrayant terriblement
les Israéliens qui se sont mis à tirer sur la foule désarmée,
les réfugiés de Tell Kalakh vers le Akkar ont tout fait pour
détourner l’attention des médias étrangers de l’événement du Sud
pour la diriger vers le Nord.
En même temps, les piliers du 14 mars annonçaient leur intention
d’organiser un rassemblement de solidarité avec la population
syrienne. Il ne leur viendrait pas à l’esprit d’exprimer leur
solidarité avec la population du Sud Liban ou avec les
Palestiniens qui clament leur désir de rentrer chez eux, mettant
fin au fameux projet d’implantation. Les révélations des
dépêches de Wikileaks ont amplement montré leur implication dans
les projets américains, voire israéliens. Mais ils ne se
contentent plus de comploter contre le Hezbollah et la
résistance. Ils cherchent directement à agir en Syrie. C’est
d’ailleurs curieux de la part de ceux-là mêmes qui ont clamé
pendant des années leur refus de l’ingérence syrienne au Liban.
Mais nous n’en sommes plus à une contradiction près.
L’hôtel Bristol, choisi pour sa symbolique pendant les années
2005, 2006 et 2007, pour servir de lieu au rassemblement ayant
refusé de se transformer en arène politique, le 14 mars s’est
aussitôt insurgé contre l’interdiction qui lui aurait été faite
d’exprimer sa solidarité avec le peuple syrien. Il a
immédiatement fait état de menaces exercées contre la direction
de l’hôtel, mais il oublié de rappeler que le bloc parlementaire
du Futur réuni mardi a refusé lui-même dans son communiqué «
toute ingérence dans les affaires syriennes ». Le bloc du Futur
n’a pas fait cette déclaration par souci du régime syrien, mais
parce qu’il a compris qu’il n’avait aucun intérêt à se lancer
dans une bataille perdue d’avance, pour ajouter un nouvel échec
à ceux qu’il a déjà enregistrés.
Pourtant, l’aile dite dure du 14 mars poursuit dans sa politique
contre le régime syrien, croyant pouvoir obtenir sa chute et
reconquérir ainsi le pouvoir au Liban, même s’il faut pour cela
brûler le pays et l’entraîner dans un conflit dans lequel il n’a
rien à voir et dont l’issue est connue d’avance.
Avec l’annonce de la visite au Liban du secrétaire d’Etat
adjoint et véritable chef du 14 mars, Jeffrey Feltman, ce camp
croit ainsi pouvoir bénéficier d’un appui considérable et d’une
couverture totale. Une erreur de plus à ajouter aux précédentes,
mais qui montre une fois de plus le manque de sens national de
ce camp qui suit l’exemple de Néron, lequel avait à une autre
époque choisi de brûler son royaume. Mais Néron avait l’excuse
d’être fou. Eux, ils ne sont que de petits agents…
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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