Opinion
Avec la
gouvernement, une nouvelle page
politique s'ouvre
Soraya Hélou

Mohammed Najib Mikati, Premier ministre
Mercredi 15 juin
2011
On n’y croyait
presque plus et pourtant le gouvernement
de la majorité et du Premier ministre
est né et non seulement, il respecte les
revendications de tous, ( sauf l’émir
Talal Arslane, mais il fallait en finir)
tout en n’ayant pas recours à la
provocation, avec l’autre camp. Comme
l’a déclaré le Premier ministre à partir
de Baabda, c’est un gouvernement qui a
pour slogan : « Tous pour le Liban, tous
pour le travail ». En d’autres termes,
les ministres choisis sont appelés à
s’occuper au plus tôt des nombreux
dossiers en suspens, qui trainent depuis
des mois, voire des années en raison des
conflits au sein du gouvernement d’union
nationale.
Ce gouvernement né après plus de cinq
mois de tractations souvent lassantes
consacre les nouveaux équilibres actuels
et respecte la part du président de la
République et celle du Premier ministre,
tout en répondant aux demandes du
général Aoun et du bloc de la Réforme et
du Changement. Si le Hezbollah n’a pas
profité du fait qu’il s’agit d’un
gouvernement de la majorité pour
augmenter sa part, il a montré au cours
des derniers mois qu’il en était le
moteur et la force qui pousse de
l’avant. Avec le président de la
Chambre, c’est lui qui maintenait les
contacts entre les différentes parties
et tentait d’arrondir les angles et de
trouver les solutions. C’est pourquoi,
la formation de ce gouvernement, c’est
avant tout sa victoire à lui et à ses
alliés. En proposant de réduire la part
des chiites (qui doivent avoir comme les
maronites et les sunnites six ministres)
en donnant un des leurs aux sunnites, le
camp chiite a aussi montré que sa
priorité est l’intérêt national, non les
calculs communautaires. Il a aussi
permis au Premier ministre de se
présenter comme un grand gagnant et un
leader sunnite fort, capable d’augmenter
la part de sa communauté dans le
gouvernement qu’il préside.
De même, comprenant que le contexte
international est difficile, le
Hezbollah et ses alliés ont pris soin de
ne pas choisir des personnalités qui
pourraient être perçues comme un défi ou
une provocation, préférant les figures
connues pour leur ouverture et leur
modération, sans toutefois transiger
avec leurs principes. Ceux qui attendent
des palabres sans fin et des tractations
sur les points et les formulations de la
déclaration ministérielle se trompent,
car étant sûre de cette équipe, la
majorité ne sera pas exigeante sur les
mots utilisés, puisqu’avec ce
gouvernement, la résistance ne risque
pas d’être poignardée dans le dos et se
sont protégée par sa formation, sans
avoir besoin de garanties
supplémentaires. Enfin et surtout, avec
ce gouvernement, la majorité qualifiée
par le 14 mars de fragile, d’hétéroclite
et de virtuelle, a montré qu’elle était
unie et qu’elle était en mesure de
s’entendre pour former une équipe
gouvernementale solidaire. C’est
d’ailleurs un nouveau cas de figure au
Liban, qui, depuis des années, est
gouverné (si peu !) par des cabinets non
solidaires, déchirés par des
tiraillements internes et souvent
paralysés. C’est une nouvelle page
politique qui s’ouvre. La majorité a
remporté une manche. A elle d’être
désormais à la hauteur des nombreux
défis qui l’attendent.
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Le
dossier Liban
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