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Opinion
A la recherche du
temps perdu...
Soraya Hélou
Saad Hariri
Jeudi 3 février 2011
Encore une fois le camp du 14 mars n’a pas su lire les
développements dans la région. Il continue dans la même
politique poursuivie depuis 2005 sans voir que le monde a
désormais d’autres soucis que la fameuse révolution du Cèdre
tant vantée par l’ancien président américain George W Bush dans
ses mémoires.
Certaines figures du 14 mars continuent ainsi à miser sur l’acte
d’accusation « qui sera l’équivalent d’un séisme sur la scène
libanaise », disent-elles et estiment qu’il faut gagner du temps
et ne pas donner de réponse claire au Premier ministre désigné
au sujet d’une éventuelle participation de ce camp au
gouvernement, afin d’arriver à la date fatidique qui modifiera
les équilibres actuels et, le plus important à leurs yeux,
ramènera Saad Hariri au sérail. Cela fait plus de 5 ans en fait
que ce camp cherche à gagner du temps, tirant sa force de trois
éléments majeurs: la fibre confessionnelle exacerbée au maximum
dans ses médias,
l’argent utilisé pour convaincre les déterminations vacillantes
et surtout l’appui international qui avait pour objectif clair
d’affaiblir le Hezbollah et de le discréditer en misant sur le
14 mars et sur l’enquête du TSL. Tous les moyens possibles ont
été utilisés dans ce but, de la guerre médiatique à la guerre
militaire en passant par la crise politique et les incidents
sécuritaires.
L’ancienne opposition devenue majorité a tenu bon et a frappé
son coup au moment qu’elle a choisi faisant chuter le
gouvernement et redistribuant les cartes internes. Pour cette
étape particulière, elle a choisi une figure crédible, respectée
et convaincue des options nationales de la résistance.
Avec un manque total de discernement, le 14 mars a continué à
agir comme si rien ne s’était passé et qu’il lui était encore
possible de modifier la donne. Il a même vu dans la visite de
son parrain occulte le secrétaire d’Etat adjoint américain
Jeffrey Feltman à Paris la détermination des Etats-Unis à
rejeter le fait accompli par l’ex-opposition. La réponse est
venue de Paris même et de Londres, puisque la France a voulu
donner une chance au gouvernement Mikati alors que le ministre
des AE britannique a clairement déclaré à partir de Damas que le
Premier ministre désigné n’est pas le candidat du Hezbollah.
« La Journée de colère » organisée par le Courant du Futur a
tourné au désastre, aussi bien sur le plan populaire où la foule
n’avait pas répondu à l’appel de cheikh Saad et de ses adjoints
que sur le plan du civisme, puisque des actes de vandalisme et
des discours sectaires et haineux ont occupé la scène,
détruisant le visage démocratique et institutionnel de ce
courant.
Même leurs plus ardents protecteurs dans le monde n’ont pas pu
justifier de tels actes motivés par la seule volonté de rester
au pouvoir. Résultat: personne dans le monde n’a volé au secours
de cheikh Saad pour panser sa blessure d’amour propre. Malgré
tout, ce dernier continue à se comporter en « homme trahi », et
compte sur le rassemblement qu’il veut gigantesque du 14 février
pour prendre sa revanche. Il ne semble pas voir ce qui se passe
dans le monde arabe de Tunis au Caire, comment les alliés de
l’Occident et plus particulièrement des Etats-Unis tombent l’un
après l’autre alors que leurs protecteurs d’hier n’ont d’autre
souci que de préparer la relève et jettent sans le moindre état
d’âme une carte devenue inutile. En politique internationale, il
n’y a ni principes, ni états d’âme. Il n’y a que des intérêts.
Saad Hariri et ses alliés en font la découverte à leurs dépens.
Mais il est temps qu’ils commencent à voir clair et à cesser de
miser sur des illusions et à faire des paris qu’ils ne peuvent
que perdre. La petite phrase de Walid Joumblatt devrait les
faire réfléchir: « il faut tenir compte de la géopolitique » a
dit le leader druze. Il serait peut-être bon de suivre pour une
fois les bons conseils…
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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