Opinion
La menace
iranienne dans le monologue de Munich
Rafael
Poch
Photo: RIA
Novosti - © AFP/ Joerg Koch
Mercredi 6 février
2013 Le chef de la
diplomatie brésilienne à l’Occident:
‘Quand respecterez-vous le droit
international?’ Je vous propose un
article du genre plutôt rare dans la
grande presse en Occident. En effet, en
dépit de son nom, le quotidien espagnol
(catalan) La Vanguardia n’est pas du
tout l’organe d’un obscur parti
d’extrême gauche (ou droite) ni un
représentant le la presse alternative.
Diffusée nationalement, La
Vanguardia est en fait le journal le
plus vendu en Catalogne et se positionne
politiquement au
centre droit.
Quand je dis que cet article est
rare, je veux dire par là qu’il
s’attaque ouvertement à ce qu’on peut
appeler la suffisance des puissances
occidentales, une suffisance que le
correspondant du journal catalan qui a
couvert la
conférence de Munich sur la sécurité
résume dans ce qu’il qualifie de
monologue.
Fait rare, l’article de Rafael
Poch nous livre essentiellement
l’analyse d’un diplomate Iranien sur le
dossier de
la «menace» que poserait le
programme nucléaire de son pays sans lui
opposer à aucun moment d’arguments qui
émaneraient par exemple du gouvernement
espagnol, de celui des Etats Unis sans
bien entendu parler de l’entité
sioniste.
Ce qui veut dire que le
journaliste considère le point de vue
iranien comme sensé, surtout si on veut
bien se souvenir qu’il critique le
fameux monologue de l’Occident.
Je dirai quand même que le clou
de cet article, c’est dabord la
restitution d’une partie de la
participation du ministre Brésilien des
affaires étrangères aux débats qui se
permet de demander à un «expert»
Occidental quand les pays occidentaux se
décideront à respecter le droit
international.
Des propos qui, sauf erreur de ma
part, n’ont été repris par aucun autre
journal.
La menace
iranienne dans le monologue de Munich
Téhéran pourrait sortir du Traité de
Non Prolifération nucléaire si ses
installations sont attaquées
Par Rafael Poch, La Vanguardia
(Espagne) 5 février 2013 traduit de
l’espagnol par Djazaïri
La présence d’une poignée d’invités
venus des pays en voie de développement
parmi les 500 participants
euratlantiques qui dominent l’évènement
est ce qui sauve de l’inutilité complète
ce monologue qu’est chaque année la
conférence sur la sécurité qui s’est
achevée dimanche à Munich.
«L’Irak et l’Afghanistan démontrent
les limites de l’action militaire
occidentale et l’urgence de
l’alternative représentée par la
diplomatie et la coopération,» a
expliqué samedi le ministre Brésilien
des affaires étrangères, Antonio de
Aguiar Patriota.
Antonio de
Aguiar Patriota
Cette observation élémentaire a été
contestée par l’animateur du débat, un
expert Australien, qui a demandé : «Les
BRICS, Brésil, Russie, Inde, Chine et
Afrique du Sud), c’est-à-dire les
grandes puissances émergentes, se
comporteront-ils conformément aux normes
internationales ?»
Patriota a répondu : «je vous renvoie
la question : quand respecterez-vous le
droit international ?» Aucun sujet ne
résume mieux ce malentendu que celui du
danger nucléaire iranien..
L’opinion publique occidentale croit
que l’Iran a un programme d’armement
atomique, qu’elle n’autorise pas l’accès
de son territoire aux inspecteurs de
l’Agence Internationale de l’Energie
Atomique (AIEA) et qu’elle est la plus
grande menace à la sécurité du Moyen
orient et qu’elle mérite d’être
sanctionnée, encerclée militairement et
attaquée.
La vérité est qu’il n’existe pas le
moindre indice d’un programme nucléaire
militaire et que la doctrine nucléaire
de l’Iran se résume à une fatwa de son
leader religieux, Ali Khamenei, qui
affirme que tout usage d’armes de
destruction massive est «un péché énorme
et impardonnable» et à la proposition
depuis des dizaines d’années d’un Moyen
Orient qui serait une «région
dénucléarisée» à laquelle s’opposent
Israël, seule puissance nucléaire dans
la région, et ses parrains occidentaux.
Cent mille Iraniens ont péri du fait
des armes chimiques utilisées par Saddam
Hussein dans une guerre contre l’Iran
qui avait le soutien des puissances
occidentales dans les années 1980, a
expliqué Ali Asghar Soltanieh
l’ambassadeur d’Iran auprès de l’AIEA.
Ali Asghar
Soltanieh exhorte les sionistes à signer
le TNP Evidemment, tout
pays qui maîtrise le cycle de l’uranium
est techniquement proche d’une capacité
nucléaire militaire, mais l’Iran n’en
est qu’un exemple parmi tant d’autres. Y
a-t-il un danger particulier ?
Israël a attaqué l’Egypte en 1956 et
en 1967. Et aussi le Liban en 1982 et en
2006. La liste des agressions militaires
menées par l’autre adversaire de l’Iran,
les Etats Unis, est impressionnante.
Tous deux possèdent des armes nucléaires
et l’Iran n’a agressé personne dans son
histoire récente.
Dans la pire des hypothèses,
absolument plausible, son ambition
nucléaire se situerait à l’avenir dans
le sillage des étapes franchies par
s’autres pays, Israël une fois encore,
mais aussi l’Inde et le Pakistan, sans
conséquences, ni sanctions.
Ces dernières années, l’Iran a
accepté de nombreuses inspections de
l’AIEA dans ses établissements
scientifiques et militaires, au total
7500 Jours/ personne, avec 16 sites
contrôlés rien qu’en 2011 et près de
cent visites impromptues (annoncées
seulement deux heures à l’avance), sans
que les appareils et les détecteurs
employés aient pu déceler le moindre
indice que ce qui se fait dans le
domaine du nucléaire en Iran ait un
caractère militaire, déclare Soltanieh.
L’AIEA est dominée par les puissances
occidentales, notamment les Etats Unis
qui veulent modifier son mandat pour la
transformer en «une agence d’espionnage
sans restriction aucune relativement à
la sécurité nationale de certains Etats
membres, en majorité des pays en voie de
développement,» explique l’ambassadeur.
La majorité des experts en sécurité
de l’AIEA qui ont accès aux informations
confidentielles et sont rémunérés par
leurs pays d’origine sont Etatsuniens.
La direction de l’AIEA n’a pour
l’instant pas condamné les menaces
israéliennes continuelles d’attaquer des
sites nucléaires en Iran. Quand Israël
avait bombardé en Syrie, l’AIEA avait
demandé à inspecter les endroits
bombardés au lieu de demander des
explications à l’agresseur, déclare
l’ambassadeur.
Les pressions pour que l’Iran
abandonne un programme nucléaire qu’il
définit comme civil sont extraordinaires
et comprennent des sanctions
économiques, de menaces d’attaques
militaires contre ses installations
nucléaires et «l’assassinat barbare de
savants atomistes,» explique Soltanieh.
Quelles seraient les conséquences
d’une attaque militaire contre les sites
nucléaires iraniens ?: «En plus d’une
forte réaction contre l’agresseur, notre
gouvernement subira d’énormes pressions
internes pour installer les
centrifugeuses dans des lieux plus sûrs,
le parlement obligerait probablement à
l’arrêt de toutes les inspections de
l’AIEA et même, dans le pire des
scénarios à sortir du TNP,» déclare
l’ambassadeur.
Le
dossier Iran
Les dernières mises à jour
|