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La création d'un État palestinien souhaitée mais ajournée
Pierre Barbancey
Vendredi 19 décembre 2008
Proche-Orient . L’ONU vote une énième résolution pour la paix au
Proche-Orient, alors que le faucon Benjamin Netanyahou est reçu
à bras ouverts par Nicolas Sarkozy. Le Conseil de sécurité de
l’ONU a adopté mardi une résolution russo-américaine réaffirmant
son soutien au processus de paix au Proche-Orient. Une
résolution creuse - voire inquiétante pour les Palestiniens, en
ce qu’elle souligne l’inanité de ces résolutions et donc de leur
finalité - qui ne visait qu’à persuader l’opinion publique
internationale de l’importance de la conférence d’Annapolis.
Celle-ci, qui s’est tenue il y a un an aux États-Unis, annonçait
la création d’un État palestinien pour la fin 2008.
« Israël et le monde arabe doivent vivre
en paix »
« Cette réunion est très importante pour la paix au
Proche-Orient », a déclaré le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
« L’occupation commencée en 1967 doit se terminer, Israël et le
monde arabe doivent vivre en paix », a-t-il ajouté. « L’adoption
de la résolution n’est pas une garantie absolue », a estimé pour
sa part Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.
« Beaucoup dépendra de la capacité d’Israël et des Palestiniens
à appliquer leurs engagements (…), notamment dans le domaine de
la sécurité », a-t-il précisé. Condoleezza Rice avait également
tenu à faire le déplacement pour cette réunion de l’ONU,
organisme si souvent ridiculisé par l’administration américaine.
Pour la secrétaire d’Etat, la situation « aujourd’hui est bien
différente de ce qu’elle était en 2001, lors de l’accession du
président George W. Bush » à la Maison-Blanche. « Il n’y a pas
d’autre voie que le processus d’Annapolis (…), pas d’autre
solution que celle de deux États vivant côte à côte et en
paix », a-t-elle encore déclaré sans rire.
Au Proche-Orient la situation est loin d’évoluer dans ce
sens. Israël poursuit son blocus meurtrier contre la bande de
Gaza. Et l’approche des élections législatives, programmées pour
le 10 février 2009, renforce le camp des faucons. Les sondages
donnent le Likoud de Benjamin Netanyahou gagnant. Un Netanyahou
qui n’a d’yeux que pour Nicolas Sarkozy, qu’il a rencontré hier
à Paris. Un nouvel ami pour le président français, qui n’a
jamais caché sa sympathie pour Israël malgré l’occupation et le
non-respect du droit international. Au même moment, le Figaro,
qui a ses entrées à l’Élysée, révélait l’existence d’un « plan
français pour la paix au Proche-Orient », centré sur Jérusalem.
Bizzarement, et si l’on en croit le quotidien, « Paris veut
également renforcer la présence palestinienne à Jérusalem-est »,
ce qui signifie tout simplement l’acceptation des colonies
d’implantation juive existantes dans la Vieille Ville, en
contravention avec toutes les résolutions de l’ONU.
Rencontre entre le Fatah et le Hamas
annulée
De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé
mardi qu’il convoquerait « très prochainement » de nouvelles
élections dans les territoires palestiniens. Un dialogue de
réconciliation entre le Fatah et le Hamas devait se tenir au
Caire le 10 novembre mais a été annulé après la décision du
mouvement islamiste de le boycotter. Le Hamas refuse la tenue de
nouvelles législatives avant janvier 2010, date de la fin du
mandat du Parlement actuel - qu’il domine. Il exige en revanche
un scrutin présidentiel, faisant valoir que le mandat d’Abbas à
la tête de l’Autorité palestinienne s’achève normalement le 8
janvier 2009, ce que le Fatah conteste.
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Publié le 20 décembre 2008 avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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