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Le Web de l'Humanité
La libération
annoncée de Marwan Barghouti
Pierre Barbancey
Mardi 17 février 2009
Proche-Orient . Israël exige le retour du soldat Shalit avant
tout accord. Un échange de prisonniers pourrait avoir lieu.
Annoncé comme imminent à la fin de la semaine dernière, l’accord
de cessez-le-feu total entre le Hamas et Israël pourrait prendre
plus de temps que prévu. Tel-Aviv vient en effet de remettre la
libération de Gilad Shalit (ce soldat franco-israélien capturé
en juin 2006 à la lisière de la bande de Gaza) au centre des
négociations. « En premier lieu, (la libération de) Gilad Shalit,
deuxièmement l’arrêt de la contrebande (d’armes) d’Égypte vers
la bande de Gaza et, troisièmement, un cessez-le-feu total », a
déclaré Ehoud Olmert, toujours premier ministre, en énumérant
dans l’ordre les exigences actuelles d’Israël, lors d’une
intervention à Jérusalem devant la Conférence des présidents des
organisations juives américaines. Pour être sûr d’être bien
compris, il a martelé : « Nous ne permettrons pas l’ouverture
des points de passage avant que Shalit ne soit rentré chez
lui. » Problème, le numéro deux du Hamas, Moussa Abou Marzouk, a
laissé planer le doute sur le fait que le soldat israélien soit
toujours en vie. « Je n’ai pas d’informations suffisantes.
Peut-être que Shalit fait partie des enfants morts. Réellement
je ne sais pas », a-t-il déclaré au journal arabe Al-Hayat.
Quoi qu’il en soit, le premier ministre israélien a laissé
entendre qu’Israël était désormais prêt à « payer beaucoup »
pour obtenir la libération du soldat Shalit. Faisait-il allusion
à la liste de centaines de prisonniers palestiniens dont le
Hamas exige la libération en échange de celle du captif ?
Toujours est-il que ces dernières déclarations ont relancé les
spéculations sur une possible libération de Marwan Barghouti,
condamné à plusieurs fois la prison à vie. « Nous n’avons jamais
été plus près d’un accord pour la libération de Marwan Barghouti.
Elle pourrait intervenir dans les prochains jours », a déclaré
son avocat, Khader Shkirat, à la chaîne 10 israélienne.
Barghouti aurait été informé de sa prochaine libération, a
précisé la télévision. Reste que rien n’est confirmé. Le Hamas a
toujours lié la libération de Shalit à l’élargissement de
prisonniers palestiniens détenus en Israël et non à l’ouverture
des points de passage.
Que s’est-il donc passé ces derniers jours ? Selon certaines
sources palestiniennes, le Hamas aurait compris qu’il fallait
obtenir un accord avec l’administration israélienne sortante
plutôt qu’attendre la mise en place de la nouvelle équipe qui
risquerait d’être plus intraitable. Le Hamas a en effet besoin
d’une validation politique de sa stratégie. D’abord vis-à-vis
des Palestiniens de la bande de Gaza qui ont payé un lourd
tribut à l’offensive israélienne (1 300 morts, des milliers de
blessés), ensuite pour pouvoir entamer des discussions avec les
autres organisations palestiniennes en position de force. D’où
son besoin de négocier actuellement. Les Israéliens l’ont bien
senti et ont placé dans le paquet la libération de Gilad Shalit.
Un cadeau empoisonné en réalité. Tel-Aviv ne libérerait des
prisonniers qu’à la condition que ceux-ci soient exilés, en
Jordanie, au Liban ou ailleurs. Or Marwan Barghouti représente
le véritable espoir pour les Palestiniens et leur mouvement
national. Il est, aujourd’hui, le seul capable de rassembler
autour de sa personne l’ensemble des factions palestiniennes et
d’être un candidat unique pour l’élection présidentielle. Encore
faut-il que sa libération ne soit pas l’objet d’une transaction
malsaine entre le Hamas et Israël.
© Journal
l'Humanité
Publié le 18 février 2009 avec l'aimable autorisation de
l'Humanité.
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