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Le Web de l'Humanité
Massacre
à Gaza : 19 morts
Pierre Barbancey
Photo CPI
Mercredi
16 janvier 2008 Proche-Orient
. L’armée israélienne s’est déchaînée. Une tuerie que
Tel-Aviv justifie par des nécessités sécuritaires. Un coup
contre la paix.
À Jérusalem, dans des salons feutrés, les responsables israéliens
sourient devant les caméras. Ils l’assurent : la paix est
en marche. Mais pendant qu’ils souriaient devant les caméras et
donc au monde entier, leur aviation se déchaînait à Gaza.
C’est la journée la plus sanglante dans la bande de Gaza
depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en juin. Les bulldozers,
les chars et les hélicoptères de l’armée israélienne sont
intervenus, hier, dans le territoire, officiellement pour traquer
les lanceurs de roquettes (qui généralement ne font pas de
victimes), mais ont tué au moins 19 Palestiniens, dont Hussam
Zaahar, vingt-quatre ans, le fils de Mahmoud Zahar, un des chefs
du Hamas. Le mouvement islamiste a appelé à la grève générale
à Gaza et en Cisjordanie pour protester contre ce raid particulièrement
meurtrier. À la morgue de l’hôpital Shifa de Gaza, Mahmoud
Zahar, priant sur la dépouille de son fils, a accusé le président
Mahmoud Abbas et le Fatah d’être complices de la mort du jeune
homme. « C’est là l’espoir d’Abou Mazen et de ses
collègues, les collaborateurs d’Israël, les espions de l’Amérique »,
a-t-il lancé. Le Hamas ripostera au raid de mardi « de manière
appropriée. Nous nous défendrons par tous les moyens ».
Khaled, fils aîné de Zahar, avait été tué il y a trois ans
lors d’une tentative d’assassinat contre son père par les
Israéliens. Quelque 40 personnes ont été blessées, dont un
petit garçon de huit ans grièvement touché. Et des responsables
hospitaliers mettaient en cause l’armée israélienne, qui,
selon eux, aurait utilisé des armes antipersonnel particulièrement
meurtrières, qui tirent des dizaines de fléchettes de métal. Un
peu plus tard, un tireur isolé palestinien a ouvert le feu en
direction de la frontière, tuant un bénévole venu d’Équateur
et qui travaillait dans un champ de la ferme communautaire d’Ein
Hashlosha.
Sans vergogne, Mark Regev, porte-parole du premier ministre
israélien Ehud Olmert, a expliqué qu’« aucune société
ne peut rester assise et voir sa population civile continuellement
visée de cette manière. Israël agit pour protéger ses citoyens ».
Pour Mahmoud Abbas, « un massacre s’est produit
aujourd’hui contre notre peuple et nous disons au monde que
notre peuple ne restera pas silencieux face à de tels crimes ».
La tactique israélienne est claire : elle vise à tuer de
plus en plus de Palestiniens, à les diviser et à empêcher ainsi
toute avancée du processus de paix. Celui-ci ne dépend pas des
sourires devant les caméras mais des réalités quotidiennes vécues
par les Palestiniens, dont la terre est occupée depuis 1967.
© Journal l'Humanité
Publié le 17 janvier 2008 avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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