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Le Web de l'Humanité
Le pape réaffirme la
nécessité de deux États
Pierre Barbancey
Photo El Watan
Jeudi 14 mai 2009
Palestine . Benoît XVI a franchi le « mur de l’apartheid » et a
été reçu hier par Mahmoud Abbas, à Bethléem.
Le pape n’a sans doute pas franchi le check-point israélien
de la même manière que n’importe quel quidam pour se rendre de
la partie Est de Jérusalem, occupée, à Bethléem, en territoire
palestinien. Il aura néanmoins vu le mur érigé par Israël - à
certains endroits il fait 10 mètres de hauteur -, les miradors
et leurs guérites dans lesquelles se trouvent des soldats en
armes et surtout pu percevoir les conditions de vie de cette
population palestinienne, concentrée et surveillée en
permanence.
C’est un « mur de l’apartheid », a dit Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, qui
accueillait le souverain pontife. Dans les rues en pente de la
ville (supposée) natale du Christ, Benoît XVI a été accueilli
par une foule en liesse aux cris de « Vive le pape ! vive la
Palestine ! » Il leur a répondu en ces termes : « Je sais
combien vous avez souffert et combien vous continuez à souffrir
en raison des bouleversements qu’a connus cette terre depuis des
décennies. Mon coeur se tourne vers toutes ces familles qui ont
tant perdu. »
Il a eu des mots particuliers à l’adresse des habitants de
Gaza, victimes de l’offensive israélienne de janvier dernier,
avant d’ajouter, en s’adressant à Mahmoud Abbas : « M. le
Président, le Saint-Siège soutient le droit de votre peuple à
une patrie palestinienne souveraine sur la terre de vos
ancêtres, sûre et en paix avec ses voisins, à l’intérieur de
frontières internationalement reconnues. » Il a rappelé les
paroles prononcées par son prédécesseur, Jean-Paul II, lors de
la visite de ce dernier en Terre sainte en 2000 : « Il ne peut y
avoir de paix sans justice, et de justice sans pardon. »
Le président de l’Autorité palestinienne a rappelé les
difficultés que connaît son peuple, composé majoritairement de
musulmans mais qui comprennent aussi des dizaines de milliers de
chrétiens. « Sur cette Terre sainte, il y a ceux qui continuent
à bâtir des murs de séparation plutôt que des ponts, et qui
tentent avec leurs forces d’occupation d’obliger chrétiens et
musulmans à quitter le pays, afin que les lieux saints
deviennent de simples sites archéologiques plutôt que des lieux
vivants de prière », a-t-il affirmé.
« On exerce contre tous les citoyens arabes, qu’ils soient
chrétiens ou musulmans, toutes les formes possibles
d’oppression, de tyrannie et d’expropriation de terres », a
ajouté Mahmoud Abbas, qui a souhaité un avenir « sans
occupation, sans barrages, sans murs, sans prisonniers, sans
réfugiés ». En guise de réponse, Benoît XVI a répliqué : « Mon
espoir le plus sincère est que les graves préoccupations
concernant la sécurité en Israël et dans les territoires
palestiniens soient rapidement et suffisamment dissipées pour
permettre une plus grande liberté de mouvement. » Il a exhorté
les populations de la région à ne pas « recourir (…) au
terrorisme ».
L’accueil reçu en Palestine - il a célébré la messe devant 5
000 fidèles alors qu’un immense drapeau palestinien décorait la
place - tranche avec les critiques qui ont accompagné son
déplacement en Israël, lundi et mardi.
© Journal
l'Humanité
Publié le 15 mai 2009 avec l'aimable autorisation de
l'Humanité.
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