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Rencontres du troisième type au
Proche-Orient
Pierre Barbancey
Mercredi 12 septembre 2007 Israël-Palestine
. La plate tournée du docteur Kouchner a été à peine rehaussée
par une nouvelle entrevue entre Olmert et Abbas.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard
Kouchner, est arrivé depuis lundi soir au Proche-Orient. Outre
des responsables israéliens et palestiniens il doit également
rencontrer Tony Blair, envoyé spécial du « Quartet »
(Union européenne, États-Unis, Russie, Nations unies). Une
visite qui se produit juste au moment où 69 soldats israéliens
ont été blessés par une roquette tirée depuis la bande de Gaza
et qui s’est abattue sur un camp militaire non loin de la ville
d’Ashkelon. Le ministre français des Affaires étrangères qui
a rencontré le numéro deux du gouvernement israélien, Haïm
Ramon, le ministre de la Défense, Ehud Barak, et la ministre des
Affaires étrangères, Tzipi Livnia, a estimé qu’une éventuelle
riposte israélienne à cette attaque était légitime. « Je
comprends qu’Israël doit défendre sa population »,
a-t-il déclaré tout en souhaitant que ces représailles
n’affectent pas « le dialogue en cours entre Israéliens
et Palestiniens. »
Le représentant français n’a pas eu le moindre mot par
ailleurs sur un autre incident qui a touché presque en même
temps quatre membres d’une famille palestinienne, dont deux
enfants, blessés par l’explosion d’un obus de char israélien
à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza.
Une bien plate entrée en matière qui confirme qu’il n’y a
pas grand-chose à attendre de ce déplacement du patron du Quai
d’Orsay, tant la politique extérieure de la France est tout
entière comprise dans la stratégie américaine dans la région
avec, comme seule volonté, de s’appuyer sur l’ami américain
pour regagner un peu de lustre.
Parce qu’il faut autre chose que des sourires, des
expressions faussement conciliantes ou des souvenirs de « french
docteur » pour sortir de l’impasse où se trouve en réalité
le processus de paix.
Quant aux rencontres entre le premier ministre israélien, Ehud
Olmert, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, elles ne
laissent pas d’étonner. Alors que le mouvement national
palestinien est divisé, que le fossé entre la bande de Gaza et
la Cisjordanie n’a jamais été aussi important, les deux hommes
se sont entendus sur la création d’équipes de négociations
pour faire avancer le processus de paix en amont de la prochaine
conférence internationale sur le Proche-Orient.
Ces équipes débattront des questions de l’eau, de
l’environnement, de l’énergie et de l’économie. Pas un mot
en revanche sur les frontières du futur État palestinien (ce qui
tend à signifier le refus israélien des frontières de 1967) ni
sur Jérusalem et encore moins sur le droit au retour des réfugiés.
C’est dire s’il n’est pas question, côté israélien,
d’aborder le statut final alors que c’est exactement ce que
veulent les Palestiniens, échaudés par l’échec des accords
d’Oslo. « Le moment est venu de passer du stade des
discussions verbales à celui de la rédaction de propositions »,
souhaite le premier ministre palestinien, Salam Fayyad. Un
porte-parole israélien s’est néanmoins dépêché de modérer
son enthousiasme. « Il n’est pas question de calendrier
pour le moment. Les deux parties souhaitent le succès de cette
conférence internationale, mais celle-ci ne constitue pas le bout
du chemin », a souligné Meir Esrin. Il est d’autant plus
confiant qu’aucune pression n’est exercée sur Tel-Aviv :
ni bien sûr par les États-Unis, ni par l’ONU (quid de
l’application de ses résolutions ?), ni par aucun pays de
l’Union européenne.
© Journal l'Humanité
Publié le 13 septembre avec l'aimable autorisation de l'Humanité.
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