Il y aura quatre ans demain, jour pour jour, que Salah
Hamouri croupit dans les geôles israéliennes. Jeune
franco-palestinien qui aura vingt-quatre ans en avril, il a
été condamné l’année dernière par la justice d’occupation
israélienne, c’est-à-dire un tribunal militaire réuni dans
la colonie d’Ofer, en Cisjordanie, à sept ans de prison. En
fait, il s’agit surtout d’un délit d’intention puisque le
Franco-Palestinien est accusé d’être passé devant le
domicile du rabin Yossef Ovadia, chef spirituel du parti
religieux Shass, ce qui suffirait à prouver sa participation
à une tentative d’assassinat ! De même, l’appartenance au
Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) n’a
jamais été prouvée malgré la convocation d’une vingtaine
d’audiences, toutes annulées par faute de témoins ! Faut-il
également rappeler qu’un tribunal militaire d’occupation n’a
aucune validité légale ?
La presse française est bien silencieuse
Selon une procédure habituelle en Israël, le procureur et
le juge se mettent d’accord sur une peine et proposent à la
défense de plaider coupable dans le cadre d’une telle peine,
sinon la sentence pourrait être beaucoup plus grave ! « Cela
faisait trois ans que nous étions là-dedans, nous n’avions
pas le choix », expliquait Denise Hamouri, la mère française
de Salah, à l’Humanité. Léa Tsemel, l’avocate de Salah, qui
a défendu des centaines de prisonniers comme lui, précise
que les Palestiniens possédant une carte d’identité de
Jérusalem sont punis beaucoup plus sévèrement. Par
expérience, Tsemel a encouragé son client à plaider
coupable, sinon le tribunal militaire aurait pu aggraver la
peine, même si les preuves sont absentes du dossier.
L’Humanité s’enorgueillit d’avoir été le premier média à
alerter l’opinion publique sur l’emprisonnement de notre
compatriote. Malheureusement, hormis un article dans le
Monde, un autre dans Libération et une interview de la mère
de Salah sur Radio France Internationale (RFI), la presse
française est bien silencieuse. Un silence d’autant plus
assourdissant que journaux et chaînes de télévision ne
manquent jamais l’occasion de reparler du soldat
franco-israélien Gilad Shalit, capturé en 2006 par la
résistance palestinienne. Silence encore plus assourdissant
lorsqu’on pense à la façon dont ces mêmes médias viennent de
s’emparer de l’affaire Florence Cassez du nom de cette
Française, condamnée au Mexique, accusée de complicité
d’enlèvements.
Les autorités françaises
Nicolas Sarkozy en tête, ont le même comportement, malgré
l’intervention de plusieurs députés, dont Jean-Jacques
Candelier et Patrick Braouezec.
Le chef de l’État a reçu la famille Shalit. Avant de
s’envoler pour le Mexique, il a également rencontré le père
de Florence Cassez. En revanche, il est resté sourd à toute
demande d’entrevue formulée par Denise Hamouri, mère
française de Salah. Celle-ci était venue à la Fête de
l’Humanité, au mois de septembre dernier, et avait ainsi pu
s’adresser à plus de 50 000 personnes venues témoigner de
leur solidarité. Ce « deux poids deux mesures » du
gouvernement français est particulièrement insupportable.
D’autant plus lorsque les autorités parlent de « strict
respect de l’indépendance de la justice israélienne » (sic),
ainsi que l’a écrit le directeur de cabinet de Nicolas
Sarkozy suite à une interpellation écrite de Jean-Claude
Lefort, député honoraire. Rama Yade, secrétaire d’État aux
Droits de l’homme, si prolixe en d’autres cas, est tout
aussi muette. Quant à Bernard Kouchner, il fait savoir qu’il
vaut mieux une diplomatie silencieuse ! Du côté de la Mairie
de Paris, Bertrand Delanoë est lui aussi à géométrie
variable. Pour Gilad Shalit, mobilisation tous azimuts avec
accrochage de portrait. Pour Salah Hamouri, refus de le
faire citoyen d’honneur de la Ville de Paris. Déplaire à
Israël leur fait donc si peur ?
Un comité de soutien pour la libération de Salah a été
créé (www.salah-hamouri.fr), que vous pouvez rejoindre. La
bataille continue pour que notre compatriote, ce combattant
de la liberté, retrouve la sienne. Qu’il puisse reprendre
ses études et vienne nous voir dès la prochaine Fête de
l’Humanité.