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Pour le Fatah, la
paix n'exclut pas la résistance
Pierre Barbancey
Marwan Barghouti
Mercredi 5 août 2009
Palestine . Mahmoud
Abbas a ouvert les travaux du congrès de son organisation. Il a
reconnu des erreurs, a dénoncé la politique israélienne et a
critiqué l’attitude du Hamas.
Le
congrès du Fatah, principal composante de l’Organisation de
libération de la Palestine (OLP), s’est ouvert hier, à Bethléem
(Cisjordanie). Dans son discours introductif, Mahmoud Abbas,
président de l’Autorité palestinienne et de l’OLP mais pas
encore numéro 1 du Fatah, a expliqué : « Même si nous avons fait
le choix de la paix nous nous réservons le droit à la
résistance, qui est légitime en droit international. » Devant
près de 2 000 délégués, il a expliqué : « Personne ne peut
décider seul. Personne n’a le droit de conduire le pays à la
catastrophe. Personne n’a le droit de prendre la décision de
nous conduire là où nous ne voulons pas aller. » Tout en
expliquant que le peuple palestinien ne devait pas « gâter son
combat légitime par la terreur », il a affirmé : « Nous ne
resterons pas les bras croisés face aux incursions
israéliennes. »
Les « putschistes » du Hamas critiqués
Abbas
s’est également voulu critique au regard des vingt ans écoulés
depuis le dernier congrès de son organisation. « En raison du
blocage du processus de paix, mais aussi à cause de nos erreurs,
certains de nos comportements rejetés par le public, notre
faible performance, notre éloignement avec le pouls de la rue et
notre manque de discipline, nous avons perdu les élections
législatives (en 2006) et ensuite nous avons perdu Gaza »,
a-t-il insisté. « Nous devons tirer la leçon de nos erreurs et
chercher en permanence à nous remettre en question et à
rectifier notre façon d’agir », a-t-il ajouté. « Notre
principale tâche en tant que membres du Fatah est de redonner au
mouvement (…) son rang, son rayonnement et son âme pour qu’il
continue d’assumer son rôle historique, qui est de conduire
notre peuple vers la liberté et l’indépendance. » Abbas s’en est
en outre pris au premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu,
l’accusant d’anéantir les chances d’une reprise des négociations
de paix en refusant le gel de la colonisation et en excluant une
restitution aux Palestiniens de la partie arabe de Jérusalem ou
de la vallée du Jourdain. Il a aussi accusé le gouvernement
israélien de se livrer à une campagne de « purification
ethnique » à Jérusalem-Est, en détruisant des maisons arabes et
en installant des colons dans des quartiers palestiniens. Enfin,
le dirigeant palestinien a aussi violemment critiqué les
« putschistes » du Hamas, dénonçant notamment la « répression »
qu’ils exercent à l’encontre du Fatah à Gaza et les accusant
d’entraver le dialogue avec son parti en vue d’une
réconciliation.
Pour la désobéissance civile
La lutte pour les places au sein de la direction occupera une
partie des débats. Mahmoud Abbas, dont le leadership ne sera pas
remis en cause, comme le soulignait hier dans ces colonnes
Qadoura Fares, réussira-t-il à imposer Mohammed Dahlan comme
successeur ou, au contraire, les proches de Marwan Barghouti
emporteront-ils la majorité du congrès ? C’est une question
cruciale. Barghouti est capable d’imposer l’unité du mouvement
palestinien, Hamas compris, alors que Dahlan apparaît comme
l’homme des Américains. Il y a quelques semaines, des hommes
armés ont fait irruption dans la fête de mariage d’un membre de
sa famille, près de Khan Younes, dans le sud de la bande de
Gaza, tuant deux personnes et en blessant plusieurs dizaines
d’autres. Le congrès, qui devrait se dérouler jusqu’à vendredi,
risque d’être animé. Le projet d’actualisation du programme du
Fatah préconise de nouvelles formes de résistance, notamment la
désobéissance civile contre les implantations juives en
Cisjordanie occupée ou la barrière de sécurité érigée par Israël
- des idées assez floues. Mais le texte n’exclut pas le recours
à la « lutte armée » en cas d’échec des pourparlers de paix, ni
l’éventualité d’une déclaration unilatérale de création de
l’État palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
© Journal L'Humanité
Publié le 6 août 2009 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
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