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L'ONU débat des crimes de Gaza
Pierre Barbancey
© Photo PCHR
Vendredi 5 février 2010
Le rapport Goldstone a évoqué des crimes de guerre
perpétrés durant l’offensive sur Gaza. Le secrétaire général de
l’ONU doit présenter aujourd’hui un rapport devant l’Assemblée
générale. La Cour pénale internationale pourrait être saisie.
Le 5
novembre 2009, l’Assemblée générale de l’ONU adoptait une
résolution dans laquelle elle approuve les recommandations du
rapport Goldstone (du nom de ce juge sud-africain, ancien
recteur de l’université hébraïque de Jérusalem) sur le conflit à
Gaza, qui estime que des crimes de guerre ont été commis à la
fois par Israël et le Hamas lors de ce conflit entre décembre
2008 et janvier 2009. Une résolution adoptée par 114 voix pour,
18 voix contre, et 44 abstentions, qui faisait dire au président
de l’Assemblée générale, Ali Treki : « Ce vote est une
déclaration importante contre l’impunité. C’est un appel en
faveur de la justice. »
Trois mois se sont écoulés
L’Assemblée générale demandait également au secrétaire général
de l’ONU, Ban Ki-moon, de transmettre le rapport Goldstone au
Conseil de sécurité. Elle appelait le gouvernement d’Israël et
les Palestiniens à prendre les mesures appropriées dans les
trois mois à venir pour mener des enquêtes qui soient
indépendantes, crédibles et conformes aux standards
internationaux, concernant les violations du droit international
et des droits de l’homme signalées dans le rapport. Nous y
sommes donc, exactement. Trois mois se sont écoulés. Et si les
explications des deux parties sont attendues, tous les regards
se tournent bien sûr vers Israël. D’abord parce qu’il s’agit
d’un État, membre des Nations unies, alors que le rapport
Goldstone ne pointe pas un État de Palestine (et pour cause)
mais des groupes armés palestiniens. Une différence de taille.
D’autre part, Tel-Aviv a beau s’abriter derrière une « légitime
défense », l’explication a fait long feu. Si des roquettes ont
été lancées sur le territoire israélien, dans des zones civiles
– ce qui est condamnable en droit – il n’y a aucune commune
mesure avec le déluge de feu et de phosphore blanc qui s’est
abattu du 27 décembre 2008 au 19 janvier 2009 sur la bande de
Gaza, étranglée, asphyxiée depuis des mois, ce qui ne laissait
que peu de marge de manœuvre aux habitants pour se défendre. Les
chiffres sont d’ailleurs là, implacables : trois civils tués
côté israélien, plus de 1 200 chez les Palestiniens.
Israël
a refusé de coopérer avec les cinq membres de la commission
d’enquête Goldstone, dont il a dénoncé les conclusions comme
partiales, et a assuré que son armée avait déployé le maximum
d’efforts pour éviter des pertes civiles lors du conflit. Le
Hamas dément également tout crime de guerre. Mais tout le monde
comprend bien que la responsabilité d’Israël, force occupante,
qui contrôle les frontières terrestres, aériennes et maritimes
de Gaza, qui maintient des centaines de check-points et le
bouclage des villes et des villages en Cisjordanie, que cette
responsabilité donc, est écrasante.
La position d’Amnesty International
En octobre dernier, dans le quotidien Haaretz, le grand
historien israélien Zeev Sternhell avertissait ses
concitoyens : « La question de savoir ce qui s’est réellement
passé à Gaza est considérée comme entachée d’antisémitisme. La
conscience toujours tranquille de l’Israélien moyen la balaye
d’un revers de main. Mais plus le temps passe, plus l’aspect
légal sera évité, et plus ce sera la dimension morale du rapport
qui sera gravée dans notre conscience et celle du monde. » Alors
que la Cour pénale internationale (CPI) pourrait être saisie,
Amnesty International a déjà fait savoir que « les enquêtes
menées par Israël n’ont pas correspondu aux normes
internationales d’indépendance, de transparence, de rapidité et
d’efficacité ».
© Journal L'Humanité
Publié le 6 février 2010 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
Les analyses de Pierre Barbancey
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