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Des ONG humanitaires visées par Israël
Pierre Barbancey
Une colonie à Jerusalem-est
Mardi 2 février 2010
Le gouvernement veut avoir les coudées franches à Jérusalem-Est
occupée et ne délivre plus de permis de travail aux ONG
internationales.
Certainement encouragé par l’attitude des gouvernements
européens et américain qui, à l’exception de quelques timides
déclarations, n’osent même pas envisager la moindre sanction
pour faire respecter le droit international, Israël poursuit son
annexion totale de Jérusalem. Outre la poursuite de la
colonisation dans la partie orientale de la ville occupée depuis
1967, les autorités israéliennes mettent en place un certain
nombre de mesures visant à s’affranchir complètement de toute
action internationale sur les territoires qu’elles considèrent
comme leurs, même si aucune grande puissance (y compris les
États-Unis) ne reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël.
Le gouvernement israélien vient ainsi de prendre la décision
de ne plus accorder de permis de travail pour les organisations
non gouvernementales (ONG) internationales opérant dans les
Territoires palestiniens. Seul un visa de touriste sera
dorénavant délivré à leurs équipes sur place. Ce type de visa
interdit le travail en Israël et ne l’autorise pas formellement
dans les Territoires palestiniens. Il est de plus délivré avec
des durées allant d’une semaine à un an, et ce de façon
totalement aléatoire. Une centaine d’ONG sont directement
concernées. Cette nouvelle mesure israélienne remet en cause
leur mission humanitaire dans les Territoires palestiniens et
aura bien sûr une influence désastreuse sur le sort des
populations déjà durement touchées.
Jérusalem est directement visée. L’interdiction de travailler
en Israël signifie pour les ONG internationales l’impossibilité
de mener toute forme d’action humanitaire depuis et à
Jérusalem-Est. L’objectif israélien est clair : pousser ces
organisations vers Ramallah et sceller ainsi l’isolement de
Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie. « Le gouvernement
israélien entretient le flou face aux demandes de
clarification », expliquent les ONG, dont le Secours catholique,
Enfants du monde ou encore le CCFD. Selon l’article 55 de la
4e convention de Genève, Israël, en tant que puissance
occupante, a l’obligation « d’assurer l’approvisionnement de la
population en vivres et en produits médicaux ; elle devra
notamment importer les vivres, les fournitures médicales et tout
autre article nécessaire lorsque les ressources du territoire
occupé seront insuffisantes ». Depuis quarante-deux ans, cette
obligation qui n’a jamais été respectée a été prise en charge
par les ONG palestiniennes et internationales, qui rencontrent
déjà d’énormes difficultés. « Mais, en l’absence de toute
indication écrite, la situation des équipes sur place reste
extrêmement précaire et tributaire des soldats israéliens
présents aux check-points », dénoncent les organisations
humanitaires. Mais que fait le « french doctor », Bernard
Kouchner ?
© Journal L'Humanité
Publié le 5 février 2010 avec l'aimable autorisation de
L'Humanité
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