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CounterPunch
La
véritable raison de la guerre d'Irak
Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts - Photo Alter Info
24 février 2008 article original :
"What
the Iraq War is About"
Le Régime de Bush a embourbé l'Amérique dans une
sixième année de guerre en Afghanistan et en Irak, avec aucune
fin en vue. Le coût de ces guerres d'agression est effroyable.
Les pertes officielles étasuniennes dans les combats se situent
à 4.538 morts. Officiellement, 29.780 soldats américains ont été
blessés en Irak. Des experts ont soutenu que ces chiffres sont
sous-évalués. Néanmoins, ces chiffres ne sont que la partie
émergée de l'iceberg. Le 17 avril 2008, AP
News a rapporté qu'une nouvelle étude publiée par la RAND
Corporation arrive à la conclusion que "quelques 300.000
soldats américains souffrent d'une dépression majeure ou de
stress post-traumatique après leur service dans les guerres en
Irak et en Afghanistan, et que 320.000 ont été victimes de
dommages au cerveau".
Le 21 avril 2008, OpEdNews a rapporté qu'un courriel
interne du Général Michael J. Kussman, ministre délégué à la
santé au Ministère des Anciens Combattants (MAC), adressé à Ira
Katz, le chef de la santé mentale au MAC, confirme un reportage
du McClatchy Newspaper, selon lequel 126 anciens
combattants se suicident chaque semaine. Dans la mesure où ces
suicides sont imputables à la guerre, plus de 500 morts
devraient être ajoutés chaque mois aux pertes dans les combats.
Si l'on se tourne vers les pertes irakiennes, les études
d'experts soutiennent un chiffre allant jusqu'à 1,2 millions
d'Irakiens morts, presque tous des civils. Deux millions
d'Irakiens ont fui leur pays et deux autres millions ont été
déplacés à l'intérieur de l'Irak. Les pertes afghanes sont
inconnues.
L'Afghanistan et l'Irak ont tous deux subi des pertes civiles et
des dommages aux maisons, aux infrastructures et à
l'environnement excessifs. L'Irak est affecté par l'uranium
appauvri et des égouts éventrés.
Ensuite, il y a le coût économique pour les Etats-Unis. Le prix
Nobel d'économie Joseph Stiglitz estime que le coût total de
cette invasion et de la tentative d'occupation de l'Irak se
situe entre 3 et 5 trillions de dollars. Le prix du pétrole et
de l'essence en dollars a triplé, et le dollar a perdu de la
valeur contre les autres devises, chutant même spectaculairement
contre le faible baht thaïlandais. Avant que Bush ne lance ses
guerres d'agression, un dollar valait 45 bahts. Aujourd'hui, le
dollar ne vaut plus que 30 bahts.
Les Etats-Unis ne peuvent pas se permettre de tels coûts. Avant
sa démission le mois dernier, le président de cour des comptes
des Etats-Unis, David Walker, a rapporté que les dettes non
couvertes du gouvernement des Etats-Unis s'élevaient à un total
de 53 trillions de dollars [environ 34.000 milliards d'euros !].
Le gouvernement étasunien est incapable de couvrir ces dettes.
Le Régime de Bush doit même emprunter de l'argent à l'étranger
pour payer ses guerres en Irak et en Afghanistan. Il n'y a aucun
moyen plus sûr de mettre le pays en faillite et de détrôner le
dollar comme devise de réserve mondiale.
Les coûts moraux sont peut-être les plus élevés. Tous ces morts,
tous ces blessés et tous ces coûts économiques pour les
Etats-Unis et leurs victimes sont entièrement dus aux mensonges
du Président et du Vice-Président des
Etats-Unis, du Secrétaire à la
Défense, de la Conseillère à la
Sûreté Nationale et, bien sûr, des médias, y compris le
New York Times soi-disant tolérant. Tous ces mensonges ont
été répandus pour le compte d'un programme caché. "Notre"
gouvernement ne nous a toujours pas dit, à "nous, le peuple",
les véritables raisons pour lesquelles "notre" gouvernement a
envahi l'Afghanistan et l'Irak.
A la place, les Américains ont accepté comme les moutons qu'ils
sont une succession de mensonges éhontés : les armes de
destruction massive, les liens avec al-Qaïda et la complicité
dans l'attaque du 11/9, le renversement d'un dictateur et
"apporter la démocratie" aux Irakiens.
Le grand peuple moral américain préfère croire les mensonges du
gouvernement que reconnaître les crimes du gouvernement et le
tenir pour responsable.
Pour un peuple moral, il y a de nombreuses façons efficaces de
protester. Considérez les investisseurs, par exemple. Il est
clair que Halliburton et les fournisseurs de l'armée raflent la
mise. Les investisseurs achètent massivement leurs actions afin
de prendre leur part dans ces profits qui explosent. Mais que
ferait un peuple moral ? Ne boycotterait-il pas les actions de
ces sociétés qui profitent des crimes de guerre du Régime de
Bush ?
Si les Etats-Unis ont envahi l'Irak pour l'une quelconque des
raisons que le Régime de Bush a données, alors pourquoi les
Etats-Unis auraient-ils dépensé 750 millions de dollars pour une
"ambassade" fortifiée, avec des systèmes antimissiles et ses
propres systèmes de production d'électricité et
d'approvisionnement en eau, sur une surface de 52 hectares ?
Personne n'a jamais vu ou entendu parler d'une telle ambassade
auparavant. Il est clair que cette "ambassade" a été construite
en tant que quartier général d'un dirigeant colonial occupant.
Le fait est que Bush a envahi l'Irak avec l'intention de
transformer ce pays en colonie américaine. Le soi-disant
gouvernement de Maliki n'existe pas à l'extérieur de la Zone
Verte protégée, le quartier général de l'occupation américaine.
Si la domination coloniale n'était pas l'intention, les
Etats-Unis ne feraient pas tout leur possible pour forcer les
60.000 hommes de la milice de Sadr à combattre. Sadr est un
Chiite qui est un véritable dirigeant irakien, peut-être le seul
Irakien qui pourrait mettre fin au conflit sectaire et restaurer
un peu d'unité à l'Irak. En tant que tel, il est considéré par
le Régime de Bush comme un danger pour la marionnette américaine
qu'est Maliki. A moins que les Etats-Unis puissent acheter ou
truquer l'élection irakienne à venir, Sadr émergera probablement
comme le personnage dominant. Ceci serait un développement
hautement défavorable pour les espoirs du Régime de Bush
d'établir sa direction coloniale derrière la façade de la fausse
démocratie de Maliki. Plutôt que de travailler avec Sadr afin de
s'extraire de ce bourbier, les Américains feront tout leur
possible pour assassiner celui-ci.
Pourquoi le Régime de Bush veut-il diriger l'Irak ? Certains
spéculent sur le fait que c'est une question de "pic du
pétrole". Les ressources pétrolières sont censées décliner alors
même que la demande de pétrole se multiplie de la part des pays
en développement comme la Chine. Selon cet argument, les
Etats-Unis ont décidé de mettre la main sur l'Irak pour garantir
leurs propres approvisionnements en pétrole.
Cette explication pose problème. La majeure partie du pétrole
américain provient du Canada, du Mexique et du Venezuela. Le
meilleur moyen pour les Etats-Unis d'assurer leurs
approvisionnements en pétrole serait de protéger le rôle du
dollar en tant que devise de réserve mondiale. De plus, 3 à 5
trillions de dollars auraient permis d'acheter une quantité
phénoménale de pétrole. Avant les invasions étasuniennes, la
facture américaine d'importation de pétrole était en dessous de
100 Mds de dollars par an. Même en 2006, les importations
totales depuis les pays de l'OPEP étaient de 145 Mds de dollars
et le déficit de commercial avec l'OPEP s'élevait à 106 Mds de
dollars. Trois trillions de dollars auraient payé les
importations américaines de pétrole pendant 30 ans ; cinq
trillions de dollars, pendant un demi-siècle, si le Régime de
Bush avait préservé la valeur du dollar.
L'explication la plus probable de l'invasion étasunienne de
l'Irak est l'engagement du Régime néoconservateur de Bush à la
défense de l'expansion territoriale israélienne. Il n'existe pas
un seul néoconservateur qui ne soit allié à Israël. Israël
espère voler toute la Cisjordanie et le sud du Liban pour son
expansion territoriale. Un régime colonial américain en Irak ne
protège pas seulement Israël contre des attaques, mais exerce
aussi pression contre la Syrie et l'Iran pour qu'ils ne
soutiennent pas les Palestiniens et les Libanais. La guerre
d'Irak est une guerre pour l'expansion territoriale d'Israël. La
"guerre contre la terreur" de Bush est un bobard qui sert à
couvrir l'intervention des Etats-Unis au Moyen-Orient pour le
compte du "grand Israël". Traduction : [JFG-QuestionsCritiques]
Publié le 25 avril 2008 avec l'aimable
autorisation de Questions Critiques
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