Opinion
Communautarisme de
gauche, méthodes douteuses
Pascal Boniface
Pascal
Boniface - Photo IRIS
Jeudi 12 avril
2012
Je ne connais pas
personnellement Jérémy Sebbane et
Benjamin Djianne. Dans une tribune
précédente, censée être en faveur de
François Hollande et de la paix au
Proche-Orient, ils ont choisi de
m'attaquer en compagnie de Stéphane
Hessel et Jean Glavany, parce que nous
avons critiqué le gouvernement
israélien. (article).
Ces derniers n'ont pas jugé bon de
répondre à leurs attaques jugées trop
odieuses. Ils s’indignent que j’ai osé
le faire, sans doute estiment-ils qu’ils
ont un droit unilatéral à la mise en
cause des autres (leur
réponse).
Ce qui est problématique chez eux ne
sont pas leurs idées, mais leurs
méthodes : calomnie, diffamation,
manipulation des informations. Ils se
disent de gauche mais ils ont des
pratiques qui en sont très éloignées et
qui ne respectent même pas les règles
d’un débat républicain.
Ils n'hésitent pas, de façon écœurante,
à justifier leur réponse à mes arguments
par la tragédie de Toulouse. Accuser
ceux qui ont pu émettre des critiques de
la politique des gouvernements
israéliens, d'être responsable
intellectuellement des tueries de
Toulouse était déjà le fait de l'extrême
droite israélienne. Il l’est désormais
des gens qui se revendiquent de la
gauche française. Peut-on demander
l’union nationale face à ces évènements
tragiques et les instrumentaliser à des
fins partisanes ? Est-ce un comportement
digne ?
Ils m'accusent de faire l'amalgame entre
Israël et les juifs de France depuis 10
ans. Je ne cesse de répéter au contraire
que l'opinion des juifs français est
extrêmement diverse sur le conflit du
Proche-Orient et que les associations de
solidarité avec la Palestine comptent de
nombreux juifs. Pourquoi mentir ?
Les deux signataires tentent de
m'assimiler à l'extrême droite parce que
Marine Le Pen a cité mon livre Les
intellectuels faussaires dans un débat
qui l'opposait à Caroline Fourest. Si
Marine Le Pen cite Libération ou Le
Monde va-t-on en conclure que Le Monde
et Libération sont d’extrême droite ? Ce
type d’amalgame est-il compatible avec
les règles du débat républicain ?
Sur ma note de 2001, ils citent Eli
Barnavi qui l’avait en effet fortement
critiquée à l’époque. Faut-il rappeler
qu'à ce moment il était ambassadeur
d'Ariel Sharon ? Depuis il a changé
d'avis et se montre encore plus critique
que je ne le suis du gouvernement
israélien.
En prenant une position victimaire, ils
affirment avec une très grande
malhonnêteté intellectuelle que je ne
les considère qu’en tant que juifs et
m'accusent de les réduire à leur
supposée judaïté. C’est pitoyable et
indigne ! Ce sont eux qui se réclament
du « socialisme et du judaïsme ». Le
terme de « vote juif » n’est pas de moi
mais de L'Express dans un article publié
dans l'hebdomadaire sous ce titre. Le
terme étant repris sur le site internet
de ce journal pour la réponse que j’ai
envoyé. Dans l’article publié sur mes
blogs de l’Iris et du Nouvel Obs je ne
parle que de communautarisme de gauche
et n’ai pas employé le terme « vote juif
». Je ne les résume pas à leur religion
supposée, contrairement à leurs
accusations, mais je leur reproche de
faire du communautarisme, en appliquant
au conflit israélo-palestinien des
critères différents de ceux appliqués
ailleurs. Et de lancer dans un conflit
contre ceux qui osent critiquer le
gouvernement israélien, tout en se
présentant comme partisan de la paix. Le
comble du culot est atteint quand ils
m’accusent de vouloir importer en France
le conflit du Proche-Orient ! Eux qui en
font l’alpha et l’oméga de leur grille
de lecture et qui font la chasse à tous
ceux qui osent critiquer le gouvernement
israélien !
Reprenant à leur compte les accusations
de Mohamed Sifaoui (l’homme qui prétend
avoir infiltré Al-Qaïda, puis la « mafia
chinoise ») selon lequel j'aurais
dénoncé un complot juif à Alger alors
que j'avais au contraire expliqué que
l'hostilité aux musulmans en France
était multiforme et que par ailleurs
qu'il n'y avait pas de complot juif
parce que les juifs avaient une opinion
diverse y compris sur le conflit du
Proche-Orient, ils démontrent leur
mauvaise foi. (article
de Guillaume Weill Raynal)
Ils affirment que je n'ai jamais rien
dit sur la répression Syrie. J'ai signé
une pétition avec 49 autres
personnalités (texte
de la pétition) pour demander
d'arrêter les massacres et toutes mes
interventions publiques depuis un an
sont pour dénoncer la répression d'un
régime pour lequel par ailleurs je n'ai
jamais exprimé de sympathie ‒
contrairement à certains de leurs amis ‒
donc de nouveau le mensonge.
Je suis surpris que leur dénonciation de
l’extrême droite en France s'accompagne
d'une dénonciation de ceux qui
critiquent l'action d'un gouvernement
israélien fait d’une coalition entre la
droite dure et l'extrême droite.
Je sais que leurs procédés ne sont pas
représentatifs de l'association
socialiste-judaïsme dont je connais
plusieurs membres pour lesquels
l’attachement légitime à Israël ne
s’accompagne pas de méthodes si peu
scrupuleuses qui ont pour but d’empêcher
toute critique du gouvernement
israélien, en l’assimilant à de
l’antisémitisme.
Le véritable enjeu dans l’intérêt de
tous les démocrates est de savoir s’il
est possible d’avoir un débat ouvert sur
le conflit du Proche-Orient et ses
conséquences en France, sans invective,
déformation des propos des autres et
diabolisation de ceux avec lesquels on a
des désaccords.
Tous les
droits des auteurs des Œuvres protégées
reproduites et communiquées sur ce site,
sont réservés.
Publié le 12 avril 2012 avec l'aimable
autorisation de l'IRIS.
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