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Aujourd'hui le Maroc
La France contrainte dans son expression
sur Gaza
Mustapha Tossa
Photo Aujourd'hui le Maroc
13 janvier 2009 Sous la pression
de la guerre israélienne contre Gaza et ses habitants et les
nombreuses manifestations pour la dénoncer, les responsables
français ont tenté chacun à sa manière d’exprimer l'approche
française.
À lire les déclarations des
responsables français pour qualifier les drames qui se jouent
dans la bande de Gaza, la forte impression est donnée que le
langage est contenu, que l’expression est contrainte et que
chaque commentaire prononcé doit contenir ses rubriques
obligatoires de critiques contre le Hamas pour en faire un
commentaire politiquement correct. Tous semblent appliquer une
consigne : s’indigner de la grave détérioration humanitaire que
vivent les Palestiniens de Gaza, mettre la responsabilité
première sur le dos des islamistes du Hamas et, pour les plus
téméraires, s’interroger sur l’usage excessif et disproportionné
de la force par l’armée israélienne.
Lors de sa récente tournée au Proche-Orient à la recherche
d’impraticables chemins de la paix, Nicolas Sarkozy avait donné
le ton en indiquant que le Hamas portait une lourde
responsabilité dans ce qui se passe à Gaza. Et depuis, sous la
pression de la guerre israélienne contre Gaza et ses habitants
et les nombreuses manifestations pour la dénoncer, les
responsables français ont tenté chacun à sa manière d’exprimer
cette approche française.
Rama Yade, la secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, est parmi
les voix qui ont élargi le plus loin le cercle de la
critique : «La deuxième semaine de guerre vient de s'achever. Le
Hamas est en grande partie responsable de cette situation, mais
Israël n'est pas tout à fait innocent et je crois qu'il est
normal qu'on demande que la martyrisation de Gaza cesse».
Les propos des Rama Yade faisaient vaguement écho à ceux du
Premier ministre François Fillon qui a été parmi les premiers
responsables français à oser évoquer la souffrance des
Palestiniens : «Si la France a condamné dès le début les tirs de
roquettes effectués à partir de Gaza sur le territoire
israélien, comme elle condamne les tirs de roquettes qui ont été
effectués à partir du territoire libanais, nous pensons aussi
que rien ne justifie les souffrances qui sont aujourd'hui
imposées aux populations civiles qui vivent enfermées dans la
bande de Gaza».
La classe politique française dans son ensemble justifie ces
prises de postions par des craintes de devoir importer ce
conflit à domicile. Pour Fadela Amara, secrétaire d’Etat à la
politique de la ville, ce conflit n’est ni «ethnique» ni
« religieux» mais «politique». Pour elle : «La réaction d'Israël
est disproportionnée par rapport à ce qui s'est passé mais en
même temps je crois qu'il faut faire très attention au fait
qu'on ne doit pas justifier au bout de la chaîne des actes
antisémites dans notre pays sous prétexte qu'il se passe des
choses terribles là-bas». Ce même constat a été brandi par le
socialiste Arnaud Montebourg pour justifier l’absence de son
parti aux manifestations de soutien aux Palestiniens. Il affirme
que l’absentéisme du PS du pavé parisien au profit des
communistes et de l’extrême gauche, c’était dans le but de ne
pas «risquer de cautionner des mots d'ordre communautaristes
(...) Il y a eu des propos, des slogans antisémites. Il y a eu
aussi des expressions islamophobes».
Même si le parti socialiste n’a pas jugé politiquement utile de
se joindre à la vague de manifestations pour dénoncer la
politique israélienne à Gaza, sa toute nouvelle première
secrétaire avait tenté de rattraper le coup en formulant une des
critiques les plus acides à l’égard du gouvernement
israélien : «Nous devons ici dire au gouvernement d'Israël qu'il
est scandaleux de ne pas suivre les résolutions de l'Onu, qu'il
est scandaleux d'affamer Gaza comme il le fait aujourd'hui et
que son attitude ne peut être acceptée par aucun démocrate
porteur de paix dans le monde».
Le discours gouvernemental et aussi celui d’une partie de
l’opposition sur Gaza semble obsédé par une seule réalité : ne
pas tomber dans le piège de devoir défendre ou justifier les
actions du Hamas que la France et l’UE considèrent comme un
mouvement terroriste. Quitte à justifier l’injustifiable. Cette
situation lie les mains et rétrécit la marge de manœuvre de la
diplomatie française. Après avoir été contraint de sous-traiter
la négociation pour une trêve humanitaire à l’Egypte, la
diplomatie française semble réduite, comme tout le monde, à
attendre la formation de l’équipe de Barack Obama et sa nouvelle
politique au Proche-Orient pour voir le bout du tunnel.
Mustapha Tossa
DNCP à Paris Droits
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Aujourd’hui le Maroc 2009
Publié le 14 janvier 2009 avec l'aimable
autorisation de Aujourd'hui le Maroc
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