Al-Ahram Hebdo
« Israël, parlons-en
! »
Mohamed Salmawy

Photo: Al-Ahram
Mercredi 23 juin 2010
La Palestine était-elle une
terre sans peuple ? Israël est-il un Etat démocratique ? Les
médias occidentaux sont-ils alignés sur la vision israélienne ?
Ces questions, entre autres, sont débattues par l'un des plus
importants ouvrages paru récemment en France avec pour titre
Israël, parlons-en !
Le titre du livre en lui-même
relève un défi de ce qui est prédominant dans les médias
occidentaux, qui interdisent, tant qu'ils le peuvent, la
discussion des politiques suivies par Israël. Voire même, ils
ont tendance à couvrir ces politiques par certaines idées qui se
sont ancrées au fil du temps dans la mentalité occidentale à
force d'avoir été répétées par des médias soumis de manière
démesurée à l'influence sioniste. Le premier prétexte avancé est
qu'Israël se trouve continuellement dans un état d'autodéfense
quelles que soient les atrocités qu'il commet et qui se
transforment parfois en crime de guerre et crimes contre
l'humanité. Nous entendons également souvent dire qu'Israël est
le seul Etat démocratique au Moyen-Orient et que le problème
réside dans la violence du côté palestinien et son recours au
terrorisme. Et de dire également qu'Israël est un Etat aspirant
à la paix et que ses voisins arabes sont les agresseurs qui
mènent des guerres contre lui.
Le livre signé par le
journaliste français Michel Collon a réussi à répondre à toutes
ces allégations non pas par ses propres mots, mais par le
recours à de grands noms qui ont acquis une expérience au niveau
de ce dossier. Ainsi, le livre comporte des avis importants
transmis sous forme d'entretiens. D'ailleurs, ceci fait que le
livre est facile à lire et est adapté à de larges secteurs de
l'opinion publique non spécialisés dans le dossier du
Moyen-Orient.

Michel Collon - Photo: Al-Ahram
Tous les avis insérés dans le
livre sont appuyés par les informations et les réalités
historiques. L'Américan Chomsky parle de la relation entre
Israël et les Etats-Unis et prouve que, par son soutien à
Israël, Washington appuie un Etat colonialiste occupant les
territoires de ses voisins qui l'entourent de tous les côtés. Il
prouve qu'il est un Etat voyou rejetant l'application des
résolutions de l'Onu et violant le droit international. Chomsky
se demande : qui domine et qui est assujetti en termes de
relation américano-israélienne.
A la question de savoir si la
Palestine était une terre déserte sans peuple, Christina
Zakaria, auteure du livre La Palestine et les Palestiniens,
répond à travers des statistiques effectuées par les autorités
ottomanes en 1849, c'est-à-dire 100 ans avant l'occupation de la
Palestine et la mise en place d'un Etat sioniste. Elle vient
prouver que 85 % de ses habitants étaient des musulmans, 11 %
des chrétiens et moins de 4 % des juifs.
Le taux des juifs s'est élevé
plus tard à 10 % en 1914 avec l'occupation européenne qui a
suivi la sortie des Ottomans.
Quant au journaliste et homme
politique juif Ilan Halévy, il a parlé de la nature
expansionniste d'Israël ; il a dit qu'il a réussi, à travers les
guerres, à accroître ses territoires du triple, malgré la
condamnation des Nations-Unies. Il soulève également ce que nous
savons à propos d'Israël mais qui est méconnu d'une grande
tranche de l'opinion publique en Occident. Selon lequel l'Etat
d'Israël est le seul sans frontières et qu'il est l'unique au
monde dont la Constitution ne stipule pas la démarcation des
frontières, qui est laissé au gré de sa liberté expansionniste
« sur la terre d'Israël ».
Et Alain Gresh, le directeur
adjoint du mensuel Le Monde diplomatique, réputé pour son
influence prépondérante, d'ajouter que la loi israélienne
relative aux propriétés des Palestiniens absents est la plus
grande preuve de la nature expansionniste de l'Etat hébreu qui
cherche par tous les moyens à s'accaparer la terre appartenant à
l'autre.
Alain Gresh, né en Egypte et
dont le père est Henri Curiel, s'appuie sur un important rapport
de la CIA débattant de la possibilité de la disparition de
l'Etat d'Israël qui n'a pas pu offrir de refuge sûr aux juifs du
monde, ou devenir le coin de la terre où le juif peut se sentir
le moins en sécurité.
Le livre comporte un nombre
d'analyses intelligentes et je trouve qu'il serait adéquat qu'il
soit traduit et mis en vente pour le lecteur arabe en tant que
référence incontournable et minutieuse à certaines des plus
importantes allégations de la machine de propagande israélienne
et qui sont médiatisées jour et nuit par les appareils de médias
occidentaux. Ceux-ci vraisemblablement se réfèrent à la théorie
mise en lumière par un des interlocuteurs du livre qui est le
président du centre « Politis » des études, selon laquelle les
mensonges qui sont répétés cent fois deviennent une vérité
établie.
Plus important encore, loin des
faits historiques que le lecteur arabe connaît bien, est ce qu'a
rapporté Michel Warshawsky, analyste politique et qui a goûté
l'amertume des prisons israéliennes. Il affirme que la politique
expansionniste et celle de discrimination raciale, adoptée par
les gouvernements israéliens, sont une expression directe de
l'opinion des Israéliens et que ceux qui crient à la paix n'ont
aucun poids et aucune valeur. Il a dit dans ce contexte que
l'invasion barbare sur Gaza l'an dernier, ayant fait des
centaines de victimes parmi les civils sans armes et des
milliers de blessés, s'est faite par une unanimité quasi totale
de l'opinion publique israélienne, selon les sondages
d'opinions. Ce qui présage un avenir sombre au règlement au
Moyen-Orient.

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Publié
le 23 juin 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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