Les États-Unis vendent 84 F15 à l'Arabie
Saoudite
La mise en garde
de Washington à Téhéran
Merzak Tigrine
Samedi 31 décembre
2011
Devant la menace
militaire que constitue l’Iran pour sa
présence dans la région du Moyen-Orient,
l’administration américaine a adressé un
“message fort” à Téhéran en décidant de
vendre 84 F15 et de moderniser 70 autres
déjà livré à Riyad pour un montant de 30
milliards de dollars US.
Bien qu’elle n’ait pas donné pour
l’instant le feu-vert à une attaque
israélienne contre les installations
nucléaires iraniennes, que Tel-Aviv ne
cesse de réclamer, Washington a mis
indirectement en garde Téhéran à travers
le contrat d’armement conclu avec
l’Arabie Saoudite, prévoyant une vente
de 84 avions F-15 et la modernisation de
70 autres déjà livrés. Il s’agit d’une
réponse à la récente menace iranienne de
fermer le détroit d'Ormuz, même si
Andrew Shapiro, un responsable du
département d'État, n’y fera aucune
allusion en se contentant d’affirmer que
cette transaction “va améliorer les
capacités de dissuasion et de défense de
l'Arabie Saoudite contre des menaces
extérieures à sa souveraineté”. Mais le
fait que l’annonce soit faite en pleine
montée des tensions avec l'Iran, laisse
penser que les Etats-Unis ne l’ont pas
fait fortuitement. S’il est vrai que
“cet accord renforce les relations
solides et de longue durée entre les
États-Unis et l'Arabie Saoudite, et
démontre l'engagement des Etats-Unis à
de fortes capacités défensives
saoudiennes, une composante importante
de la sécurité régionale”, comme l’a
souligné le porte-parole adjoint de
Barack Obama, Josh Earnest, depuis
Hawaï, il n’en demeure pas moins qu’elle
intervient à une période où la tension
est très vive entre l'Iran, puissance
régionale rivale de l'Arabie Saoudite,
et les Etats-Unis, alliés de longue date
de Riyad, l'un de leurs principaux
fournisseurs de pétrole. Il ne fait
aucun doute que les dernières menaces de
Téhéran de fermer le détroit d'Ormuz,
par où transite entre un tiers et 40% du
trafic pétrolier mondial, en cas de
nouvelles sanctions internationales
contre son programme nucléaire, un geste
n’ont pas laissé les Américains
insensibles. Une telle mesure de l’Iran
l’exposerait inévitablement à une
réaction militaire des États-Unis.
Par ailleurs, le ton est monté entre
Iraniens et Américains après les menaces
de Téhéran, si l’on en juge par les
déclarations du général Hassan Salami,
numéro deux des gardiens de la
révolution, la force d'élite du régime
islamique, dans lesquelles il a rejeté
jeudi les mises en garde des États-Unis
contre la fermeture du détroit,
soulignant que l'Iran agirait avec
détermination “pour défendre ses
intérêts vitaux”. Ce regain de tension
coïncide avec l’arrivée d’un porte-avion
américain dans la zone où Téhéran a
démarré samedi dernier des manoeuvres
navales, après qu’il eut traversé le
détroit d'Ormuz “depuis le golfe
Persique pour venir en mer d'Oman”, à en
croire la même source iranienne. Pour
rappel, mardi, le vice-président iranien
Mohammad Reza Rahimi a affirmé
qu'“aucune goutte de pétrole ne
transitera par le détroit d'Ormuz” si
les pays occidentaux adoptaient des
sanctions contre les exportations
pétrolières de l'Iran en raison de son
programme nucléaire controversé.
Le lendemain, le commandant de la marine
iranienne, l'amiral Habibollah Sayyari,
a souligné qu'il était “très facile”
pour l'Iran de fermer le détroit, tout
en estimant qu'une telle mesure n'était
pas nécessaire pour l'instant.
Réagissant à ces menaces, Washington a
mis en garde Téhéran mercredi soir, en
affirmant qu'“aucune perturbation du
trafic maritime dans le détroit d'Ormuz
ne sera tolérée”.
Du côté de l’Arabie Saoudite, on a
expliqué vendredi avoir décidé d'acheter
84 chasseurs-bombardiers F15 aux
Etats-Unis afin d'atteindre un niveau de
défense maximal pour “protéger son
peuple et son territoire”. Un
porte-parole du ministère saoudien de la
Défense, cité par l'agence de presse
officielle SPA, a déclaré que le contrat
“garantit au royaume de bénéficier des
capacités de défense les plus élevées
possibles pour protéger son peuple et
son territoire”.
Copyright © 1998-2011
Tous droits réservés LIBERTE.
Publié le 31 décembre 2011 avec l'aimable
autorisation de Liberté.
Les analyses de Merzak Tigrine
Le
dossier Iran
Les dernières mises à jour
|