Samedi 20 décembre 2008
Formé à l’école de James Baker, l’ancien chef
de la diplomatie américaine connu pour sa politique équilibrée
au Moyen- Orient, David Welch, était un défenseur du monde arabe
au sein de l’administration américaine où les lobbies
anti-arabes tentaient à chaque fois de faire pencher la balance
en faveur de l’Etat hébreu.
Avec le départ de
David Welch du département d’État, la politique américaine en
direction du monde arabe changera certainement avec l’arrivée de
Barack Obama à la Maison-Blanche et sans aucun doute au profit
d’Israël.
Avant même d’être élu, le futur locataire du bureau ovale avait
clairement pris position en faveur de l’État hébreu en se
prononçant sur un sujet des plus épiques, en l’occurrence le
statut de Jérusalem, sur lequel aucun de ses prédécesseurs
n’avait osé prendre position. Barack Obama a franchi le pas en
reconnaissant Jérusalem comme capitale indivisible d’Israël.
La démission de David Welch intervient donc dans un moment très
défavorable pour le monde arabe d’une manière générale, et pour
l’Algérie également en particulier. En effet, Alger perd un
grand ami, qui n’a cessé de la soutenir, notamment sur la
question de la lutte contre le terrorisme par ses positions
louant les efforts algériens pour venir à bout de ce fléau. Et
le temps a fini par lui donner raison sur la scène
internationale avec la guerre contre le terrorisme lancée par
l’administration Bush après les attentats du 11 septembre 2001.
Très pragmatique, il a soutenu les efforts de James Baker pour
résoudre le conflit du Sahara occidental sur la base du droit à
l’autodétermination, au risque de s’aliéner le Maroc. David
Welch, qui a été nommé secrétaire d'État adjoint chargé du
Proche-Orient en mars 2005, au début du deuxième mandat du
président George W. Bush, aura joué un rôle très important dans
la gestion du dossier du Moyen-Orient par l’administration
américaine. Il était considéré comme un défenseur du monde arabe
au sein de l'administration Bush. Il a constitué un frein à
l’influence des conseillers pro-israéliens de la maison blanche,
dont particulièrement Elliott Abrams, décrit par l'ancien
président Jimmy Carter comme "un défenseur très militant
d'Israël". C’est dire l’importance de son rôle dans le
conflit israélo-arabe, visant au respect ne serait-ce que
partiel des droits des Palestiniens, parce que Washington s’est
toujours aligné sur les positions de l’État hébreu.
D’ailleurs, il a été l’artisan de la relance du processus de
paix israélo-palestinien en novembre 2007 à Annapolis, près de
Washington, qui aura au moins permis de jeter les bases d'une
coopération sécuritaire entre Israël et les Palestiniens.
David Welch a supervisé la normalisation des relations entre
Washington et la Libye, ayant abouti en septembre dernier à une
rencontre historique de Mme Rice avec le guide de la révolution
libyenne, le colonel Kadhafi. En annonçant jeudi la
démission de son adjoint chargé du Proche-Orient, David Welch,
la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, lui a
rendu hommage en déclarant : "Vous avez eu un impact très
important, et même historique, sur la sécurité de notre pays, la
défense de ses valeurs, la paix, la sécurité et la prospérité
d'une région où cela manque." À signaler qu’il a indiqué qu'il
allait rejoindre le secteur privé, sans donner plus de
précision. C’est une grosse perte pour le monde arabe et les
causes justes.
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Publié le 20 décembre 2008 avec l'aimable autorisation de Liberté.