Affrontements à l'arme lourde dans le
centre de Tripoli
La guerre civile
montre-t-elle son nez en Libye ?
Merzak Tigrine
Jeudi 5 janvier
2012
La situation
sécuritaire inquiète sérieusement le CNT
de Mustapha Abdeljalil, maintenant qu’on
est passé des petites escarmouches à
l’arme légère enregistrées jusque-là
dans différentes villes libyennes, à des
affrontements aux RPJ dans le centre de
la capitale, entre des groupes
d’ex-rebelles.
Le contrôle des milices, qui ont
participé à la chute du régime de
Mouammar Kadhafi, s’avère être une
mission compliquée pour le Conseil
national de transition libyen, qui
n’arrive pas à régler ce problème, tant
les exigences des uns et des autres sont
difficiles à satisfaire. En effet, les
nouvelles autorités libyennes éprouvent
toutes les peines du monde à dissoudre
les milices armées des
ex-révolutionnaires, qui font la loi
dans le pays depuis la chute de l'ancien
régime de Mouammar Kadhafi. Sur le
terrain, plusieurs milices se sont
installées dans des bâtiments officiels
ou encore dans des résidences et fermes
appartenant à des responsables de
l'ancien régime. D'autres tiennent des
barrages dans des points stratégiques de
Tripoli. C’est dire que c’est encore le
chaos qui risque de durer longtemps. Les
milices, qui disposent d'importants
stocks d'armes légères et lourdes,
puisés notamment dans l'arsenal de
l'ancien régime, sont quasi
incontrôlables. Récemment, le ministre
de l'Intérieur, Faouzi Abdelali, a
annoncé un plan prévoyant l'intégration
à court terme de 50 000 combattants
ex-rebelles dans les forces de l'armée
et les services de sécurité. Des
analystes redoutent même que cette
situation ne se transforme en guerre
civile. Les affrontements armés, qui ont
opposé mardi dans le centre de Tripoli
des groupes d'ex-rebelles, faisant
quatre morts, ont fait réagir le CNT,
qui a rapidement nommé un ancien colonel
de l'armée libyenne et actuel
vice-ministre à la Défense, Youssef Al-Mangouch,
en qualité de chef d'état-major de
l'armée libyenne.
Ceci étant, le commandant Massoud
Al-Kadar, qui dirige un groupe
d'ex-rebelles à Tripoli, a indiqué que
les affrontements se sont produits
lorsque des combattants originaires de
la ville de Misrata ont attaqué son
groupe à la suite de l'interpellation
d'un homme saoul. “Des membres du groupe
ont arrêté un ex-rebelle de Misrata qui
était saoul. Il est devenu violent et
insultait les ‘thowar’
(révolutionnaires) qui l'ont frappé pour
le calmer”, a-t-il expliqué. Il
soulignera que bien que l’ex-rebelle de
Misrata ait été relâché par la suite, “à
notre surprise, un convoi de ‘thowar’ de
Misrata est arrivé avec des armes
légères et lourdes. Nous avons commencé
à discuter avec eux, mais l'un d'eux a
tiré, ce qui a déclenché les
affrontements”.
Selon une autre version des faits, les
affrontements se sont produits quand des
thowar de Misrata ont tenté d'arrêter un
homme accusé d'avoir fait partie des
forces de l'ancien régime et qui habite
le quartier.
Des journalistes de l'AFP avaient
rapporté auparavant que des
affrontements se déroulaient dans le
centre de Tripoli, près du bâtiment des
renseignements de l'ex-régime de
Mouammar Kadhafi, dans l'avenue Zaouia,
et que des rafales d'armes étaient
entendues. Des tirs au canon anti-aérien
étaient également entendus.
De nombreux ex-rebelles ont afflué sur
les lieux, dont certains armés de
lance-roquettes RPG, selon les
journalistes de l'AFP. Le périmètre a
été bouclé et fermé à la circulation. En
fin d'après-midi, la tension était
perceptible à Tripoli où plusieurs
quartiers ont été fermés à la
circulation. Réagissant à ces événements
sanglants, les états-Unis ont fait part
de leur inquiétude et renouvelé leur
offre pour aider le pays à intégrer ces
milices aux forces armées. “Certains
affrontements se sont poursuivis.
Cela nous inquiète”, a indiqué la
porte-parole du département d'état,
Victoria Nuland, à la presse.
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Publié le 6 janvier 2012 avec l'aimable
autorisation de Liberté.
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