Opinion
L'Egypte ou
l'exemple chilien
Malao
Kante
© Malao
Kante
Vendredi 30 août 2013
Ce qui se passe en Egypte rappelle de
fort belle manière la situation
chilienne sous Pinochet. En effet,
lorsque Allende prit le pouvoir, le pays
connût d’énormes reformes et commença à
devenir économiquement stable.
Cependant, Allende ne faisait pas
l’affaire des occidentaux parce que jugé
trop socialiste pour ne pas dire
communiste. C’est ainsi qu’il fût éjecté
du pouvoir par un coup d’Etat militaire
orchestré par Pinochet et ses amis,
soutenu principalement par les
Etats-Unis. Les crimes militaires et les
exactions sur les populations civiles
sont passés sous silence par l’ensemble
de la communauté internationale.
Celle-ci, semble t-il, préférait une
dictature alliée qu’un régime
démocratiquement élu mais insoumis au
Diktat (de la Troïka). Au vu et au su du
monde entier les occidents réservent un
soutien sans faille au régime du
dictateur. Les multinationales affluent
vers Chili et le maître du pays est
accueilli en grande pompe partout : en
Angleterre, aux Etats-Unis et ailleurs.
Pendant que le peuple vivait sous
perfusion, Pinochet et ses amis sont
positivement évalués par les
institutions internationales.
Comme par hasard, l’histoire se répète
pour ainsi dire deux fois mais cette
fois-ci, elle est égyptienne. Le
communisme étant « mort », c’est
l’islamisme qui constitue le nouvel axe
du mal. Ceux qui intervenaient pour
défendre un régime démocratique en péril
ou pour destituer des dictatures au nom
de la démocratie comme en Afghanistan ou
en Irak, sont aujourd’hui les premiers à
soutenir un coup d’Etat militaire à
l’encontre d’un régime populaire et
légitime. « La démocratie n’est bonne
que pour nous », telle semble être la
réponse des grandes puissances face à la
situation égyptienne. Une incohérence
manifeste se dégage de la position de la
communauté internationale. Pendant qu’on
nous sermonne sans cesse sur la
dictature syrienne ou qu’on expose les
bonnes raisons de liquider Kadhafi,
l’armée égyptienne semble bénéficier de
tous les privilèges pour mener à bien
son programme criminel sans que nul ne
pipe mot.
Comme en Chili, les militaires ont carte
blanche pour torturer, intimer voire
tirer à balles réelles sur les femmes et
les enfants pour faire régner l’ordre
(économique instauré par les
puissances). La communauté
internationale ou la farce
internationale se permet en plus de nous
dire qu’au lendemain du coup d’Etat, le
pays a connu une grande stabilité
économique. L’électricité et l’eau
coulent désormais à flot sur les rives
du Caire. Il faut y croire puisque c’est
elle qui décide de qui est bon ou
mauvais pour tel ou tel peuple. La
vérité est que peu importe la nature
d’un régime du moment où il satisfait
économiquement les multinationales et
rassure idéologiquement les puissances,
le reste n’est pas important. La
démocratie (aussi bien que la bonne
gouvernance) est une arnaque. Elle n’est
bien que lorsqu’elle devienne une
aubaine pour les hyènes internationales.
Nul ne se soulève contre l’Arabie
saoudite ou le Bahreïn. La raison est
que ces pays roulent pour le compte des
firmes internationales et des grandes
puissances.
Aujourd’hui, le peuple égyptien est
martyrisé et violé sous l’œil coupable
de l’ONU. Ses fils indignes et vendus
tels que Mohamed El Baradai et Cie
participent à ce jeu macabre pour des
intérêts uniquement personnels. Tout le
monde fait fi de la volonté du peuple.
On préfère un militaire imbécile comme
Pinochet plutôt qu’un technocrate
patriote. Comme le Brésil, l’Uruguay ou
l’Argentine, l’Egypte peut un jour être
économiquement prospère mais le peuple,
son propre peuple ne bénéficiera jamais
des avantages économiques car le pays
sera hypothéqué. Les chiliens ont mis du
temps pour comprendre la politique de
Salvador Allende. Plusieurs années après
sa mort, les hypocrites de la politique
internationale reconnaissent enfin la
bonne lancée de son programme de
politique sociale. Pendant une trentaine
d’années Moubarak et ses démons
étouffent le peuple égyptien, il a
fallut une révolte sous régionale pour
le destituer. Mais l’ironie de
l’histoire veut qu’il soit aujourd’hui
libéré et pourquoi d’être reconnu demain
comme héros national.
MALAO KANTE
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