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Al-Ahram Hebdo
La crainte de l'impunité d'Israël
Maha Salem
Photo: Al-Ahram
Mercredi 16 juin 2010
Palestine.
Israël a décidé de
mener sa propre enquête sur l'arraisonnement de la flottille de
la Liberté. Une décision qui ne risque pas de satisfaire les
protagonistes qui réclamaient une enquête internationale.
Sous forte pression
internationale, Israël a annoncé, dimanche dernier, la création
d'une « commission publique indépendante », avec la
participation de deux observateurs étrangers, pour enquêter sur
l'affrontement meurtrier israélien de la flottille de la
Liberté. Une décision insuffisante pour les Palestiniens et une
partie de la communauté internationale. Cette commission aura
pour mission d'« enquêter sur les aspects relatifs à l'action
entreprise par l'Etat d'Israël pour empêcher des navires
d'atteindre la côte de Gaza », selon un communiqué du bureau du
premier ministre Benyamin Netanyahu. En plus, cette commission
publique, qui pourra auditionner n'importe quelle personne ou
organisation, se penchera sur « les raisons sécuritaires à
l'origine de l'imposition du blocus maritime de Gaza et la
conformité de ce dernier au droit international », explique le
communiqué. Elle sera dirigée par un juge en retraite de la Cour
Suprême israélienne, Yaakov Tirkel. Les deux observateurs
étrangers sont l'ancien prix Nobel de la paix nord-irlandais
David Trimble, ancien chef du Parti unioniste d'Ulster, et un
ex-avocat général de l'armée canadienne, Ken Watkin. « Etant
donné les aspects internationaux uniques de l'incident, il a été
décidé de nommer deux observateurs étrangers de stature
internationale dans les domaines du droit militaire et des
droits de l'homme », stipule le communiqué.
Autant de précisions qui
prouvent qu'il ne faut pas s'attendre à grand-chose de cette
commission, loin d'être neutre. En effet, Israël a
catégoriquement rejeté le principe d'une mission d'enquête
internationale. Attendue depuis plusieurs jours, la décision
annoncée survient après des négociations apparemment ardues avec
l'administration des Etats-Unis. Ce sont, en effet, les
Etats-Unis, éternels alliés d'Israël qui, semble-t-il, n'ont pas
insisté pour que la commission d'enquête soit internationale.
Washington s'est contenté de favoriser une présence
internationale au sein de la commission, présence qui
conforterait la crédibilité de l'enquête. « Nous espérons
fortement, et nous pensons que c'est ce que nous sommes en droit
d'attendre, que ce sera une procédure qui sera considérée à la
fin comme crédible et impartiale », a toutefois plaidé
l'ambassadeur des Etats-Unis à l'Onu, Susan Rice. « Bien
qu'Israël doive se voir accorder le temps d'achever le
processus, nous nous attendons à ce que les investigations de la
commission et de l'armée israéliennes soient menées à bien
rapidement », a également affirmé le porte-parole de la Maison
Blanche, Robert Gibbs. « Nous nous attendons aussi à ce qu'après
leur achèvement, leurs conclusions soient présentées
publiquement et soient présentées à la communauté
internationale », ajoute la Maison Blanche.
Moussa, pour une levée du blocus
Outre les pressions pour mener
une enquête, la communauté internationale fait aussi pression
pour une levée du blocus contre Gaza, jugé « inacceptable » et
« contre-productif » par l'Union européenne. Sur place, c'est le
secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui a plaidé
pour la levée du blocus imposé par Israël depuis quatre ans,
lors de sa visite dimanche dernier à Gaza. « Il faut briser ce
blocus », a plaidé M. Moussa, après avoir traversé la frontière
entre l'Egypte et le territoire palestinien. « Non seulement les
Arabes, mais le monde entier doit soutenir le peuple palestinien
contre le blocus de Gaza et face à ce qui se passe dans les
territoires occupés, en particulier à Jérusalem-Est (annexée) »,
a affirmé le haut diplomate égyptien. C'est la première fois
qu'un chef de la Ligue arabe se rend dans la bande de Gaza, au
moment où la communauté internationale fait pression sur Israël
pour alléger le blocus qui frappe 1,5 million de Gazaouis, dont
la plupart dépend de l'aide étrangère. M. Moussa a été accueilli
par les dirigeants du mouvement islamiste Hamas, qui a pris le
contrôle de Gaza en juin 2007, ainsi que par des représentants
d'autres factions palestiniennes. En première réaction de cette
visite, le Hamas est satisfait de ce pas officiel arabe vers la
levée du blocus. « Nous espérons que cette visite produira des
résultats concrets », a dit le premier ministre du Hamas, Ismaïl
Haniyeh, après un entretien avec M. Moussa. Ce dernier a
découvert des zones dévastées par l'offensive de l'armée
israélienne il y a 18 mois qui a endommagé ou détruit des
milliers d'habitations. Plus de 1 400 Palestiniens et 13
Israéliens avaient été tués.
Après une rencontre avec les
leaders des principaux mouvements palestiniens, Amr Moussa a
insisté sur la réconciliation interpalestinienne. « La
réconciliation (entre factions palestiniennes) est fondamentale,
c'est une question de volonté et pas simplement de signature »,
a estimé M. Moussa. « Il s'agit d'une décision politique. C'est
une position qui doit se traduire par un accord sur toutes les
questions. L'Histoire ne s'arrête pas à une phrase là ou à un
paragraphe ici », a-t-il souligné. Le Hamas et le Fatah du
président palestinien Mahmoud Abbass sont à couteaux tirés
depuis que le mouvement islamiste a délogé les forces loyales à
M. Abbass de Gaza il y a trois ans. Négocié depuis des mois sous
l'égide de l'Egypte, l'accord de réconciliation a été reporté à
trois reprises en raison de profondes divergences. Le Hamas
refuse de signer le document paraphé par Le Caire et le Fatah.
Droits de reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 16 juin 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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