Mercredi 3 mars 2010
Palestine.
Israël
poursuit
sa
politique
de provocation en décidant
d’inscrire des lieux saints musulmans
à son patrimoine national, anéantissant
ainsi tout espoir de reprise des
pourparlers.
La
tension s’aggrave de plus en plus entre Palestiniens
et Israéliens. La police israélienne
a déployé, depuis lundi, des renforts autour de l’esplanade des
Mosquées, dans la vieille ville de Jérusalem. Son but
annoncé : éviter de nouvelles
manifestations de Palestiniens comme celles qui ont eu lieu
dimanche, a indiqué un porte-parole de la police israélienne. La
veille en effet, des violences avaient eu lieu près de la
mosquée Al-Aqsa suite à des informations sur l’incursion de
juifs extrémistes sur l’esplanade. Ces violences ont fait une
vingtaine de blessés, principalement des manifestants, ainsi que
deux policiers israéliens, selon des sources israélienne
et palestiniennes.
Ce regain de tension à Jérusalem intervient
surtout en raison de la colère palestinienne contre la décision
d’Israël d’inscrire à son patrimoine des lieux saints juifs
et musulmans. La ville d’Hébron a
été, elle aussi, le théâtre d’affrontements sporadiques qui ont
opposé ces derniers jours des Palestiniens à l’armée
israélienne, après la volonté manifestée par le premier ministre
israélien, Benyamin Netanyahu, d’inscrire au patrimoine d’Israël
deux sites à Bethléem et à Hébron. A Hébron, la question
est considérée bien plus sensible par
tous les musulmans, puisqu’Israël veut inscrire la Mosquée
d’Ibrahim, appelée par les juifs Caveau des patriarches. La
provocation de l’Etat hébreu a été telle que l’annonce a été
faite, alors que les Palestiniens marquaient le 16e anniversaire
du massacre de 29 Palestiniens dans une salle de prière à la
Mosquée d’Ibrahim par un colon israélien le 25 février 1994.
A la suite de ces tensions, le principal
négociateur palestinien Saëb Erakat a déclaré avoir réclamé une
intervention urgente américaine pour
stopper les agressions israéliennes contre la mosquée d’Al-Aqsa
et les lieux saints de l’islam. « Cette politique absurde
israélienne vise à ruiner les efforts internationaux, plus
particulièrement américains, pour relancer le processus de paix
», a-t-il estimé. En effet, les observateurs s’interrogent sur
la possibilité de relancer les négociations dans
un tel climat. Selon le Dr Emad Gad,
analyste au Centre des Etudes Politiques et
Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, « il n’y a aucune chance
actuellement pour relancer le processus de paix. La stratégie
israélienne vise à mettre les bâtons dans les roues
et d’avorter toute chance de reprise
des négociations de paix, tout cela dans le but de gagner du
temps et de s’octroyer davantage de territoires palestiniens,
notamment les lieux saints, objets de litige ». Et
d’ajouter : « C’est la façon
israélienne d’imposer le fait accompli au moment de la reprise
des pourparlers ».
Et
comme de coutume, Tel-Aviv poursuit sa politique sans tenir
compte des protestations internationales. Les récentes décisions
israéliennes ont été critiquées par l’Onu et
les Etats-Unis qui ont mis en garde contre des « actions
provocatrices » risquant de mettre en péril le processus de paix
israélo-palestinien.
Cependant, les réactions internationales,
suite au projet israélien d’inscrire à son patrimoine deux lieux
saints de la Cisjordanie occupée, restent insuffisantes, selon
le président palestinien, Mahmoud Abbass. Ce dernier a appelé
notamment les Etats-Unis à s’y opposer concrètement. « Le monde
devrait empêcher Israël de mener à bien ce plan », a-t-il dit,
tout en prévenant que ce projet peut
« déclencher une guerre religieuse dans la région ». Quant au
Hamas, il a appelé les Palestiniens à
« se soulever » pour « défendre » ces lieux.
Pour seule réponse, le premier ministre
israélien a dit qu’« il n’y aura pas de changement du statu quo
», garantissant « une liberté complète de culte » à toutes les
religions.
« Ni vu, ni connu »
Or, cette nouvelle
provocation israélienne n’est pas la seule.
Elle intervient au moment où Tel-Aviv continue de faire la
sourde oreille au sujet des crimes commis lors de l’offensive
contre Gaza, fin décembre 2008, début janvier 2009. Vendredi
dernier, l’Assemblée générale de l’Onu a de nouveau demandé à
Israël et aux Palestiniens de mener
des enquêtes crédibles sur les crimes de guerre qu’ils sont
accusés d’avoir commis lors du conflit de Gaza l’hiver dernier.
Cette résolution réclame l’ouverture « d’enquêtes indépendantes,
crédibles et conformes aux critères
internationaux sur les graves violations du droit international
humanitaire et des droits de l’homme dont ils ont été accusés ».
La résolution demande au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon,
de lui faire un rapport dans les cinq
mois sur la mise en œuvre de ces exigences. Les accusations de
crimes de guerre étaient contenues dans le rapport controversé
de la commission du juge sud-africain Richard Goldstone, qui
avait été chargée par l’Onu d’enquêter sur la manière dont
s’était déroulé le conflit. Jusqu’ici, l’Etat hébreu n’a pas
annoncé la création d’une commission d’enquête
et continue d’ignorer les demandes
internationales.
A cela s’ajoute le scandale du meurtre d’un
membre du Hamas à Dubaï, dans lequel le Mossad serait impliqué
et aurait utilisé des passeports
diplomatiques européens. La police de Dubaï a publié une liste
de 26 suspects porteurs, selon elle, de vrais-faux passeports
(12 Britanniques, six Irlandais, quatre Français, trois
Australiens et un Allemand), avec leurs photographies, indiquant
que les passeports étaient authentiques et que les suspects en
avaient fait une utilisation frauduleuse par usurpation
d’identité. Elle a également indiqué
que les meurtriers de Mabhouh avaient utilisé une drogue pour le
paralyser avant de l’étouffer. Mais, toujours selon la police,
tous les suspects dans le meurtre du cadre du Hamas Mahmoud Al-Mabhouh
ont regagné Israël, rendant ainsi difficile leur arrestation. De
leur côté, les responsables israéliens affirment que rien ne
prouve l’implication du Mossad, même si les médias de l’Etat
hébreu laissent clairement entendre qu’il
est bien responsable de ce crime. Ils maintiennent ainsi
leur politique habituelle : mettre leurs plans à exécution et
ignorer tout le monde aussi bien pour ce qui est de la
controverse autour des lieux saints, ou du scandale de Dubaï, ou
du rapport Goldstone.
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AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 3 mars 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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