|
Al Manar
Égypte : le spectre
de la contre-révolution !!!
Leila Mazboudi
Lundi 21 février 2011
La révolution en Egypte n’est pas encore terminée. Ses
dirigeants et partisans en sont de plus en plus conscients, et
craignent une contre-révolution commanditée par les restes du
régime déchu.
Leurs appréhensions sont nourries par la présence du président
déchu Hosni Moubarak à Charm Cheikh. « C’est un centre
hostile à la révolution » a stigmatisé le célèbre intellectuel
et ancien conseiller de Nasser, Mohammad Hassaneine Haykal. Ce
qui illustre pour lui « une situation dangereuse et
inquiétante » car « cela fait partie d’un plan de protection
dans un état policier ».
Haykal craint des directives provenant de Charm Cheikh, qui avec
l’aide d’éléments extérieurs et régionaux, versent dans des
tentatives de certaines forces internes de confisquer la
révolution.
Partageant cette perception, le journaliste égyptien Jamal Fahmi
voit d’un œil suspect l’effervescence des revendications qui ont
succédé à la révolution, surtout celles provenant des syndicats
d’ouvriers qui ont toujours été dirigés par les services de
sécurités de Moubarak.
« La présence de Moubarak en Égypte fait de lui un milieu
d’attraction pour toutes les forces qui profitaient de son
pouvoir. Un conseil de commandement de la contre-révolution a
été constitué à Charm Cheikh, avec l’aide de forces extérieures,
à leur tête Israël », affirmé Fahmi.
Même son de cloche de la part d’un chercheur de l’institut
AlAhram pour les études politiques et stratégiques, Nabil Abdel
Fattah selon lequel « il existe une véritable tentative de
renverser la révolution, en se contentant de ce qui a été
réalisé, pour essayer ultérieurement de récupérer ce qui a été
confisqué ».
Ce qui s’illustre selon lui par « l’obstination du Premier
ministre actuel, Ahmad Chafik, un ancien ami de Moubarak, de se
contenter de quelques remaniements ministériels partiels, en
rejetant la demande de changer tout le gouvernement, et en
refusant de geler les avoirs de Moubarak ».
Abdel Fattah soupçonne une implication de la confrérie des
Frères musulmans avec les restes du régime déchu, car leur
représentant, en l’occurrence Soubhi Saleh, est le seul qui a
été admis au sein du comité de remaniement de la constitution.
Relevant également que le président de ce comité, Tarek
AlBouchri, est connu pour ses tendances islamiques.
Les craintes d’Abdel Fatah sont largement partagées par un autre
chercheur d’AlAhram, Imad Jad, qui soupçonne les Frères
musulmans d’être le moyen utilisé pour la contre-révolution.
Selon lui la scène qui a présenté cheikh Karadoui, (venu du
Qatar où il est en exil depuis 30 ans), pour la prière de
vendredi dernier, ressemble à celle de l’Imam Khomeiny en Iran.
Ce qui constitue à son avis un message adressé par le régime
déchu « à l’extérieur comme quoi c’est ou bien moi, ou bien les
Frères musulmans ».
Jqde doute également de l’obstination de l’armée à vouloir
transférer le pouvoir dans un délai de six mois, qui à son avis,
est une durée insuffisante pour réaliser les buts de la
révolution. Raison pour laquelle il perçoit « un plan
infernal des partisans du régime déchu pour reprendre le
pouvoir, même au prix de bruler le pays ».
Pour sa part, l’ancien chef de l‘AIEA, Mohammad ElBaradei est
aussi angoissé pour la révolution, surtout si des élections sont
organisées trop top : « ces gens-là ont tout, l’argent,
les médias... Et le fait d’aller vite aux élections permet à
l’ancien régime de revenir à nouveau sur la scène politique avec
un nouveau visage », a-t-il appréhendé.
Qlors aue pour l'un des jeunes dirigeants de la révolution,
Chadi Ghazalé Harb, le seul et unique exploit de la révolution a
été la chute de Moubarak : « tous les symboles de l’ancien
régime sont toujours au pouvoir ; Omar Sleïmane qui est
vice-président, Zacharia Azmi (chef du bureau de l’ex-président)
en plus de tous les médias. Ils veulent préserver leur
prérogatives en se ralliant à la révolution », a-t-il regretté.
Harb a toutefois assuré que les rassemblements se poursuivront,
jusqu’à la réalisation des objectifs de la révolution.
Une manifestation est d’ores et déjà programmée pour le mardi
prochain.
Concernant les revendications mises au point par le conseil de
la révolution du 25 janvier, il s’agit de la démission du
gouvernement actuel, (auquel on déplore la présence de visages
de l’ancien régime) l’élimination de l’état d’urgence, la
libération de tous les détenus, la formation d’un conseil
présidentiel comprenant des civils et des magistrats connus pour
leur honnêteté, et le jugement de tous les hommes de médias qui
ont incité à tuer les révolutionnaires.
Sans oublier la dissolution du service de la sécurité d’état, la
restructuration du ministère de l’intérieur, la
dissolution du parti national de Moubarak, et la confiscation de
tous sièges, ainsi que la récupération de tous les biens pillés
de l’Égypte. En allusion aux milliards accumulés par Moubarak et
sa clique en trente années de pouvoir.
A ce sujet, une nouvelle découverte a été révélée par un centre
juridique égyptien, le Centre égyptien des droits économiques et
sociaux : un document assure que le président déchu avait déposé
en 1982, à la banque de l’Union suisse la quantité de 19 tonnes
de platine. Son coût était alors estimé à 15 milliards de
dollars. Le procureur général a été saisi de l’affaire !
Droits d'auteur© 2006 Al-Manar. Tous droits Droits réservés
Publié le 22 février 2011
Le sommaire de Leila Mazboudi
Le dossier
Egypte
Les dernières mises à
jour
|