Opinion
Les médias
français au garde-à-vous
devant Valérie Trierweiler
Laurent Brayard
Photo: La
Voix de la Russie - © AFP
Jeudi 27 juin 2013
A son arrivée en trombe sous fond
de scandales divers, de procès
intentés pour port de maillot de
bain disgracieux ou pour délit
d’écriture du roman de sa vie,
Valérie Trierweiler a depuis empilé
les comportements douteux, notamment
lors de cette visite du président où
elle tira par sa capuche un
cameraman pour l’empêcher de filmer
une
scène.
Quelques semaines plus
tard, après des déclarations
officielles ou officieuses sur
le ras le bol du président et du
gouvernement sur le « bashing »
des journalistes, les médias et
quelques humoristes sont
désormais sommés de cesser leur
acharnement, la troupe doit
retourner dans le rang !
Force est de constater en
effet que le ton a changé depuis
l’arrivée de François Hollande
en ce mois de juin, dans les
bas-fonds de son impopularité.
Après tout juste une année de
pouvoir, le président français
est en effet tombé au score
(truqué) de 31 % de
satisfaction, ce qui augure d’un
score réel tournant autour de
15-25 %. Mais les chiffres ne
peuvent pas toujours mentir et
les journalistes français, au
garde-à-vous ou non, n’ont pu
que se résoudre à écrire que
pour la première fois également,
François Hollande avait perdu
des points dans son propre
électorat de base. Les
socialistes eux-mêmes, s’il en
reste, désertent le terrain.
Déconfitures après déconfitures,
étrillés par les résultats
calamiteux du gouvernement dans
tous les domaines, certains
observateurs éclairés, notamment
des politiciens de diverses
formations déclarent que la
République elle-même serait en
danger.
C’est sans doute la raison
qui explique le changement subi
de ton et les stratégies un
tantinet pathétiques mais bien
onéreuses, des missions de la
première dame de France. Fière
et colérique, cette dernière
aura beaucoup de mal à rester
cantonnée dans le rôle assez peu
en corrélation avec le Gender
prônée et légiférée par la
fameuse loi de Mme Taubira.
Voyage humanitaire à Gao,
soutien à des ONG, visite
d’enfants malades ou estropiés
du Mali et de Syrie, soutien aux
femmes victimes de viols au
Congo, la leçon, indique
Philippe Martinat, grand
reporter au Parisien,aurait
été retenue : humilité, œuvre de
charité, malheureux et affamés,
il ne manque plus à Valérie
Trierweiler que l’antique
pouvoir des rois de France pour
soigner les écrouelles et
l’affaire sera
dans le sac.
Dans cet article qui va
dans le mouvement de
l’obéissance nationale, il est
aussi écrit que la première dame
« hystérisait la relation
de François Hollande avec
l’opinion »… Etrange
similitude entre la détestée et
tout aussi maladroite
Autrichiennehonnie et
malmenée par le peuple qui
voyait en elle une insulte à sa
condition. Les régimes passent,
mais l’histoire reste la même,
de Marie-Antoinette et Louis XVI
en passant par Danièle
Mitterrand et Valérie
Trierweiler, la recette du
pouvoir est vieille, ou presque
aussi vieille que les cabinets
d’aisance du palais de l’Elysée.
D’une manière amusante,
remarquons également que la
catégorie dans laquelle ledit
article a été placé dans les
lignes du grand quotidien
français, est « Femmes de tête
»… notons que si nous ne lui
souhaitons pas de la perdre, son
illustre et lointaine homologue
la perdit un jour d’octobre 93,
place de la Révolution
aujourd’hui rebaptisée avec
beaucoup d’humour, par des
plaisantins que Georges
Clémenceau n’auraient pas
reniés, place de la Concorde.
De la concorde toutefois,
il en faudra une certaine dose
pour que Valérie Trierweiler
fasse oublier les maillots de
bain, les duels au sabre avec
Ségolène Royal et quelques
déclarations pas si innocentes
sur Twitter. Le compagnon
enterré dans les sondages, la
compagne attaquée sur le coût
des « missions » et du « cabinet
» (de travail) de sa fonction de
première dame, jamais une épouse
d’un président de la République
ne fut aussi impopulaire et
montrée du doigt que Valérie
Trierweiler. En haut lieu, les
stratèges se sont mis au
travail, après avoir encaissé
des coups venus de toute part,
elle sera donc poussée sur le
devant de la scène pour une
confrontation (ou exposition)
dans les médias, invitée
prochaine de « C à vous » sur
France 5 durant 90 minutes, je
vous en prie !
Les Français versatiles
applaudissaient Marie-Antoinette
pour mieux la haïr par la suite.
Qu’en sera-t-il de Valérie
Trierweiler ? Il y a certes
beaucoup de malices pour un
historien de faire un parallèle
aussi audacieux et de rire de
l’affirmation non moins
audacieuse de Philippe Martinat
« que quelque chose a
bougé ». Dans le
monolithe de la politique
française, il sera difficile aux
Français, mêmes extrêmement
attentifs, de voir ce qui aurait
bien pu commencer à se mouvoir…
mais passons. « L’élégance
discrète » mise en avant
par l’auteur du Parisien
fera-t-elle oublier le port de
sabots crottés des mois
précédents ? Rien n’est moins
sûr. Qui vivra, verra.
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