La Voix de la Russie
Paris évoque une
zone d'exclusion aérienne en Syrie
Laurent Brayard
Photo: EPA
Vendredi 24 août 2012 Le ministre de la Défense
Monsieur Le Drian évoquait la
possibilité d’une zone d’exclusion
aérienne en Syrie. La déclaration du
ministre socialiste nous glace le
sang, reprenant les déclarations
d’Hillary Clinton à ce sujet, qui
avaient fait couler beaucoup
d’encre.
La France décidément
est actuellement dans les pas des
Etats-Unis et semble en toute chose
suivre ce que l’allié
Outre-Atlantique semble désirer. A
la question sur l’hypothèse de la
mise en place d’une interdiction
aérienne dans le ciel syrien, Le Drian a prudemment battu en retraite
mais il a lâché une petite
déclaration qui en dit long sur la
préparation de nombreux plans
vis-à-vis de la Syrie. S’il indique
qu’interdire le vol au-dessus de la
Syrie reviendrait à devoir lutter
contre l’aviation syrienne et donc
de fait entrer en guerre contre
elle, ce à quoi il se refuserait, il
souligne cependant que d’autres
solutions pourraient être envisagées
comme celle d’une zone particulière,
où l’interdiction aérienne pourrait
être mise en place, en évoquant une
bande de territoires le long de la
frontière turque.
L’inquiétant de
cette déclaration est qu’elle vient
tout de même du Ministre de la
Défense de notre gouvernement ce qui
laisse entendre que toutes ses
questions ont été déjà étudiées de
près et que la déclaration n’a pas
été lâchée sans une certaine analyse
de son effet. Elle signifie en
particulier derrière les mots, que
la coalition qui existe déjà de fait
contre la Syrie, formée de plusieurs
membres de l’OTAN et emmenée par les
Américains, la France, la Grande
Bretagne et même, une fois n’est pas
coutume, l’Allemagne, pense déjà à
établir une zone de protection pour
les rebelles. Il ne s’agit ni plus
ni moins que de créer un sanctuaire.
Toutefois, cela pourrait également
se traduire par un énième
avertissement envoyé à Bachar al-Assad,
sur le fait que les « alliés » ne
laisseront pas les rebelles syriens
et les mercenaires qui combattent à
leur côté, subirent une défaite
retentissante.
Car en créant un tel
couloir d’exclusion, nous nous
demandons bien en effet comment les
avions d’une possible coalition
devront faire sans devoir entrer
dans un conflit armé contre les
forces syriennes, et de fait
détruire tous les appareils syriens
qui se présenteraient dans cet
espace. Selon le scénario libyen, il
est évident que d’une zone
d’interdiction sensée protéger des
civils des bombardements de
l’aviation syrienne, la zone
pourrait bien à l’abri des regards
internationaux se transformer en une
zone d’interdiction et de soutien au
sol des forces rebelles, selon un
scénario que nous avons bien vu en
Libye. Le cas libyen est toutefois
particulier, puisqu’une partie bien
déterminée du pays se trouvait en
opposition contre le gouvernement.
En Syrie le front est partout, ce
qui bien sûr fait réfléchir sur
l’utilité réelle d’une telle mesure.
Si dorénavant l’idée
« faramineuse » du Ministre de la
Défense, pour le coup plutôt à
l’offensive, était juste de son
propre chef, nous nageons alors dans
un mauvais scénario où les hommes de
François se permettent réellement de
grandes libertés, mais nous en
doutons réellement. La déclaration
est tout de même assez troublante,
pour que nous nous en inquiétions,
notamment après l’aveu que la France
soutenait les rebelles par l’apport
de matériels non militaires. La
politique du Général De Gaulle est
loin, celle qui faisait prévaloir
une indépendance d’action et une
ligne franco-française. Monsieur Le Drian montre tristement au Monde que
contrairement à ce qui a pu être
écrit, les Socialistes poursuivent
une politique d’allégeance aux
Etats-Unis qui fut menée par
François Mitterrand en son temps, et
bien sûr par notre dernier Président
Nicolas Sarkozy.
Dans la situation
économique actuelle, il avait été
reproché à Monsieur Sarkozy, comme à
son époque le Roi Charles X, de
faire une guerre facile pour
détourner les Français de leurs
problèmes, en Libye. L’affaire
syrienne, ressemble bien, et de plus
en plus, à un nouveau défouloir
national, afin de ne pas trop
regarder en profondeur ce qui se
passe dans nos villes ou dans notre
porte-monnaie. Nous serions curieux
de savoir le coût de l’aide apportée
aux mercenaires en Syrie… ou de
celui des avions qui effectuerait
cette fameuse interdiction le long
de la frontière turque, dans tous
les cas, elle proviendra de vos
impôts chers concitoyens !
© 2005-2012 La Voix de la Russie
Publié le 27 août 2012 avec l'aimable
autorisation de La Voix de la
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