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Le Quotidien d'Oran
L'Occident est en
train de rater une opportunité historique
Kharroubi Habib
Mercredi 9 février 2011
Le maintien de Hosni Moubarak à son poste, défendu par
l'armée et soutenu par les Etats-Unis et d'autres puissances
occidentales, fait que la mobilisation populaire ne désarme
pas en Egypte et que la concertation entre le pouvoir et
l'opposition dans le cadre du dialogue initié par le
vice-président Omar Souleimane achoppent sur cette question.
Pour aussi conciliants qu'ils voudraient l'être, les partis
et personnalités ayant accepté de prendre part à ce dialogue
ne peuvent donner leur aval à une solution qui verrait
Moubarak continuer à exercer ses prérogatives
présidentielles. En l'agréant, ils se couperaient du peuple
qui campe dans son exigence d'un départ immédiat du vieux
dictateur.
Un compromis a été présenté au vice-président Omar
Souleiman, qui l'a refusé, consistant à ce que le président
contesté lui délégue ses pouvoirs conformément aux
prérogatives que lui donne l'article 139 de la Constitution.
En fait, en excluant que Moubarak soit d'une façon ou d'une
autre mis hors course, l'armée et le sérail entendent faire
la transition à leur condition et selon une règle du jeu
édictée par eux. Les Américains font pression pour qu'il en
soit ainsi. Une transition en dehors du garde-fou que
constitue sa conduite par l'entourage de Moubarak est trop
incertaine à leurs yeux, car risquant de déboucher sur
l'instauration d'un pouvoir susceptible de ne plus tenir
compte de leurs intérêts géostratégiques en Egypte et dans
la région du Moyen-Orient.
En somme, les Etats-Unis, relayés par les tenants du
pouvoir égyptien en place encore, manœuvrent pour que des
réformes soient engagées dans le pays, mais sans qu'elles
donnent lieu à la rupture et au changement radical que les
manifestants de la place Ettahrir exigent en guise
d'alternative structurante de l'après-Moubarak. Enfermés
dans les préjugés dévalorisants qu'ils cultivent à l'égard
des peuples arabes et s'étant faits à la conviction que le
démantèlement des pouvoirs dictatoriaux en place dans la
région ne se fera qu'au profit des islamistes.
Les Etats-Unis et l'Occident sont en train de passer à côté
d'une opportunité historique de contribuer à
l'affaiblissement de l'influence de ces islamistes dans le
monde arabe. Les révolutions populaires qui ont éclaté en
Tunisie et en Égypte sont d'essence démocratique. Leur
aboutissement est la chance qu'auront les courants
démocratiques de ces pays d'offrir à leurs peuples une
alternative de cette nature, crédible. Faute de quoi, ces
peuples, à nouveau floués dans leurs aspirations, verront
dans ces islamistes l'ultime recours contre le statu quo
dans lequel l'étranger veut maintenir leurs pays.
Les révolutions pour lesquelles les Tunisiens et les
Egyptiens se sont mobilisés s'inscrivent en totale
contradiction avec la stratégie et les objectifs qui sont
ceux des islamistes extrémistes, dont Ben Laden et son
organisation terroriste Al Qaïda. Que l'Occident s'acharne à
vouloir les vider de leurs revendications démocratiques et
libertaires en essayant de les détourner sur des compromis
au contenu lourd d'une menace de retour aux régimes
autoritaires et inféodés aux politiques occidentales, est la
démonstration de son aveuglement. Cela veut dire en effet
qu'il n'estime pas les peuples arabes mûrs pour la
démocratie et l'exercice de celle-ci. Pourtant, c'est bien
tout ce que véhicule le vent qui souffle sur le monde arabe.
La volonté et la détermination de ses peuples à bâtir une
voie autre que celle de vivre sous régime dictatorial, qu'il
soit laïc ou islamiste.
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