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Le Quotidien d'Oran
Quand Mitchell se
souvient qu'Amr Moussa existe
Kharroubi Habib
Amr Moussa - Photo: RIA Novosti
Mardi 5 octobre 2010
Le Fatah, et dans son sillage l'OLP, ayant durci le ton face au
refus israélien de proroger le moratoire gelant la colonisation
juive en Cisjordanie, George Mitchell, l'envoyé spécial
américain pour le Proche-Orient, a entrepris une démarche assez
exceptionnelle pour un diplomate états-unien de ce rang. Celle
de rencontrer le secrétaire général de la Ligue arabe.
Il n'est pas besoin d'avoir été présent à la discussion qu'ont
eue au Caire Mitchell et Amr Moussa pour savoir ce que
l'émissaire américain est venu lui demander. L'Amérique attend
de l'organisation arabe qu'elle plaide auprès de Mahmoud Abbas
et de la direction palestinienne la poursuite des négociations
directes avec Israël en dépit du refus opposé par Benyamin
Netanyahu à la prorogation du gel de la colonisation.
En sacrifiant à une démarche qui n'est pas coutumière à la
diplomatie américaine, George Mitchell révèle que la médiation
des Etats-Unis s'est heurtée, côté palestinien, a une résistance
inattendue et qu'il n'a pu surmonter par les seules pressions
qu'il a exercées sur le président Mahmoud Abbas et son équipe de
négociateurs. Il compte pour y parvenir faire donner la Ligue
arabe, dont Mahmoud Abbas doit rencontrer les ministres des
Affaires étrangères le 8 octobre à Syrte (Libye), en marge d'un
sommet extraordinaire arabe.
Sauf que si les Palestiniens persévèrent dans leur position de
suspendre les négociations avec Israël tant que se poursuivra la
colonisation en Cisjordanie occupée, la Ligue arabe se
déconsidérerait universellement en faisant pression sur eux pour
qu'ils changent d'attitude.
Car c'est en effet cette même Ligue arabe qui a donné son
approbation à la reprise des pourparlers directs
palestino-israéliens à la condition de la cessation de la
colonisation par Israël en Cisjordanie. Cette condition n'ayant
pas été remplie par la partie israélienne, toute pression arabe
sur les Palestiniens en vue de les pousser à rester à la table
des négociations équivaudrait à l'aval par le monde arabe du
fait accompli de l'Etat hébreu.
Benjamin Netanyahu n'est pas sans ignorer que des Etats arabes
de la région, accaparés par d'autres enjeux régionaux pour
lesquels ils ont intérêt lié avec son pays, feront le forcing à
l'occasion de la réunion de Syrte pour obtenir l'accord de
Mahmoud Abbas à la poursuite des négociations avec Israël. Il
est conforté sur cette voie en leur fournissant l'argumentaire
qu'ils devront développer devant les représentants palestiniens,
à savoir «que durant dix-sept ans, les Palestiniens ont négocié
avec Israël, alors que la construction se poursuivait dans les
colonies».
Ce à quoi, si Mahmoud Abbas est réellement déterminé à s'en
tenir à son exigence, n'aura à répliquer qu'en mettant en avant
le tragique bilan de ces dix-sept années de négociations pour le
peuple palestinien et de faire valoir que la poursuite de la
colonisation est en train de vider de son sens cette négociation
en réduisant à l'inacceptable pour les Palestiniens les
territoires où est censé être établi leur éventuel Etat
national.
Les Arabes peuvent-ils donner leur onction à pareil «marché des
dupes»? Il ne faut pas l'exclure, tant ils sont coutumiers dans
le reniement s'agissant du conflit israélo-palestinien.
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