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Le Quotidien d'Oran
Moubarak fait donner
ses nervis
Kharroubi Habib
Jeudi 3 février 2011
Moubarak a décidé de s'accrocher au pouvoir, même au prix d'une
guerre civile dans son pays. Non content de défier le peuple qui
exige son départ en lui annonçant qu'il ne démissionnera pas, il
a commis le crime de rameuter les partisans qui lui restent pour
les envoyer contre les manifestants hostiles à sa décision.
L'intervention de ces briseurs de manifestations vise à créer
une situation obligeant l'armée, jusque-là apparemment neutre, à
intervenir pour faire cesser les affrontements et, du même coup,
mettre un terme aux manifestations populaires hostiles au
maintien au pouvoir de Moubarak. Le vieux dictateur a ainsi joué
son ultime va-tout.
Il faut dire qu'il y a été encouragé par les prises de position
des principales puissances internationales, dont principalement
les Etats-Unis. Toutes se sont limitées à prodiguer «le conseil»
d'organiser «une transition ordonnée». Vague conseil que
Moubarak n'a pas interprété comme son lâchage par ces puissances
et donc conforté dans son refus de démission.
Le peuple égyptien ne se laissera pas intimider par la
provocation organisée et manipulée par Moubarak et son camp. Ce
qui augure que la situation dans le pays va devenir
incontrôlable. L'armée, qui a publiquement admis la légitimité
des revendications populaires et donc implicitement le départ du
président contesté, ne peut laisser faire celui-ci jusqu'à
provoquer la guerre civile au sein du peuple égyptien. Il en va
de même pour ces puissances étrangères qui expriment la même
appréciation sur ces revendications populaires, mais dont le
silence sur le sort de Moubarak a redonné de l'espérance à ses
partisans.
Il est temps que le vieux dictateur soit ramené au sens des
réalités, dont celle qui montre qu'il n'a plus aucune légitimité
à rester au pouvoir, fût-ce une journée encore.
A moins que les pressantes pressions d'Israël tant à destination
de l'armée égyptienne que des chancelleries américaine et
européennes, faisant valoir que le maintien du dictateur est la
seule solution pour l'Egypte, aient porté leurs fruits. Et c'est
bien ce que semble indiquer la liberté de manœuvre dont
disposent Moubarak et ses partisans.
De relativement pacifique, la révolte du peuple égyptien menace
de se transformer en tragique confrontation uniquement parce
qu'un vieux dictateur déconnecté de son peuple s'accroche au
pouvoir, encouragé par le comportement d'une armée et de
puissances étrangères ayant opté entre lui et son peuple pour
l'équidistance dans l'appui.
Il est vrai que le soulèvement populaire dont l'Egypte est le
théâtre s'inscrit en contradiction avec les intérêts dont cette
armée est partie prenante et ceux en Egypte et dans la région de
ces puissances étrangères. Que son reflux et son extinction
soient le résultat de la descente dans la rue des nervis
stipendiés par Moubarak, son parti et son gouvernement ne
seraient pas pour les «horrifier». Au peuple égyptien et à
l'opposition de démontrer que les soubresauts d'un dictateur et
d'un régime en fin de parcours ne les feront pas renoncer à leur
révolution.
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