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Donner
des gages pour la Palestine
Karim Mohsen
Photo Al-Ahram
18 décembre 2007 Financer
le futur Etat palestinien! C’est à l’évidence tout un
programme. C’est du moins l’ambition que s’est assignée la
France qui organise la conférence des donateurs pour un «futur
Etat» palestinien. L’intitulé de la conférence lui-même,
suggéré par Paris, se voulait un gage pour le succès d’une réunion
importante (financièrement) pour les Palestiniens qui espèrent
engranger 5,6 milliards de dollars, mais sans doute surtout
politiquement. En effet, avoir l’argent, c’est bien, donner un
début de concrétisation à l’Etat palestinien, c’est mieux.
S’il existe un consensus international autour de la nécessité
de la création de l’Etat palestinien, reste néanmoins en
question, sa mise en oeuvre alors que le statut de cet Etat, ses
frontières, le sort de Jérusalem-Est, notamment, demeurent en
suspens. Cela est dû plus à l’absence d’un véritable
engagement pour la paix de la part d’Israël et à
l’ambivalence dont fait montre la communauté internationale qui
s’est interdit, jusqu’ici, de faire pression sur l’Etat hébreu
pour l’amener à prendre et assumer ses responsabilités dans le
processus de paix israélo-palestinien. En effet, au moment où
plus de 90 pays et organisations internationales se rencontrent à
Paris pour réunir la somme indispensable pour permettre à l’Autorité
palestinienne de mettre en route les institutions de son futur
Etat, Israël continue, encore et toujours, à souffler le chaud
et le froid. Ainsi, au lendemain même de la conférence d’Annapolis
(Etats-Unis) du 27 novembre, Israël a lancé un appel d’offres
pour la construction de nouveaux logements dans le quartier de Har
Homa à Jérusalem-Est. Au moment où s’ouvre la conférence de
Paris, le gouvernement israélien annonce la reprise des travaux
controversés sur l’Esplanade des Mosquées, alors que se
poursuit l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie.
Ces actions ne peuvent être considérées comme des gages de paix
de la part d’Israël qui ne peut prétendre avoir la paix et la
terre. C’est l’un ou l’autre, sûrement pas les deux. Les décennies
de guerre sont là pour le rappeler. Dès lors, il appartenait au
Conseil de sécurité de trancher cette question -qui conditionne
en vérité l’existence du futur Etat palestinien par la délimitation
de ses frontières, notamment par le retour à la ligne verte
d’avant le 7 juin 1967- en exigeant d’Israël de se mettre en
conformité avec la résolution 242 de juin 1967. Les négociations
entre Palestiniens et Israéliens n’aboutiront jamais si on
laisse aux Israéliens -qui n’ont cessé de fractionner les
territoires palestiniens occupés- le soin de décider seuls de
l’assiette du futur Etat palestinien. Aussi, la question des
frontières de l’Etat palestinien, qui conditionnera
l’existence même de cet Etat, ne peut être abandonnée au seul
bon vouloir des Israéliens. Ne pas comprendre cela, c’est
courir le risque de nouvelles désillusions comme celle d’Oslo,
suivie de l’échec de tous les plans mis en place à cause de
l’intransigeance d’Israël et sa prétention d’avoir la paix
et la sécurité sans céder la terre. Or, par la poursuite des
constructions dans les colonies, par les travaux entrepris sur
l’Esplanade des Mosquées, Israël montre surtout qu’il
n’est pas prêt, si jamais il l’a été, pour une paix véritable
avec le peuple palestinien. D’autant plus que l’existence de
deux Etats (Israël et la Palestine) suppose que l’Etat hébreu
se retire totalement des territoires occupés en 1967, pour donner
un tant soit peu, sens et crédit à la solution envisagée par la
conférence d’Annapolis qui a connu hier, un début de mise en
oeuvre par la réunion des donateurs à Paris, en attendant la
prochaine réunion de Moscou en janvier. Droits de
reproduction et de diffusion réservés © L'Expression
Publié le 19 décembre avec l'aimable autorisation de l'Expression
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