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Opinion
Palestine. La farce
diplomatique
Julien Salingue
Samedi 11 septembre 2010
« Relance du processus de paix », « reprise des pourparlers
directs », « retour à la table des négociations »… Des mots
familiers ont fait leur retour dans les médias. Le 2 septembre,
le président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre
israélien Benyamin Netanyahu se sont rencontrés à Washington,
sous la houlette d’Hilary Clinton. Cette rencontre est présentée
comme la première d’un nouveau « cycle de négociations », censé
poser les bases d’un « accord-cadre », permettant d’aller vers
un « règlement définitif » du conflit opposant Israël aux
Palestiniens. Rien de moins. Qui peut raisonnablement penser que
cette nouvelle farce diplomatique puisse aboutir ?
Voilà 20 ans que le discours sur le « processus de paix » s’est
mis en place. À l’époque, des négociations secrètes allaient
aboutir sur les accords dits d’Oslo et sur la poignée de main,
en septembre 1993, entre Ytzahk Rabin et Yasser Arafat sur la
pelouse de la Maison blanche. Une nouvelle ère allait s’ouvrir,
disaient-ils. Mais ces accords n’ont en aucun cas amélioré les
conditions de vie des Palestiniens et ont, au contraire, permis
à Israël de renforcer son emprise sur les territoires occupés
tout en transformant le noyau dirigeant du mouvement national
palestinien en sous-traitant de l’occupation. Aucune question
cruciale n’a été réglée, et en septembre 2000 la population
palestinienne s’est de nouveau soulevée pour faire entendre ses
revendications.
Dix-sept ans plus tard, il est surréaliste de considérer que les
rencontres Abbas-Netanyahu puissent « débloquer » la situation.
Le nombre de colons a plus que triplé. Un mur de plus de 700
kilomètres a réduit les « territoires palestiniens » à des
enclaves encerclées par les troupes israéliennes. Le
gouvernement israélien actuel est le plus à droite de l’histoire
du pays, et Netanyahu a déjà annoncé qu’il ne ferait aucune
concession sur Jérusalem, sur les réfugiés, et qu’Israël
garderait le contrôle sur la vallée du Jourdain.
Mahmoud Abbas, dont le mandat s’est achevé il y a maintenant
dix-huit mois, n’est en aucun cas représentatif de la population
palestinienne et de ses aspirations. La signature d’un document
avec Netanyahu constituerait son énième, et probablement
dernier, acte de trahison. Quant aux États-Unis, il est tout
simplement indécent de considérer qu’ils puissent être un
arbitre entre les deux parties. Ils jouent davantage le rôle de
sélectionneur, sinon de capitaine, de l’une des deux équipes.
Si l’on ajoute que le Hamas, première force politique
palestinienne lors des dernières élections, est exclu des
discussions, on comprendra que les gesticulations diplomatiques
ne sont rien de plus qu’un écran de fumée permettant à l’État
d’Israël de poursuivre sa politique du fait accompli et
d’imposer, à terme, un « règlement » à son seul avantage, niant
les droits des Palestiniens. Nos regards doivent donc se tourner
vers celles et ceux qui continuent de se mobiliser dans les
territoires palestiniens et appellent les populations du monde
entier à se mobiliser pour isoler l’État d’apartheid au travers
de la campagne BDS.
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