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IRIN
EGYPTE: Des milliers de Gazaouis vont au Caire
se faire soigner
Des Gazaouis traversent le
poste-frontière de Rafah tous les jours pour aller se faire
soigner en Égypte
Photo: Amr
Emam/IRIN
LE CAIRE, 30 juin 2010 (IRIN)
Des milliers de Gazaouis profitent de
l'ouverture de la frontière égyptienne depuis le 1er juin pour
se faire soigner pour diverses maladies dans les hôpitaux du
Caire, en Egypte.
« Le blocus imposé par Israël a tout dégradé à Gaza. Les gens ne
peuvent pas trouver les choses les plus simples pour satisfaire
leurs besoins », a dit Sayed Abu Asi, un Gazaoui de 40 ans dont
le fils de six ans, Mohamed, souffre d'une malformation grave à
la jambe droite.
À cause de la pénurie de matériel médical et de médicaments à
Gaza, il essayait depuis des mois d'amener son fils en Égypte
pour le faire soigner, mais le poste-frontière de Rafah était
toujours fermé.
Au lendemain de l'opération militaire israélienne contre une
flottille transportant de l’aide humanitaire, le 31 mai dernier,
le président égyptien, Hosni Moubarak, a donné l'ordre
d'ouvrir la frontière - le seul passage entre Gaza et le
monde extérieur qui ne soit pas contrôlé par Israël (mis à part
les tunnels illégaux entre Gaza et l'Égypte) - pour une durée
indéterminée.
Le 1er juin, M. Abu Asi et son fils ont réussi à passer le
poste-frontière de Rafah et le garçon est maintenant soigné à
l'institut médical Nasser, au nord du Caire, un des hôpitaux
offrant des soins gratuits aux Palestiniens.
Selon le gouvernement égyptien, quelque 16 000 Gazaouis ont
jusqu'à maintenant traversé la frontière égyptienne à un rythme
contrôlé d'environ 500 personnes par jour. Toutes les personnes
interrogées par IRIN se sont plaintes du sentiment d'impuissance
qu'elles éprouvaient à Gaza à cause des restrictions sévères aux
importations et aux exportations et de l'impossibilité de
reconstruire les maisons et les infrastructures endommagées.
« Il n'y a pas de mots pour décrire la situation à Gaza », a dit
Sami Abdeen, un autre patient de l'institut médical Nasser. « Il
n'y a pas de nourriture, pas de médicaments, rien du tout. Les
Israéliens ne laissent même pas entrer du ciment dans la bande
[de Gaza] pour que nous puissions reconstruire les maisons
qu'ils ont détruites l'an dernier ».
[Voir
la galerie de photos : des maisons en briques crues à Gaza]
Israël a allégé en partie le blocus économique de Gaza, vieux de
trois ans, en autorisant certains produits humanitaires
auparavant interdits. Les Nations Unies, les organisations
humanitaires et la communauté internationale ont cependant
demandé instamment à Israël de lever complètement le blocus, que
le pays affirme maintenir pour des raisons de sécurité.
Mohamed, un
Gazaoui de six ans, souffre d'une malformation grave à la jambe
droite
Photo: Amr Emam/IRIN
Le système de santé de Gaza « n'a
jamais été pire »
Dans un
communiqué de presse daté du 14 juin, le Comité
international de la Croix-Rouge (CICR) a dit que l’assistance
humanitaire à elle seule ne suffisait pas pour sortir Gaza de la
situation alarmante dans laquelle elle se trouve. « Le blocus
imposé à la bande de Gaza empêche toute véritable possibilité de
développement économique. Les Gazaouis continuent à lutter
contre le chômage, la pauvreté et les effets de la guerre, et le
système de soins de santé est au plus mal », a indiqué le
communiqué.
Selon le CICR, les stocks de fournitures médicales essentielles
sont au plus bas à Gaza « du fait du manque de coopération entre
les autorités palestiniennes à Ramallah et Gaza ». À la fin du
mois de mai 2010, 110 des 470 médicaments jugés vitaux, comme
ceux destinés aux chimiothérapies ou aux traitements contre
l’hémophilie, étaient épuisés. Plus de 110 des 700 articles
jetables qui devraient être disponibles étaient aussi en rupture
de stock.
« Le système de santé de Gaza n’a jamais été pire », a dit
Eileen Daly, coordonnatrice du CICR chargée de la santé à Gaza.
« La question de la santé a pris une tournure politique : c’est
principalement pour cette raison que le système est défaillant.
Si rien n'est entrepris, les choses ne peuvent qu'empirer. Des
milliers de patients pourraient être privés de traitement, et
les perspectives à long terme sont de plus en plus préoccupantes
».
Cette situation a conduit M. Abu Asi et des milliers d'autres
Gazaouis à se rendre en Égypte.
« La plupart de ces personnes souffrent de maladies chroniques
dues aux conditions difficiles dans lesquelles ils vivent à
Gaza. Certains ont une insuffisance rénale, d'autres ont des
tumeurs cancéreuses, mais la majorité souffre de malformations
osseuses », a dit à IRIN Bahaa Abu Zeid, directeur de l'institut
médical Nasser, avant d'ajouter que l'hôpital recevait 70
patients palestiniens par jour.
« La triste réalité, c'est qu'une génération complète de
Gazaouis sera dépendante pour le reste de sa vie », a dit M. Abu
Asi. « De jeunes gens ont perdu une jambe dans des attaques
israéliennes. Ils auront toujours besoin d'aide en vieillissant
».
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