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IRIN
La santé et l'économie s'améliorent légèrement en Cisjordanie,
mais se détériorent à Gaza
Un vieil homme assis devant la
tente qui lui a été fournie par l’UNRWA, dans le nord de Gaza.
Sa maison a été détruite pendant la guerre - Photo: Suhair
Karam/IRIN
DUBAI, 20 mai 2010 (IRIN)
Dans un contexte de faiblesse économique, de
hausse du chômage et de détérioration des installations
d’électricité, d’assainissement et de santé, la santé des
habitants de Gaza continue à se dégrader, d’après un récent
rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Par
contraste, la situation s’est légèrement améliorée en
Cisjordanie.
[Voir
le diaporama sur la vie à Gaza]
Du fait du blocus imposé par Israël à la bande de Gaza, 98 pour
cent des activités industrielles ont cessé depuis 2007, et le
territoire est confronté à des pénuries aigues de carburants, de
liquidités, de gaz de cuisine et d’autres produits de base.
« Nous disons à tout le monde de ne pas construire des murs tout
autour de Gaza. C’est ce que nous disons haut et fort », a dit à
IRIN Filippo Grandi, Commissaire général de l’Agence des Nations
Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
« Si Gaza est encerclée de toutes parts par des murs, elle ne
peut qu’exploser. C’est presque une loi de la physique. Et cela
serait une catastrophe pour tout le monde autour – pour les
Egyptiens, pour les Israéliens, et pour la région dans son
ensemble. »
D’après lui, le plus important est de continuer à négocier avec
les Israéliens pour obtenir que le plein accès à
l’approvisionnement soit accordé dans la légalité – via des
points de passage, et non via des
tunnels illégaux..
Interdiction des importations
L’interdiction des importations de matériaux de construction a
non seulement empêché la reconstruction de quelque 6 400 maisons
détruites ou gravement endommagées par l’opération militaire
d’Israël à Gaza en 2008-2009, mais aussi la construction
d’environ 7 500 maisons pour faire face à l’augmentation de la
population. Quelques 3 500 familles sont encore déplacées.
« La position israélienne est qu’ils doivent être absolument
sûrs que tout ce qui entre dans Gaza via les points de passage
du côté israélien sera utilisé à des fins civiles ou
humanitaires », a dit M. Grandi, de l’UNRWA. « Les Nations Unies
ont développé des outils considérables pour surveiller [les
importations], et nous les avons soumis aux Israéliens pour
approbation. S’ils veulent, nous pouvons apporter toutes les
garanties du monde. Notre problème est que malgré toute cette
assistance, nous ne pouvons pas importer. »
Les problèmes de santé liés à l’eau sont répandus dans la bande
de Gaza à cause du blocus et de l’opération militaire
israélienne à Gaza, qui a détruit les infrastructures d’eau et
d’assainissement, dont notamment des réservoirs, des puits, et
des milliers de kilomètres de canalisations.
« Gaza n’est pas un camp de réfugiés dans une zone isolée. C’est
une ville d’un million et demi d’habitants, avec les besoins
d’un environnement urbain développé habitué à certains
standards. Elle a besoin d’un certain niveau d’entretien. C’est
le cas [dans le domaine de] l’approvisionnement en eau et de
l’assainissement. Nous sommes très inquiets à ce sujet, et les
Egyptiens et les Israéliens devraient l’être aussi. Tout le
monde devrait être inquiet car l’eau contaminée n’a pas de
frontières », a dit M. Grandi.
Une crise de l’électricité se poursuit à Gaza, où le réseau
n’est capable de couvrir que 70 pour cent de la demande, car la
centrale électrique de Gaza manque de carburant faute d’argent
pour en acheter davantage, et parce que le manque de pièces
détachées provoque des pannes techniques.
Par contraste, l’économie de la Cisjordanie semble enregistrer
une croissance depuis le début 2009, en partie grâce à une forte
mobilisation des bailleurs, mais aussi parce qu’Israël a réduit
les restrictions de mouvement sur ce territoire, et parce qu’une
amélioration de la situation de sécurité a favorisé la confiance
des investisseurs et dynamisé l’activité économique.
Environ 70 pour cent des
ménages reçoivent une aide alimentaire
Photo:
Suhair Karam/IRIN
Chômage, pauvreté
Dans les Territoires palestiniens occupés (TPO), le chômage
était de 31,4 pour cent au troisième trimestre 2009, ce qui
représente une légère baisse par rapport à la même période en
2008, bien que le chômage des jeunes se soit maintenu à 67 pour
cent. En mai 2008, seulement une femme sur sept travaillait, et
70 pour cent des familles vivaient avec moins d’un dollar par
jour, d’après le rapport de l’OMS.
Au troisième trimestre 2008, 51 pour cent des Palestiniens
vivaient au-dessous du seuil de pauvreté (56 pour cent à Gaza et
48 pour cent en Cisjordanie), et 19 pour cent dans une pauvreté
extrême.
Au deuxième semestre 2008, un tiers des ménages de Cisjordanie
et 71 pour cent des ménages de Gaza recevaient une aide
alimentaire ; l’alimentation représentant environ la moitié des
dépenses totales des ménages, les familles étaient très
vulnérables aux fluctuations des prix alimentaires. En mai 2008,
56 pour cent des habitants de Gaza et 25 pour cent des
Cisjordaniens étaient considérés comme étant en
situation d’insécurité alimentaire par les Nations Unies. A
Gaza, la
malnutrition chronique a augmenté ces dernières années,
atteignant 10,2 pour cent.
La situation se dégrade au moment même ou l’UNRWA – chargée
d’aider, de protéger et du plaidoyer en la faveur de quelque 4,7
millions de Palestiniens réfugiés en Jordanie, au Liban, en
Syrie et dans les TPO – prévoit un déficit de 25 pour cent dans
son budget de base. « L’UNRWA est une très grande machine qu’il
faut alimenter, et malheureusement, bien que les dons que nous
recevons augmentent, en réalité ils n’augmentent pas assez pour
couvrir les besoins », a dit M. Grandi.
Santé
De manière générale, les services de santé se sont améliorés en
Cisjordanie au cours de l’année dernière, grâce à l’allègement
des restrictions de mouvement et aux efforts du ministère de la
Santé palestinien, avec le soutien des bailleurs et d’autres
parties prenantes. Cependant, l’impact de la « barrière de
séparation » israélienne et les difficultés d’accès aux hôpitaux
à Jérusalem Est, auxquels près de 50 pour cent des patients
orientés par le ministère de la Santé étaient adressés en 2009,
restent problématiques.
A Gaza, le blocus israélien affaiblit le système de santé,
limitant la disponibilité des fournitures médicales et la
formation du personnel médical, et empêchant que les patients
dans un état grave ne soient transférés hors de la bande de Gaza
pour recevoir un traitement spécialisé.
L’opération militaire israélienne de 2008-2009 a endommagé 15
des 27 hôpitaux de la bande de Gaza et détruit 43 de ses 110
établissements de santé de base, dont aucun n’a été réparé ni
reconstruit à cause de l’interdiction des importations de
matériel de construction. Environ 15 à 20 pour cent des
médicaments essentiels sont fréquemment en rupture de stock, et
les établissements manquent de pièces détachées essentielles
pour de nombreux équipements médicaux, d’après le rapport de
l’OMS.
Des femmes
palestiniennes marchent le long de la barrière israélienne, près
de Ramallah, en Cisjordanie
Photo: Shabtai Gold/IRIN
En raison de cette situation, le taux de
mortalité infantile, qui avait connu une baisse régulière au
cours des dernières décennies, s’est stabilisé ces dernières
années, et pourrait même avoir augmenté à Gaza, où il est
environ 30 pour cent plus élevé qu’en Cisjordanie. La diarrhée
aqueuse, la diarrhée sanglante aiguë et l’hépatite virale sont
les principales causes de morbidité parmi les maladies
infectieuses recensées dans la bande de Gaza. r>
En général, on ne dispose d’aucune donnée fiable sur la
mortalité et la morbidité maternelle.
« Très souvent, les journalistes me demandent si je définis la
crise de Gaza comme une crise humanitaire, et voici ce que je
leur réponds : cela va bien au-delà de l’humanitaire. C’est
beaucoup plus grave », a dit M. Grandi. « On peut répondre à une
crise humanitaire en apportant des médicaments et de la
nourriture ; [ce qui se passe à Gaza] est beaucoup plus grave.
C’est avant tout une crise de l’économie – les gens sont très
pauvres. C’est une crise des institutions, et c’est une crise
des infrastructures. Il faudra des années pour résoudre [ces
problèmes]. »
Le rapport de l’OMS, publié le 13 mai, est l’aboutissement d’une
mission d’établissement des faits visant à évaluer la situation
sanitaire et économique des TPO, en réponse à la résolution
WHA62.2, adoptée lors de la 62ème Assemblée mondiale de la
santé, qui a notamment demandé qu’Israël « lève immédiatement le
bouclage du territoire palestinien occupé, en particulier la
fermeture des points de passage de la Bande de Gaza occupée, qui
est à l’origine de la grave pénurie de médicaments et de
fournitures médicales ».
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