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Oxfam demande la levée des entraves à la production d'olives
La récolte d'olives - Photo: Willow
Heske/Oxfam
LONDRES, 19 octobre 2010 (IRIN)
Oxfam demande la levée des entraves à la
production d’olives
Le premier jour de la récolte d’olives en
Palestine a officiellement débuté le 15 octobre, et Rani Ali et
sa famille – comme des centaines d’autres – étaient au milieu de
leurs oliviers, commençant à ramasser ce qui semblait être une
bonne récolte.
Mais Rani et sa famille ont un problème. Bien qu’ils ne fassent
pas partie des Palestiniens qui ont perdu la totalité de leurs
terres au profit de la construction de colonies ou pour laisser
la place à la barrière de sécurité du gouvernement israélien,
leur parcelle de 200 arbres est très proche de la colonie
israélienne de Qaddomim, et ils ont besoin d’une permission pour
se rendre sur leur propre terre.
« Hier, et avant-hier, nous avons essayé de récolter », a-t-il
dit à IRIN lors d’un entretien par téléphone, « mais l’armée est
arrivée et a dit, ‘Partez d’ici car vous n’avez pas de
permission’ ».
S’ils ont pu commencer à récolter le 15 octobre, c’est parce que
leur village, Kufr Qaddoum, est l’une des 30 coopératives
agricoles bénéficiant d’un projet financé par l’Union Européenne
(UE), et mis en place par Oxfam GB. Avec un peu d’aide
extérieure, la permission a finalement été accordée et 40
volontaires sont arrivés pour aider au ramassage des olives
aussi rapidement que possible.
Sans cette aide supplémentaire, il aurait fallu environ un mois
aux quatre travailleurs de sa famille pour récolter la
production des 200 arbres. Avec des permis qui sont souvent
bloqués jusqu’en novembre et ensuite accordés pour seulement
trois jours à chaque fois, la situation est très difficile. Et
si la récolte est tardive, la plupart des fruits sont gâtés et
ils obtiennent un prix inférieur pour leur huile.
Un porte-parole de l’administration civile des Forces de défense
d’Israël, cité par le
Jerusalem Post du 15 octobre, a dit que les autorités exigeaient
une demande officielle des propriétaires pour « l’entrée des
Palestiniens dans la zone de la barrière de sécurité pour des
besoins agricoles », ce qui demandait du temps pour être traité.
La situation politique dans les territoires palestiniens occupés
touche chaque aspect de la production pour les producteurs
d’olives comme Rani – leur capacité à prendre soin de leurs
arbres, quand et comment ils peuvent récolter, à qui ils peuvent
vendre leur huile, et les prix qu’ils obtiennent. Une
étude publiée par Oxfam, qui coïncide avec le début de la
récolte de cette année, détaille certains de ces problèmes.
Au pire, cela peut être la destruction même des arbres, soit par
le gouvernement israélien pour faire de la place pour des
constructions, soit par des colons hostiles dans la région. Le
rapport cite les Nations Unies disant que des milliers
d’oliviers ont été endommagés lors de ce qui a été qualifié «
d’incidents impliquant des colons », durant les six premiers
mois de cette année, sans que les autorités ne poursuivent
personne en justice.
Il y a ensuite des problèmes relatifs à la vente de l’huile
d’olive une fois qu’elle est produite. Postes de contrôle,
fermetures de routes et demandes de permis rendent plus
difficile et plus onéreuse la mise sur le marché des produits.
Gaza – avec une densité de population trop forte pour pouvoir en
cultiver elle-même – était un des principaux marchés pour
l’huile produite en Cisjordanie. Le blocus israélien de Gaza a
réduit l’accès à ce marché. Désormais, les habitants de Gaza
doivent compter sur l’huile produite en Espagne, en Syrie ou en
Egypte et entrée clandestinement par les tunnels. Beaucoup ont
aussi dû abandonner l’huile d’olive pour des alternatives moins
chères.
La construction de la barrière de sécurité a également restreint
l’accès au marché israélien, bien qu’Oxfam pense que des
quantités substantielles d’huile d’olive palestinienne arrivent
toujours en Israël par le biais de réseaux officieux, souvent
grâce à des commerçants palestiniens qui possèdent la
citoyenneté israélienne.
Les exportations sont freinées par le fait de devoir passer par
les ports ou aéroports israéliens, et le fait que l’huile
quittant les territoires palestiniens occupés doit être
déchargée au point de passage puis rechargée dans des véhicules
israéliens pour le trajet suivant. De nombreuses inspections aux
postes de contrôle génèrent des risques de dommage et de
détérioration, et rendent l’huile palestinienne peu compétitive
au niveau des prix.
Doubler les revenus
Oxfam souligne que l’agriculture est une source majeure de
travail formel et informel dans les territoires palestiniens
occupés. Le rapport note que dans une bonne année, « le secteur
de l’huile d’olive contribue, annuellement, à hauteur de plus de
100 millions de dollars de revenus pour certaines des
communautés les plus pauvres ». Avec un investissement et des
pratiques agricoles adéquats, Oxfam estime « que la productivité
et donc le revenu des producteurs d’huile d’olive pourrait
doubler ».
Le rapport fait des recommandations au niveau politique –
demandant au gouvernement israélien de lever les obstacles à la
culture et à la commercialisation de l’huile d’olive, et de
mettre un terme aux violences exercées par les colons, aux
confiscations des terres et des ressources palestiniennes. Il
demande également aux autorités palestiniennes de consacrer bien
plus d’attention et de ressources à l’agriculture
qu’actuellement.
Mais avec une situation politique si tendue, des producteurs
comme Rani tireront sûrement plus de bénéfices immédiats de
projets tels que celui d’Oxfam, projet dont l’objectif est
d’obtenir plus de profit des olives qu’ils produisent.
La meilleure huile d’olive peut se vendre à un prix très élevé.
Si les producteurs palestiniens peuvent se conformer aux normes
européennes de l’huile d’olive extra-vierge et obtenir des
certifications de commerce équitable et biologique, leur huile
atteindra des marchés spécifiques et obtiendra de bien meilleurs
prix. Et s’ils adoptent des méthodes de production améliorées,
ils devraient pouvoir équilibrer le cycle au cours duquel les
bonnes récoltes alternent avec des années de production plus
faible.
Oxfam estime que s’ils pouvaient changer le cycle des années
alternées en cycle d’une année à faible rendement sur quatre ou
cinq, ils pourraient augmenter leur production de 20 000 tonnes
d’huile d’olive par an à 35 000 tonnes.
Willow Heske, un représentant d’Oxfam dans le village de Kufr
Qaddoum, a dit à IRIN que sur les 150 ou 200 tonnes d’huile
produite annuellement par la coopérative, 15 tonnes pouvaient
maintenant être exportées sous les labels Biologique et Commerce
Equitable.
Mais il ne s’agit là que d’une faible quantité, et l’huile de la
famille de Rani n’en fait pas partie. « Parce qu’ils ne peuvent
pas travailler régulièrement sur leurs terres », a dit M. Heske,
« ils ne peuvent pas mettre en place les meilleures méthodes
agricoles, et ils ne pourront pas obtenir la certification ».
Même ainsi, alors que la première journée de récolte touche à sa
fin, Rani était heureux. Grâce aux volontaires, ils ont pu
ramasser beaucoup d’olives, et, a-t-il ajouté, « cette année va
donner une très, très bonne récolte ».
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