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IRIN
ISRAËL-TPO: Les Gazaouis pris
au piège
L’armée israélienne
a annoncé qu’elle était sur le point d’intensifier ses
opérations,
ciblées contre des militants à Gaza (photo d’archives)
Photo: Shabtai Gold/IRIN
TEL AVIV, 12 janvier 2009 (IRIN)
Le 10 janvier, les Palestiniens de la bande de
Gaza ont reçu des tracts, largués par avion, les avertissant que
l’armée israélienne était sur le point d’intensifier ses
opérations ciblées contre les militants de la zone, et leur
recommandant de prendre les précautions nécessaires.
Toutefois, on ignore véritablement ce qu’il reste à faire aux
Palestiniens de Gaza, qui, selon les Nations Unies, n’ont nulle
part où se réfugier.
« Il n’y a aucun lieu sûr à Gaza », a expliqué Allegra Pacheco,
directrice adjointe du Bureau des Nations Unies pour la
coordination des affaires humanitaires (OCHA) dans les
Territoires palestiniens occupés. Un point de vue dont Max
Gaylord, Coordinateur humanitaire des Nations Unies à Jérusalem,
s’est fait l’écho.
Le tract expliquait aux Gazaouis qu’ils devaient suivre
l’exemple récent des habitants de Rafah, qui ont fui le sud de
la bande de Gaza après avoir reçu des avertissements semblables,
les enjoignant de partir juste avant que les forces aériennes
israéliennes commencent à frapper la ville, située le long de la
frontière égyptienne.
Selon les autorités israéliennes, les militants palestiniens
empruntent des tunnels pour passer des armes en contrebande sous
cette frontière.
Des témoins ont déclaré que pas moins de 50 000 personnes
avaient fui la ville, et selon les Nations Unies, l’opération «
Cast Lead » (traduite par « Plomb durci »), menée par Israël
depuis le 27 décembre, a provoqué le plus important déplacement
forcé de populations palestiniennes depuis la guerre de 1967.
Nulle part où se réfugier
Si la plupart des Gazaouis sont déjà réfugiés depuis les
précédentes guerres, aujourd’hui, ils ne peuvent plus traverser
la frontière, le périmètre de leur territoire ayant été bouclé
de toutes parts. Leur seule solution est de trouver un lieu
relativement plus sûr à l’intérieur même de la bande de Gaza,
une des régions les plus densément peuplées de la planète.
Le dernier tract indiquait que l’armée israélienne continuerait
« à cibler les tunnels, les dépôts d’armes et les agents de la
terreur avec une force croissante dans toute la bande de Gaza.
Pour votre sécurité et celle de vos familles, éloignez-vous en
».
Un porte-parole de l’armée israélienne n’a pas pu expliquer,
pourtant, comment un civil gazaoui pouvait déterminer la
localisation des dépôts d’armes, ni comment il pouvait ensuite
éviter de s’en approcher, l’armée elle-même ayant d’ailleurs
indiqué que les militants se cachaient dans les zones civiles.
En outre, les lieux où les Palestiniens se sont réfugiés, y
compris les locaux des Nations Unies, ont été attaqués et des
civils ont été tués tandis qu’ils s’enfuyaient, selon les
témoignages recueillis par les organismes israéliens et
palestiniens de défense des droits humains.
Quelles cibles sont légitimes ?
La définition israélienne de ce qu’est une cible légitime a été
contestée par l’organisme israélien de défense des droits
humains B'tselem, qui rejette notamment les propos de l’armée
selon lesquels elle peut attaquer les infrastructures civiles du
Hamas, notamment les locaux du gouvernement et de la police. Le
droit international, affirme l’organisme, ne considère pas
ceux-ci comme des cibles militaires.
Si B'tselem a estimé que le Hamas commettait des « crimes de
guerre » en lançant des roquettes sur les civils israéliens,
l’organisme a reconnu que le mouvement islamiste était également
responsable de l’enclave, qu’il assurait la prestation des
services de base, et que ceux-ci ne devaient pas être ciblés.
La nuit du 10 janvier, comme il est devenu la norme récemment,
Israël a mené plus de 60 frappes aériennes au-dessus de la bande
de Gaza. Le 11 janvier, des membres du corps médical ont estimé
que l’offensive militaire israélienne, qui dure depuis plus de
deux semaines, avait fait plus de 850 morts, dont quelque 235
enfants, et plus de 3 500 blessés chez les Palestiniens. Au
cours de la même période, 13 Israéliens sont morts dans les
combats.
Phosphore blanc ?
Dans le même temps, un analyste militaire de Human Rights Watch,
organisation non-gouvernementale basée aux Etats-Unis, a affirmé
qu’Israël utilisait illégalement du phosphore blanc dans le
cadre de son offensive.
Si le droit international autorise l’usage de cette substance
comme écran de fumée, elle ne peut être employée à proximité des
populations civiles, car elle a un « effet incendiaire
?accidentel? susceptible de provoquer des brûlures graves et
d’incendier les structures, les champs et autres objets civils
situés à proximité ».
L’expert a vu l’armée utiliser cette substance au-dessus de
zones résidentielles peuplées et les médecins de l’enclave ont
signalé des cas de brûlures atypiques qu’ils ont des difficultés
à traiter.
L’armée israélienne a quant à elle assuré qu’elle agissait dans
les limites du droit international et n’employait ni armes, ni
tactiques illégales. Il reste difficile de vérifier de manière
indépendante les informations relatives à la situation à
l’intérieur de Gaza, les journalistes et les chercheurs n’ayant
toujours pas accès au territoire.
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