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IRIN
Pakistan:
Retour progressif à la normale
La vie a repris son cours normal dans le marché
Aabpara d'Islamabad
après l'assassinat de Benazir Bhutto le 27 décembre 2007
Photo:
David Swanson/IRIN
ISLAMABAD, 7 janvier 2008 (IRIN)
Un calme précaire est revenu au Pakistan, une
semaine après l’assassinat de Benazir Bhutto, leader de
l’opposition.
Près de 60 personnes ont été tuées au cours d’émeutes qui
ont secoué l’ensemble du pays pendant trois jours, à la suite
du meurtre de Mme Bhutto, ancien Premier ministre et chef du
populaire Parti du peuple pakistanais, le 27 décembre, à
Rawalpindi, une ville de garnison.
« La situation est plus ou moins revenue à la normale », a
estimé Naim Ahmed, 35 ans, qui tient un commerce au marché
Aabpara d’Islamabad. « Mais je ne sais pas ce que l’avenir réserve
à mon pays ».
« Tout peut arriver, maintenant », a averti Mohammed Faiz Abbasi,
marchand de fruits, qui a observé un ralentissement des affaires
ces derniers jours.
Pourtant, malgré les incertitudes, la vie des plus de 160
millions d’habitants du Pakistan revient lentement à la
normale.
Les rues, jonchées de déchets et de briques il y a quelque temps
encore, dans le sillage des troubles, ont été déblayées, et la
plupart des marchés et des boutiques du pays ont rouvert leurs
portes.
On craignait il y a peu une fixation des prix ou des pénuries
alimentaires ; pour la plupart, ces craintes ne se sont pas vérifiées,
et les queues interminables qui se formaient il y a quelques jours
encore devant les stations-service ont désormais disparu.
Les services de transport publics, gravement touchés par les
flambées de violence, ont en grande partie repris, et la plupart
des centres d’éducation ont rouvert leurs portes.
Mais selon plusieurs sources du gouvernement, ces flambées de
violence ont provoqué des dégâts considérables, estimés à
plusieurs centaines de millions de dollars.
Naim Ahmed, 35 ans, qui tient un commerce au
marché Aabpara d’Islamabad,
se dit inquiet pour l'avenir de son pays après l'assassinat de
Benazir Bhutto le 27 décembre 2007
Photo:
David Swanson/IRIN
Des banques et des bus incendiés
A Karachi, capitale commerciale du pays, des
centaines de bus et autres véhicules publics ont été incendiés
après la mort de Mme Bhutto, de même qu’un certain nombre de
banques, et les voies de chemin de fer qui reliaient la capitale
au reste du pays n’ont été rétablies que le 1er janvier.
Au moins 65 gares, 40 locomotives, 150 bus et autres
infrastructures auraient été gravement endommagés dans
l’ensemble du pays, ainsi qu’un certain nombre de bureaux de
vote, établis en vue des prochaines élections législatives,
initialement prévues pour la semaine prochaine.
Report des élections
Au moins 13 bureaux de vote ont été incendiés dans la seule
province du Sindh, fief de Mme Bhutto, au cours des sanglantes
manifestations qui ont secoué le pays ; des événements qui ont
pesé dans la décision du gouvernement de reporter les élections
au 18 février.
La Commission électorale pakistanaise soutient que ce report lui
donnera le temps d’achever la mise en place de dispositifs
bouleversés, selon elle, en raison de l’assassinat de Mme
Bhutto, à la suite duquel des urnes et du matériel électoral
ont notamment été détruits.
Le 2 février, au cours d’un discours télévisé à la nation,
le président Pervez Musharraf a déclaré que l’armée et les
forces paramilitaires interviendraient avec fermeté pour maîtriser
toute nouvelle flambée de violence et a appelé à la réconciliation
nationale, en vue d’élections libres et justes.
Préoccupations de sécurité
En attendant, la situation de sécurité étant déjà tendue dans
le pays, l’on s’inquiète de plus en plus à l’idée que
tout retard supplémentaire ne ferait qu’aggraver davantage les
tensions. « Je ne sais vraiment pas ce qui va se passer
maintenant », a observé Imran Mumtaz, 29 ans, habitant de
Rawalpindi. « On dirait que les choses ne font qu’empirer ».
En 2007, le Pakistan a été troublé par une série d’attentats
suicides, ciblés, pour bon nombre, sur les membres des forces de
sécurité et de l’armée du pays, à la suite de l’assaut –
ordonné par le gouvernement au début du mois de juillet – de
la Mosquée rouge d’Islamabad, où les érudits religieux et les
étudiants en théologie organisaient une campagne agressive
visant à la mise en application de la Charia dans la capitale.
Figure populaire de l'opposition, Benazir Bhutto
a été assassinée
le 27 décembre 2007 à Rawalpindi, Pakistan
Photo:
David Swanson/IRIN
En parallèle, l’opération militaire menée à
l’heure actuelle contre les militants talibans dans les zones
tribales de l’ouest du Pakistan, qui jouxtent l’Afghanistan, a
incité de nombreux habitants de la région à fuir – certains
auraient même traversé la frontière.
Dans certaines régions de la province de la Frontière du
Nord-Ouest (PFNO), en particulier dans les régions gravement
touchées par le tremblement de terre de 2005, les secours et les
efforts de reconstruction ont dû être réduits au début de
l’année, face à la multiplication des menaces et des actes
d’intimidation commis par des éléments extrémistes de la région.
Cet été, de nombreuses organisations non-gouvernementales (ONG)
opérant dans la PFNO ont même exprimé des préoccupations
concernant leur capacité à rester parfaitement opérationnelles
compte tenu de l’insécurité croissante qui règne dans le
pays, et les a incité à réduire leurs activités ou à les
suspendre complètement.
« En tant qu’ONG, nous sommes sans aucun doute des cibles
secondaires », avait alors affirmé Babar Aziz, directeur adjoint
des opérations d’International Rescue Committee (IRC), lors
d’un entretien accordé à IRIN.
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