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IRIN
Israël-TPO:
Le secteur médical touché par les sanctions israéliennes
Membres de la famille de Na'el al-Kurdi, 21 ans,
lors de ses funérailles à Gaza le 17 novembre 2007.
Na'el, qui souffrait d'un cancer, est décédé sans pouvoir aller
se faire soigner à l'étranger
en raison des restrictions de sortie imposées par Israël.
Photo:
Wissam Nassar/IRIN
JERUSALEM/GAZA,
6 décembre 2007 (IRIN) Les autorités sanitaires de la Bande de
Gaza se disent préoccupées par le sort de centaines de patients
qui ne peuvent se rendre en Israël ou dans d’autres pays pour
recevoir des soins vitaux et par le manque de matériel médical
essentiel, de médicaments et de carburant dans les hôpitaux
locaux.
Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé
(OMS), sur sept patients qui empruntaient le terminal de Rafah
pour se faire soigner en Egypte, un seul est aujourd’hui autorisé
à aller en Israël pour y poursuivre son traitement.
Depuis que le Hamas a pris le contrôle de Gaza, au mois de juin,
17 pour cent des patients ayant demandé une autorisation d’entrée
en Israël ont vu leur demande rejetée, essentiellement pour des
« raisons de sécurité ». Et en octobre, ce chiffre est passé
à 23 pour cent.
« Tout porte à croire qu’il est de plus en plus difficile de
sortir de Gaza pour se faire soigner », a commenté Mahmoud Daher
de l’OMS à Gaza.
Après la prise de contrôle de Gaza par le Hamas, les autorités
israéliennes ont adopté des mesures très sévères concernant
les entrées et sorties de la Bande de Gaza, en plus des
restrictions sur les importations et d’un embargo quasi-total
sur les exportations.
« Les cas de patients en attente de traitement deviendront plus
difficiles à gérer », a expliqué à IRIN Bassam al-Badri de la
direction des services de référence du ministère de la Santé
à Gaza. « Certains de ces patients devront se faire amputer
inutilement, et déjà quelques personnes sont placées dans les
unités de soins intensifs parce qu’elles n’ont pas pu être
soignées à temps ».
« J’étais très triste et inquiète de le
voir en train de mourir à la maison, sous mes yeux,
sans que je ne puisse rien faire ». Mère de Na'el al-Kurdi
Photo:
Wissam Nassar/IRIN
Au moins 13 personnes, qui avaient fait
toutes les démarches pour la demande d’autorisation de sortie,
sont décédées en attendant un traitement, selon des
organisations sanitaires. Une quinzaine d’autres patients sont décédés
alors que leur demande d’autorisation était en cours d’établissement,
ont expliqué les autorités du ministère de la Santé de Gaza.
Un de ces patients, Na'el al Kurdi, qui souffrait d’un cancer,
est mort en novembre à Gaza à l’âge de 21 ans. Avant le mois
de juin, il se faisait soigner en Egypte, mais depuis cette période,
et pour des « raisons de sécurité », il n’a pas pu se faire
soigner en Israël.
« J’étais très triste et inquiète de le voir en train de
mourir à la maison, sous mes yeux, sans que je ne puisse rien
faire », a confié Umm Rami, mère de Na'el al Kurdi. « Dans les
dernières semaines, il arrivait à peine à boire de l’eau ».
Selon l’organisation Médecins pour les droits de l’Homme –
Israël (Physicians for Human Rights-Israel, PHR-I), avec la
fermeture du passage frontalier de Rafah, bon nombre de personnes
soupçonnées de représenter une menace pour la sécurité ne
peuvent plus se faire soigner.
« Le minimum que nous demandons est qu’Israël garantisse
l’accès aux soins de santé à tous les patients nécessitant
des traitements en dehors de Gaza », a dit Miri Weingarten de
PHR-I.
Pénuries de fournitures médicales
Dans les hôpitaux, les ruptures de stocks concernent 91 des 416 médicaments
essentiels et près d’un tiers des fournitures médicales
essentielles, selon le ministère de la Santé et le bureau de
l’OMS à Gaza. On ne trouve plus, par exemple, d’antibiotiques
pour enfants.
De même, quelque 3 600 patients psychotiques ont dû arrêter
leur traitement, plus de la moitié des médicaments requis n’étant
plus disponibles, d’après les statistiques du Fonds des Nations
Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’OMS publiées par le
Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires
humanitaires (OCHA).
Les difficultés d’approvisionnement sont en grande partie liées
au problème fiscal que rencontre l’Autorité palestinienne
(AP), conséquence des sanctions financières imposées par la
communauté internationale à l’AP après la victoire du Hamas
aux élections législatives de 2006, et qui ont été levées en
juin après la constitution d’un nouveau gouvernement excluant
les membres du groupe islamiste.
Certains appareils de diagnostic dans les hôpitaux publics sont
en panne et les pièces de rechange font cruellement défaut, ce
qui oblige la population pauvre de Gaza à se tourner vers les
cliniques privées où les soins sont très onéreux. Par exemple,
sept des 17 incubateurs disponibles dans Gaza sont en panne, selon
l’OMS.
Les effets du manque de carburant
Les effets de la suspension des livraisons de carburant par Israël
commencent déjà à se faire sentir dans le secteur de la santé.
« Les voitures du ministère manquent de carburant », a indiqué
Mu'awia Hassanien, directeur de services d’urgence au ministère
de la Santé à Gaza, une situation qui affecte les unités itinérantes
de santé, a-t-il fait remarquer.
« Pour nos groupes électrogènes, 60 à 70 pour cent de nos
besoins en gasoil ne sont pas couverts, et les coupures d’électricité
sont très fréquences ces jours-ci », a-t-il ajouté.
Les autorités sont inquiètes pour les systèmes de réfrigération
et pour les unités de soins intensifs des hôpitaux, si toutefois
Israël venait à couper l’électricité dans les prochains
jours. Selon OCHA, la quantité de gasoil et de
benzine fournie à Gaza en novembre était bien inférieure à la
moitié des besoins de la ville.
« Si le carburant n’est pas livré dans les
plus brefs délais, des services vitaux du secteur de la santé
seront affectés », a confié à IRIN M. Hassanien.
Les restrictions se font également sentir dans les
stations-service de Gaza qui commencent à manquer de produits ;
c’est pour protester contre cet état de fait que
l’association des propriétaires des stations-service a cessé
toute importation de carburant le 27 novembre.
« Nous ne souhaitons pas prendre part à une décision qui nuit
à notre peuple », a dit Mahmoud al-Khozondar, un membre de
l’association. Copyright © IRIN
2007
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