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IRIN
A Gaza, des enfants
traumatisés et hantés par des cauchemars

Mona al-Samouni,
12 ans, montre une photo de ses parents,
qui ont été tués sous ses yeux pendant la guerre d’Israël à Gaza
en janvier 2009
Photo: Suhair Karam/IRIN
GAZA, 3 février 2010 (IRIN)
Mona al-Samouni, 12 ans, est déprimée et revit
dans ses cauchemars le jour – il y a un peu plus d’un an – où
elle a vu ses parents et un certain nombre de ses proches se
faire tuer par des soldats israéliens dans leur maison de
Zeitoun, au sud-est de Gaza-ville.
Comme beaucoup d’autres enfants qui ont assisté à des événements
terribles lors de l’opération militaire israélienne de l’année
dernière dans la bande de Gaza, qui a duré 23 jours, Mona est
devenue de plus en plus réservée et silencieuse – une façon
courante de surmonter une tragédie, d’après les médecins.
Les chiffres sur les Palestiniens ayant perdu la vie durant
cette opération militaire sont variables, mais les ONG estiment
que le nombre total de personnes tuées est compris entre 1 387
et 1 417. Les autorités de Gaza font état 1 444 morts, tandis
que le chiffre fourni par Israël s’élève à 1 166, d’après la
Mission d'établissement des faits de l'Organisation des Nations
Unies sur le conflit de Gaza, aussi connue sous le nom de
rapport Goldstone.
Le meurtre de la famille de Mona est l’un des incidents les plus
tristement célèbres du conflit de l’année dernière à Gaza (voir
le
diaporama de la BBC), et a fait partie des 11 incidents
ayant fait l’objet d’une enquête de la Mission des Nations
Unies, « lors desquels les forces israéliennes ont lancé des
attaques directes contre des civils conduisant à une issue
fatale » et dans lesquels « les faits n’indiquent aucun objectif
militaire justifiable poursuivi par l’attaque ». D’après la
mission, les forces israéliennes « ont tué 23 membres de la
famille élargie al-Samouni » ce jour-là.
« Il y a une détérioration significative du bien-être
psychologique des enfants palestiniens qui vivent dans la bande
de Gaza, en particulier depuis la guerre récente », a dit à IRIN
Ayesh Samour, directeur de l’hôpital psychiatrique de Gaza.
D’après une étude réalisée par l’ONG (organisation non
gouvernementale) Ard al-Insan à Gaza, 73 pour cent des enfants
de Gaza souffrent encore de troubles psychologiques et
comportementaux, dont notamment des traumatismes psychologiques,
des cauchemars, des problèmes de miction involontaire, de
l’hypertension et du diabète.
M. Samour a dit que les enfants de Gaza étaient privés d’une
enfance normale à cause de l’insécurité et de l’instabilité de
leur environnement. D’après lui, une culture de violence et de
mort a imprégné leur mentalité, les rendant plus colériques et
plus agressifs.

Mahmud al-Samouni devant
la tente de sa famille, au sud-est de Gaza-ville.
La maison familiale a été détruite lors de l’offensive
israélienne en janvier 2009
Photo:
Suhair Karam/IRIN
Du fait de la pénurie de professionnels de
santé dans la bande de Gaza et du manque d’accès à l’équipement
médical, les enfants ne reçoivent pas l’aide dont ils ont
besoin, a dit M. Samour.
Selon Basem Naim, ministre de la Santé à Gaza, les hôpitaux et
les installations de soins primaires endommagés pendant le
conflit de Gaza n’ont pas été reconstruits en raison du blocus
du territoire, Israël interdisant l’entrée des matériaux de
construction en disant qu’ils pourraient être utilisés pour
servir des objectifs militaires.
« Les professionnels de santé à Gaza ont été coupés du monde
extérieur », a dit M. Naim.
Hussain Ashour, directeur de l’hôpital d’al-Shifa, l’hôpital
principal de Gaza-ville, a dit que l’établissement manquait
d’équipement médical et de pédiatres.
Projet
Le 25 janvier dernier, Save the Children Suède et le Fonds des
Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont lancé un projet de
création de centres familiaux à Gaza.
« Le projet permettra de garantir le droit à la survie et au
développement des enfants exposés aux risques… à travers la
création de 20 centres familiaux dans différentes communautés de
la bande de Gaza », a dit à IRIN Patricia Hoyos, directrice de
Save the Children à Gaza.
« Son rôle principal est de servir une large population et de
fournir des services de qualité en matière de protection de
l’enfance, d’éducation, de santé et [d’accompagnement]
psychosocial à tous ceux qui ont besoin de soutien », a-t-elle
dit.
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