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IRIN
Egypte-Israël: Combien de migrants meurent à la frontière ?

Des demandeurs d’asile à la
prison de Ktsiyot dans le sud d’Israël
Photo d’archive - Tamar Dressler/IRIN
TEL AVIV, 2 octobre 2009 (IRIN)
Des groupes de défense des droits humains comme
Amnesty International ont demandé aux autorités égyptiennes
« de refréner d’urgence ses forces de sécurité à la frontière »
après que sept demandeurs d’asile africains ont été tués en
septembre en essayant de franchir la frontière vers Israël à
pied. Des organisations non-gouvernementales (ONG) israéliennes
et des soldats disent que le nombre de morts à la frontière est
beaucoup plus élevé.
« Je crois vraiment qu’il y a des centaines de morts et de
blessés [à la frontière] qui ne sont pas signalés », a dit à
IRIN Sigal Rosen, coordinatrice des activités publiques de l’ONG
Moked, une
ligne d’appel d’urgence pour les migrants.
« Nous avons interrogé des centaines de demandeurs d’asile et
presque tous nous ont dit que des personnes dans leur groupe
avaient été abattues par balles et laissées à terre alors
qu’elles essayaient de traverser la frontière. De plus, nous
avons des preuves provenant de soldats de l’IDF [Forces de
Défense d’Israël], révélant que le nombre de décès du côté
égyptien de la frontière est bien plus élevé que celui rapporté.
Le cimetière pour les demandeurs d’asile abattus du côté
israélien de la frontière, dans le kibboutz de Hatzor, contient
déjà 25 tombes [depuis la mi-2007]. Beaucoup de demandeurs
d’asile nous disent que les [autres] corps sont abandonnés dans
le désert ».
Les
Fils du
Darfour, une ONG venant en aide aux demandeurs d’asile en
Israël, ont eux aussi dit qu’un plus grand nombre de personnes
était tué, par rapport à ce qui est suggéré dans les rapports. «
Nous attendons qu’Israël fasse pression sur les Egyptiens pour
arrêter de tirer sur les demandeurs d’asile à la frontière », a
dit Yassin (son seul nom) le directeur de l’ONG, à IRIN.
Un soldat de réserve de l’IDF, parlant sous couvert de
l’anonymat, a dit à IRIN : « Nous entendons cela [des tirs]
chaque nuit, et presque chaque matin nous sommes informés que
les Egyptiens ont abattu d’autres demandeurs d’asile – c’est une
pratique commune ».
Incident en septembre
L’incident le plus récemment signalé sur la frontière
israélo-égyptienne a eu lieu le 20 septembre, lorsqu’un
demandeur d’asile soudanais a été abattu, selon la police
égyptienne.
Cet incident suit celui du 16 septembre lorsque deux demandeurs
d’asile érythréens ont été abattus, et au début du mois lorsque
quatre demandeurs d’asile africains ont été tués.
Selon Amnesty International, ces morts portent le nombre
d’Africains abattus à la frontière à 14 jusqu’à maintenant
pour l’année 2009. Il y en avait eu 28 au total en 2008.
Des dizaines d’autres sont arrivés blessés en Israël, selon des
ONG, des volontaires et des leaders dans la communauté des
demandeurs d’asile, ainsi que selon les archives des hôpitaux et
les soldats de l’IDF.
IRIN a rencontré plusieurs demandeurs d’asile à Tel Aviv qui ont
dit qu’on leur avait tiré dessus à la frontière; ils ont montré
des blessures allant d’écorchures par balle à de graves
blessures, toujours par balle.

La barrière à la
frontière israélo-égyptienne. Près de là, des demandeurs d’asile
africains
traversent vers Israël presque chaque nuit. Photo Shabtai
Gold/IRIN
L’Egypte interdit l’usage de la force
létale
En réponse aux allégations d’Amnesty International, Hossam Haki
le porte-parole du ministre égyptien des Affaires étrangères, a
publié une déclaration justifiant l’usage de la force létale par
les gardes-frontières, disant que « la protection des frontières
égyptiennes découle du respect de l’Egypte de la loi
internationale et des engagements internationaux ».
Il a affirmé que les demandeurs d’asile n’étaient la cible de
tirs qu’ « après qu’ils ont ignoré les avertissements des
gardes-frontières » et a dit que la protection de la frontière
était difficile à cause « des trafics d’armes, de drogues et de
marchandises ».
« Ces personnes ne représentent pas un danger pour la vie des
gardes-frontières ou de quelqu’un d’autre. Essayer de traverser
la frontière ne constitue pas un délit capital », a dit dans un
communiqué Joe Stork, directeur associé pour le Moyen-Orient du
groupe de pression
Human Rights Watch.
Durant les cinq dernières années, 24 000 demandeurs d’asile sont
entrés illégalement en Israël par sa frontière méridionale,
selon les estimations de ministère de l’Intérieur israélien.
Les estimations du nombre de demandeurs d’asile actuels en
Israël varient de 17 000, enregistrés par le Haut Commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés, à 24 000 selon les services
de l’immigration israélienne.
Selon des sources au sein des IDF et des services de
l’immigration, les demandeurs d’asile traversent la frontière
israélo-égyptienne au rythme de 400 à 600 chaque mois, malgré
les graves dangers.
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