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Al-Ahram Hebdo
Obama et Netanyahu
Dr Hicham Mourad
Photo: Al-Ahram
Mercredi 10 novembre 2010
Le premier ministre israélien devrait s’en frotter les mains
: le revers électoral du président américain Barack Obama, à
mi-mandat, arrange bien ses affaires. En effet, la reprise
de contrôle de la Chambre des représentants par le Parti
républicain donne un répit à Benyamin Netanyahu. Car les
Républicains sont considérés comme les meilleurs alliés
d’Israël aux Etats-Unis. Parmi eux se trouvent des
inconditionnels qui refusent toute pression sur l’Etat
hébreu pour faire avancer le processus de paix. A commencer
par celle qui devrait prendre la tête de la puissante
commission des affaires étrangères à la Chambre des
représentants, Ileana Ros-Lehtinen, une partisane de
Tel-Aviv qui s’oppose à tout soutien américain à l’Autorité
palestinienne et à l’Agence de l’Onu pour l’assistance aux
réfugiés palestiniens (UNRWA). En tant que membre dudit
comité, elle avait exhorté l’administration américaine de
cesser de condamner Israël à propos de la poursuite de la
colonisation.
Politiquement affaibli, le chef de la Maison Blanche aurait
une marge de manœuvre réduite pour exercer des pressions sur
l’Etat hébreu en vue de lui arracher des concessions dans le
processus de paix avec les Palestiniens, notamment le gel de
la colonisation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
La nouvelle majorité républicaine à la Chambre des
représentants devrait certes chercher à mettre des bâtons
dans les roues de l’administration Obama concernant sa
politique étrangère, y compris au Proche-Orient. Elle ne
devrait pas soutenir que Washington exerce des pressions sur
l’Etat hébreu. Il faut cependant noter que le Congrès en
général, Chambre de représentants et Sénat réunis, joue
d’habitude un rôle mineur en politique étrangère, qui reste
la chasse gardée du chef de l’exécutif. D’autre part, le
Congrès actuel est, avant tout, préoccupé par les
difficultés économiques des Etats-Unis, notamment les
questions du chômage et des dépenses publiques, qui ont
dominé la campagne électorale des candidats, alors que les
dossiers de politique étrangère étaient presque absents.
Enfin, le président américain détient suffisamment de
pouvoir pour contrer les initiatives ou la résistance des
hommes du Congrès du camp adverse. On se souvient qu’en
1995, le Congrès avait voté une résolution soutenant le
transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem occupée, et
que le président d’alors, Bill Clinton, usant de ses
prérogatives et invoquant la sécurité nationale américaine,
a refusé d’appliquer la décision des députés.
Ceci dit, Obama ne dispose finalement pas d’un temps infini,
il aura principalement une année pendant laquelle il devra
user de son influence, notamment auprès des Israéliens, pour
remettre sur les rails les négociations de paix avec les
Palestiniens. Passé ce délai, il sera probablement absorbé
dans sa dernière année de mandat par la campagne pour sa
propre réélection. Une période peu propice à exercer des
pressions sur l’Etat juif. Mais Obama aura devant lui un
Netanyahu qui est passé maître dans l’art de perdre du temps
: il a réussi pendant plus d’un an à mettre en échec les
pressions d’Obama et à faire sombrer les négociations de
paix dans des palabres interminables.
Droits de reproduction et de diffusion réservés. ©
AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 10 novembre 2010 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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