Al-Ahram Hebdo
Pas de répit pour
les colonies
Heba Zaghloul
La colonie de Gilo
Mercredi 25 novembre 2009
Palestine.
La visite du président israélien Shimon
Pérès, dimanche dernier au Caire, a mis en avant la colonisation
à Jérusalem comme principal point de discorde entre Arabes et
Israéliens. Une colonisation qu’Israël a décidé d’intensifier en
toute impunité. C’est à coup de
pelleteuses et de bulldozers qu’Israël compte poursuivre sa
politique de judaïsation de Jérusalem. La semaine dernière, deux
maisons palestiniennes à Silwan, village palestinien à
Jérusalem-Est, ont été détruites par les forces israéliennes,
sous prétexte que les maisons en question n’ont pas de permis de
construire. Plus encore, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a
donné son autorisation pour construire 900 nouveaux logements à
Gilo, colonie Israélienne également située dans la partie
orientale de la Ville sainte.
Des mesures qui ont provoqué une vague de
protestations au sein de la communauté internationale entre
indignation dans le monde arabe et consternation européenne.
Quant au président américain, Barack Obama, il a qualifié ces
nouvelles mesures de « dangereuses ». Des réactions auxquelles
Israël, au bout de plus de trente ans de politique de
colonisation dans les territoires occupés, a fini par s’y
habituer et, tant qu’il n’y a aucune mesure concrète prise à son
encontre par la communauté internationale, ces condamnations
n’ont pas eu et ne risquent pas d’avoir une influence quelconque
sur sa politique.
D’ailleurs, Israël semble avoir perçu le
revirement de la position américaine comme un feu vert à sa
politique de fait accompli. Au début de ce mois, les Etats-Unis,
qui au départ avaient demandé l’arrêt total de la colonisation
comme condition préalable à la reprise des pourparlers, ont
surpris le côté arabe en demandant aux Palestiniens de renoncer
à cette revendication et de reprendre les négociations sans
condition.
Rien de nouveau
En parallèle à cette politique de fait
accompli, le président israélien Shimon Pérès aurait présenté,
selon la presse israélienne, et ce non officiellement, une
nouvelle proposition pour relancer le processus de paix : la
création d’un Etat palestinien avec des frontières provisoires
en attendant un accord final.
Or, cette proposition israélienne n’a rien de
nouveau. Elle a été auparavant présentée aux Palestiniens et
refusé par ces derniers. Car les Palestiniens ne doutent pas que
des frontières provisoires se feront sur la base du mur de la
séparation que les Israéliens ont construit autour et à
l’intérieur des terres palestiniennes et qui valideront non
seulement l’annexion israélienne de Jérusalem, mais également le
grignotage d’une grande partie du territoire palestinien. Le
résultat est sans équivoque : un Etat palestinien sans
continuité territoriale, dépourvu de sa capitale et non viable.
En faisant circuler de telles propositions, Israël, qui sait
pertinemment qu’elles vont être rejetées par le côté arabe,
tente de faire bonne figure en paraissant devant la communauté
internationale comme un Etat qui tend la main aux Palestiniens
pour relancer la paix ...
Plus encore, Israël cherche à montrer que la
colonisation à Jérusalem est indépendante du processus de paix
et qu’elle pourrait être poursuivie en parallèle aux
pourparlers. Insistant donc sur la position israélienne selon
laquelle Jérusalem ne figure pas dans d’éventuelles
négociations.
Et c’est cette position qui fut le principal
point de divergence entre le président égyptien Hosni Moubarak
et son homologue israélien lors de la visite de ce dernier au
Caire dimanche dernier. Shimon Pérès avait alors qualifié la
colonisation de question « marginale » tout en soutenant la
création d’un Etat pour les deux peuples palestiniens et
Israéliens. Une position qui paraît contradictoire. Car les
enclaves territoriales créées par la colonisation israélienne
dans les territoires occupés ne peuvent pas permettre la
constitution d’un Etat palestinien. Sans compter le grand
Jérusalem créé par Israël qui divise la Cisjordanie en deux
parties. D’autant plus que près de 200 000 colons juifs vivent
dans la partie orientale de la Ville sainte, soit un tiers des
colons dans les territoires occupés.
Et c’est précisément ce qui a poussé le
président égyptien à demander à son homologue israélien de «
prendre des décisions courageuses au service de la paix »,
insistant que la question de Jérusalem doit figurer
sur la table des négociations et qu’il s’agit « non seulement
d’un problème palestinien, mais d’une question qui concerne les
musulmans à travers le monde ». Des demandes qui risquent de
rester lettre morte.
Et pour rendre la situation plus compliquée,
l’armée israélienne a entrepris des raids contre Gaza dans la
nuit de samedi à dimanche derniers, faisant sept morts. Selon
Israël, il s’agirait d’une riposte à des tirs d’obus lancés à
partir de Gaza contre le sud d’Israël.
Que ce soit sur le terrain ou sur le plan
diplomatique, la paix paraît plus que jamais improbable.
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Publié
le 25 novembre 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
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