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Opinion - El Watan
Moubarak et ses fils
risquent la peine de mort
Hassan Moali
© El Watan
Mercredi 25 mai 2011
L’ex-président égyptien, Hosni
Moubarak, et ses deux fils, Gamal et Alaa, accusés d’être
responsables de la mort de manifestants pendant le soulèvement
populaire de janvier-février et de s’être enrichis illégalement,
vont être jugés.
C’est la «sentence» historique prononcée hier par le
procureur général Abdel Meguid Mahmoud. Le grand raïs, qui
régnait comme un pharaon sur l’Egypte depuis 1981, et ses
enfants, dont l’arrogance n’a d’égal que l’insondable pouvoir de
leur père, vont ainsi répondre de leurs actes devant le peuple.
Qui l’eût cru ?
Et le verdict, qui sera prononcé au nom de ce peuple désormais
libéré du clan Moubarak, risque d’être fatal pour le raïs déchu
et ses rejetons. C’est en tout cas, une première dans l’histoire
de l’Egypte : un ancien chef d’Etat doit comparaître devant la
justice. «Le procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, a décidé
hier de déférer l’ex-président Hosni Moubarak et ses fils Alaa
et Gamal ainsi que l’homme d’affaires en fuite, Hussein Salem,
devant un tribunal pénal», a indiqué l’agence officielle Mena.
Quel terrible boomerang de l’histoire contre Hosni Moubarak, qui
n’a sans doute jamais imaginé une fin aussi pitoyable. Une chute
pyramidale pour un homme qui se voulait être l’incarnation de
pharaon de l’Egypte ancienne.
Un procès exemplaire pour l’histoire
Et à voir les graves chefs d’inculpation qui pèsent sur les
quatre hommes, on devine aisément le sort qui attend le vieux
dictateur. Moubarak, ses enfants et l’homme d’affaires sont
accusés de «meurtre avec préméditation», d’«avoir planifié
le meurtre de certains participants aux manifestations
pacifiques de la révolution du 25 janvier» et d’avoir «abusé de
leur position pour s’enrichir». Trois chefs d’inculpation qui
rendent Moubarak et ses coaccusés passibles de la peine
capitale, selon la loi égyptienne. Au moins 846 personnes ont
été tuées au cours des 18 jours du soulèvement du peuple qui
l’avait emporté le 11 février dernier.
Et tout indique, en attendant que le procès ait lieu, que cette
lourde sentence sera prononcée contre le raïs tant on imagine
mal comment pourrait-il se laver des crimes commis sous sa
responsabilité en qualité de premier magistrat du pays, chef
d’état-major des armées, homme fort de l’Egypte. Par quelle
argutie juridique, Hosni Moubarak pourrait-il s’appuyer pour
plaider ne serait-ce que pour les circonstances
atténuantes ? Et pour cause, il y a un mois, le ministre de la
Justice, Abdel Aziz Al Guindi, a déclaré que s’il est «reconnu
coupable, M. Moubarak est passible de la peine capitale».
Un pharaon dans la peau d’un nain
Il avait, en quelque sorte, donné le ton de ce que sera
l’issue de ce procès inédit dans tout le monde arabe. Signe que
la messe est presque dite, même l’avocat de M. Moubarak, Farid
Al Dib, a refusé de commenter à l’AFP la décision du parquet.
La balle est à présent dans le camp du tribunal qui va décider
de la date du procès dès qu’il aura reçu le dossier que le
parquet doit lui envoyer dans les «jours à venir».
En attendant, les Egyptiens, les Arabes, voire le monde entier,
apprécient ce grand virage démocratique que négocie brillamment
et courageusement l’Egypte nouvelle. Et la mise en accusation de
l’ex-maître du Caire constitue incontestablement une étincelle
qui ne manquera pas d’illuminer les horizons sombres dans
beaucoup de «Républiques» arabes, où les peuples souffrent sous
les fourches caudines de «leurs Moubarak locaux».
Le procès Moubarak servira ainsi de leçon pour les apprentis
dictateurs que leur chute risque d’être aussi météorique que
leur ascension au pouvoir. Pour la rue arabe, la mise en
accusation de Moubarak (83 ans) aura valeur d’électrochoc, à
savoir que la volonté des peuples est inébranlable quelle que
fut la force réelle ou supposée du potentat. Les excuses que le
raïs s’apprêtait à présenter à son peuple, via une lettre pour
espérer une rémission, ne lui seraient d’aucune utilité. Réponse
cinglante des jeunes animateurs de la révolution égyptienne :
ils prévoient de retourner demain à place Tahrir pour exiger «le
procès des symboles de l’ancien régime» ! Un verdict populaire
avant l’heure…
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