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Irak
Sa victoire est insuffisante pour
garder son poste :
El Maliki sur un siège éjectable
Hassan Moali
Nouri El
Maliki
Mardi 9 mars 2010
Nouri El Maliki « aura du mal à être le prochain Premier
ministre, car il lui manque une majorité suffisante et la
plupart des autres partis n’en veulent pas », commente un
expert.Le Premier ministre irakien sortant, Nouri al-Maliki,
risque de perdre son poste de Premier ministre en Irak. Arrivé
en tête aux élections législatives de dimanche, selon les
premières estimations, son score risque de ne pas suffire pour
qu’il garde la Primature, faute de majorité. « Il semble que
nous obtiendrons une centaine de sièges et il y aura un grand
écart avec la liste suivante, mais il nous est impossible de
former un gouvernement sans l’appui d’autres mouvements », ont
reconnu les proches conseillers de Nouri El Maliki.
Selon les premières estimations, l’Alliance de l’Etat de
droit (AED) du Premier ministre arrive en tête dans les neuf
provinces chiites du sud, alors que le Bloc Irakien de
l’ex-Premier ministre Iyad Allawi domine très largement dans les
quatre provinces majoritairement sunnites (Anbar, Salahedinne,
Ninive et Diyala). Bien que, en termes de poids, les provinces
chiites dotées de 119 sièges soient plus importantes que les 70
que comptent les régions sunnites, le mouvement d’El Maliki est
loin de rafler le jackpot, en ce sens qu’il ne pourra pas
gouverner seul comme il le fait depuis 2005.
La Commission électorale a promis hier de fournir des
résultats partiels jeudi prochain en attendant les résultats
complets et officiels à la fin du mois. Mais on sait déjà que la
liste d’Iyad Allawi est arrivée en deuxième position dans trois
gouvernorats chiites (Mouthanna, Babylone et Bassora). La
coalition chiite, rivale de celle de M. Maliki, l’Alliance
Nationale Irakienne (ANI), qui regroupe le Conseil supérieur
islamique d’Irak (CSII d’Ammar al-Hakim) et les partisans du
chef radical Moqtada Sadr, arrive deuxième dans les six autres
provinces chiites. Chez les sunnites, l’AED arrive en seconde
position à Diyala et est largement distancée dans les trois
autres gouvernorats. Une source proche de M. Maliki a estimé que
sa liste obtiendrait entre 40 et 50 sièges sur les 68 en jeu
dans la province de Baghdad.
Iyad Allawi en pole position
Dans la province de Kirkouk (12 sièges), que se disputent
Kurdes et Arabes, l’Alliance Kurdistania, constituée des deux
partis traditionnels, arrive en tête, suivie du Bloc irakien,
puis de l’AED. Kurdistania arrive également en tête dans les
trois provinces kurdes où 41 sièges sont à répartir, suivie des
contestataires du Goran (Changement) à Souleimaniyeh et Erbil.
En somme, ces premiers résultats confirment dans une large
mesure les structures ethniques et confessionnelles dominantes
dans chaque région. Aussi bien les Arabes, les Kurdes, les
sunnites et les chiites ont majoritairement voté pour les leurs.
Une configuration politique qui ressemble à celle en place au
Liban. Mais, au-delà de ces clivages sociologiques et ethniques,
ce scrutin aura démontré cette envie de mieux vivre des Irakiens
et leur volonté de sauver leur pays du chaos. En bravant les
bombes et les menaces d’Al Qaîda et tous ceux qui se cachent
derrière cette « SPA », les irakiens auront montré un bel
exemple d’unité au-delà de leurs différences.
En tout cas, la participation à ces deuxièmes élections
législatives depuis la chute de Saddam Hussein a été très
importante de l’avis de tous les observateurs. Sur ce plan,
force est d’admettre que le peuple irakien a bien négocié le
virage et forcé le mur de la peur. Reste l’homme qui aura la
lourde charge d’arrimer l’Irak sur les berges de la sécurité et
de la réconciliation. Les experts sont presque unanimes à
trancher qu’il sera difficile pour l’actuel maitre de Baghdad de
reprendre son poste. « M. Maliki aura du mal à être le prochain
Premier ministre, car il lui manque une majorité suffisante et
la plupart des autres partis n’en veulent pas », a commenté
Hamid Fadel, professeur de sciences politiques à l’université de
Baghdad, interrogé par l’AFP.
« Ses relations avec les Kurdes ne sont pas bonnes, l’ANI
l’accuse d’exercer un pouvoir personnel et les sunnites d’avoir
relancé la politique de débaâthification qui les vise », a-t-il
expliqué. El Maliki sur un siège éjectable ? Fort possible et ce
ne serait pas forcément une mauvaise chose pour les Irakiens qui
voudraient remettre leur destin entre les mains d’un autre homme
plus consensuel, mais surtout moins marqué par ses démêlés avec
l’ancien régime et plus distant avec les Etats-Unis.
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