Opinion
L'analogie entre
Poutine et Hitler, par le lobby gay,
est
une scandaleuse manipulation
Gilad Atzmon

Lundi 12 août 2013
Dans mon dernier livre
The Wandering Who (Quel Juif
errant), j’explore le continuum
idéologique, spirituel et politique
entre la politique identitaire juive et
la théorie gay. Hier, Stephen Fry, un
dramaturge juif gay britannique, nous a
fourni l’occasion d’examiner l’affinité
politique et spirituelle étroite entre
la politique identitaire juive et
l’appel LGBT.
Dans une lettre ouverte au premier
ministre David Cameron et au Comité
International Olympique, Fry a
assimilé la politique anti-gay de
Poutine à la haine des juifs
d’Hitler. L’argument de Fry mérite
une certaine attention.
Hitler, nous dit Fry, « a interdit
aux juifs l’accès à la
titularisation ainsi qu’à la
fonction publique, il a fait en
sorte que la police ferme les yeux
sur les passages à tabac, les vols
ou les humiliations portés sur eux,
fait brûler et bannir des livres
écrits par eux. Il affirmait qu’ils
"polluaient" la pureté et la
tradition de ce que c’était d’être
Allemand … »
Selon Fry, « Poutine répète
sinistrement ce crime insensé, mais
cette fois contre les LGBT russes.
Les passages à tabac, les meurtres
et les humiliations sont ignorés par
la police. Tout argument ou
discussion saine sur l’homosexualité
est contraire à la loi. »
Les analogies historiques sont des
territoires dangereux, surtout quand
les connaissances nécessaires et
même élémentaires font défaut.
Inutile de dire que je m’oppose à
toute forme d’abus contre les droits
de l’homme envers les Juifs, les
LGBT, les Palestiniens ou n’importe
qui d’autre. Cependant, je m’oppose
également à l’émergence de la
culture foireuse de déclarations et
de slogans vides pour lesquelles Fry
est, malheureusement, un défenseur
de premier plan.
Fry, pour des raisons évidentes,
évite la question la plus
nécessaire : qu’est-ce qui a conduit
au traitement épouvantable des Juifs
dans le 3ème Reich ? Sans surprise,
il évite aussi une question
similaire quand il s’agit de
l’antagonisme de Poutine envers les
LGBT. Et pourtant, si nous voulons
vraiment lutter contre l’oppression,
ce sont les questions les plus
cruciales à poser et à résoudre. Je
dirais que la différence entre les
recherches sur l’Holocauste et
l’histoire proprement dite est que
les études portant sur l’Holocauste
sont principalement concernées par
l’étude de la douleur (elle-même),
tandis que l’histoire essaye de
comprendre les événements qui ont
amené à cette souffrance.
Les Juifs qui veulent empêcher aux
juifs de futures souffrances doivent
examiner de près les circonstances
répétées qui ont transformé
l’histoire juive en une chaîne de
Shoahs. Ils devraient lire
L’antisémitisme, son histoire et ses
causes de Bernard Lazare au lieu de
lire Anne Frank ou le Jewish
Chronicle. De même, les théoriciens
homosexuels devraient examiner de
façon critique ce à quoi exactement
les Russes s’opposent dans le
discours LGBT. Est-il possible que
Poutine considère le mouvement LGBT
comme une forme d’intervention
occidentale grossière ? Peut-être
que Stephen Fry devrait répondre à
cette question avant de faire à
nouveau du lobbying pour un boycott
international.
Si Fry est vraiment intéressé par
les analogies historiques, il peut
certainement détecter une similitude
entre son propre appel à boycotter
la Russie et le fameux appel à la
guerre contre l’Allemagne de la
Judée en 1933. [1]
Je ne suis pas impressionné par
l’analogie historique de Fry, mais
je me permets de suggérer au
dramaturge que pas mal d’historiens
font en fait le lien entre l’appel
juif de 1933 pour le boycott de
l’Allemagne et la souffrance juive
qui a suivi. Je suis persuadé que
Fry ne voudrait pas être associé, en
tant que catalyseur, avec
d’éventuelles souffrances à venir
des LGBT russes.
Les sionistes ont tendance à
comparer leurs ennemis à Hitler –
Saddam Hussein, Mahmoud Ahmadinejad
et Yasser Arafat se sont tous
retrouvés assimilés à Hitler. Fry,
la vedette activiste et humaniste
est en train de faire exactement la
même chose avec Poutine. « Il
(Poutine) fait des homosexuels des
boucs émissaires, tout comme Hitler
l’a fait avec les Juifs. » Est-ce
une coïncidence que Fry utilise les
mêmes tactiques Hasbariennes ?
Beaucoup s’accordent à penser que la
politique anti-gay de Poutine est
problématique et inacceptable, et
pourtant, c’est la philosophie
interventionniste occidentale que
Fry exhibe dans son appel au boycott
qui alimente en fait l’intolérance
Russe et conduit à une telle
politique.
Fry dit à propos de lui-même « Je
suis gay. Je suis un Juif. Ma mère a
perdu plus d’une douzaine de membres
de sa famille à cause de
l’antisémitisme d’Hitler. Chaque
fois qu’en Russie un adolescent gay
est contraint au suicide, une
lesbienne « correctivement » violée
… le monde est diminué et pour ma
part, je pleure à nouveau de voir
l’histoire se répéter. »
Je compatis avec Fry et respecte son
inquiétude, mais je me demande si
Fry pleure aussi à l’appel de
Bernard Henri Levy pour les guerres
interventionnistes morales « en tant
que Juif », et quand Wolfowitz a
« libéré » le peuple irakien.
Comment M. Fry se sent quand il
entend parler des crimes répétés
commis par l’État juif en son nom ?
Comment se sent-il quand les siens
sont en train de violer le sol, les
cœurs et les esprits palestiniens ?
Gilad Atzmon
8 août 2013
(1)
www.wikipedia.org/wiki/Jewish_boycott_of_German_goods
http://france-licratisee.hautetfort.com/archive/2009/02/01/la-judee-declare-la-guerre-a-l-allemagne.html
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