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Opinion
L'opération audacieuse et qualitative de
la résistance éclabousse les négociations
Fadwa Nassar
Photo: CPI
Jeudi 2 septembre 2010
L’opération menée mardi 31 août par la résistance palestinienne
aux abords de la ville d’al-Khalil, en Cisjordanie occupée,
tuant quatre colons sionistes, a frappé de plein fouet non
seulement l’institution coloniale mais également les
responsables de l’Autorité palestinienne de Ramallah. Cette
opération qualitative que la majorité des Palestiniens
attendaient impatiemment, en riposte aux pratiques violentes et
sauvages des colons, particulièrement au cours des derniers
mois, intervient deux jours avant les négociations prévues à
Washington entre l’équipe de Mahmoud Abbas et des responsables
sionistes.
Saluée par la plupart des organisations palestiniennes qui y ont
vu, entre autres, l’échec de la coordination sécuritaire entre
la sécurité palestinienne de Mahmoud Abbas et Salam Fayyad,
l’opération a été dénoncée par l’équipe palestinienne au
pouvoir. Le premier ministre Salam Fayyad a déclaré que cette
opération « s’oppose aux intérêts palestiniens » et « vise les
efforts menés par l’OLP pour mobiliser la soutien international
en vue de la réussite du processus politique et sa capacité à
mettre fin à l’occupation », avant de déplorer la mort des
colons et annoncer que cela ne se reproduira plus, ce qui veut
dire, dans les faits, que la sécurité palestinienne du général
Dayton sévira encore plus contre les résistants.
Le communiqué du bureau du président Mahmoud Abbas met en doute
que ce soit une opération de la résistance palestinienne, disant
« nous ne pouvons considérer cette opération comme étant celle
de la résistance, après que le Hamas ait arrêté la résistance et
poursuivi les résistants à Gaza », dans une logique inlassable
consistant à frapper simultanément sur tous les fronts: contre
l’opération elle-même, la faisant passer pour une manœuvre
israélienne (pour faire échec aux négociations) et contre le
Hamas, que Mahmoud Abbas accuse de parler et non de pratiquer la
résistance.
La réaction ne s’est pas fait attendre sur le terrain. Dès
l’annonce de l’opération, les services de la sécurité
palestinienne, formés par le général américain Dayton, s’en sont
pris aux militants du Hamas, qu’ils appartiennent au mouvement
de la résistance ou aux associations charitables. Des dizaines
de personnalités ont été arrêtées (le Hamas dénonce
l’arrestation de 250 personnes), montrant une fois de plus que
la sécurité palestinienne assume le rôle du gendarme israélien.
De leurs côtés, les colons sont sortis de leurs repaires pour «
casser le Palestinien »: par groupes, ils ont agressé les
passants, incendié les voitures, arraché les oliviers et autres
plantations, sans que la sécurité palestinienne de Dayton ne
protège la population palestinienne.
Quant aux dirigeants sionistes, tout en menaçant de représailles
ceux qui ont mené l’opération et ceux qui « les ont envoyés »,
ils ont reconnu qu’elle était « douloureuse et grave » comme l'a
exprimé le ministre de la guerre Ehud Barak, et sur le terrain,
l’armée sioniste s’est déployée dans toute la zone, à la
recherche des combattants, fermant toutes les issues autour de
la ville d’al-Khalil et notamment dans le village Bani Na’im
près duquel l’opération a eu lieu. Jusqu’à l’heure actuelle, ni
la "Shabak" ni les services de renseignements de l’armée
sioniste n’ont pu découvrir un fil menant aux combattants. Ce
qui prouve que cette opération est également qualitative quant à
son aspect sécuritaire, puisqu’elle a pu échapper à la fois aux
services israéliens et palestiniens.
Bien que ce ne soit pas la première opération palestinienne au
cours de cette année et dans cette région, puisqu’au mois de mai
dernier, les résistants avaient déjà visé des militaires, tuant
un officier de l’armée sioniste, cette opération prend cependant
une signification particulière:
Elle est d’abord dirigée contre les colons qui sévissent en
Cisjordanie et al-Qods, colons protégés et soutenus par le
gouvernement et l’armée sionistes. Dès le début de la
coordination sécuritaire entre l’Autorité à Ramallah et l’armée
israélienne, les colons se sont sentis libérés du poids de la
riposte palestinienne à leurs crimes. Que ce soit au nord, à
Nablus (Naplouse) ou au sud à al-Khalil (Hébron), en passant par
la ville d’al-Qods(Jérusalem), les colons sèment la terreur dans
les agglomérations palestiniennes: incendies des maisons, des
mosquées et des terrains cultivés, raids nocturnes sur les
villages palestiniens et assassinats sur les routes de
contournement. Le raid des colons à Silwan (Qods) pour incendier
la mosquée est un de leurs derniers méfaits.
L’opération intervient deux jours avant le début des
négociations entre l’Autorité Palestinienne de Ramallah et
l’entité sioniste sous l'égide de l'administration américaine.
Alors que Mahmoud Abbas avait déclaré qu’il ne reprendrait pas
les négociations sans que le gouvernement israélien n’abandonne
la colonisation, les pressions et le chantage américains l’ont
obligé à se rendre à Washington, reprenant non seulement des
négociations indirectes mais directes, au moment où le
gouvernement de Netanyahou affirme tous les jours que la
colonisation, qui ne s’est d’ailleurs pas arrêtée un seul
instant, reprendra au mois de septembre. Il faut d’ailleurs
considérer que la partie ayant le plus besoin de la reprise des
négociations n’est pas la partie palestinienne, mais
israélienne. Pour l’entité sioniste, une reprise des
négociations desserre l’étau qui se serrait de plus en plus
autour de son cou, surtout après le massacre qu’il a commis
contre la Flotille de la liberté, acte de piraterie largement
dénoncé dans le monde. Après la guerre meurtière contre la bande
de Gaza, en 2008-2009 et la guerre contre la Flotille de la
liberté, après les provocations incessantes contre les habitants
d’al-Qods et du Naqab, après les lois d’apartheid qu’il a
promulguées contre « ses propres citoyens » (les Palestiniens de
48) et les prisonniers palestiniens, l’entité sioniste s’est
sentie de plus en plus boycottée et isolée dans le monde. Tout
récemment, même des universitaires « israéliens » ont décidé de
boycotter les produits des colonies sionistes installées en
Cisjordanie occupée. La reprise des négociations est la bouffée
d’air que l’Autorité palestinienne, sous pression américaine,
lui offre pour sortir de son isolement, criminaliser tout le
mouvement de la solidarité avec la Palestine, et se présenter
comme voulant parvenir à un accord avec « ses voisins », alors
que près de vingt ans de négociations (depuis 1991 avec la
conférence de Madrid) n’ont abouti à rien, au contraire: c’est
au cours de ces années de négociations que la colonisation s’est
accrue en Cisjordanie et que la ville d’al-Qods, y compris la
mosquée al-Aqsa ont subi une judaïsation effrenée.
Malgré les déclarations des dirigeants sionistes au cours de la
période précédant ces négociations, les unes plus fanatiques que
les autres, concernant la poursuite de la colonisation, le refus
de se retirer jusqu’aux frontières du 4 juin 1967, le maintien
de
l’occupation de la partie orientale d’al-Qods, le refus du
retour des réfugiés et la proclamation que l’Etat d’Israël
devrait être reconnu par l’Autorité palestinienne comme un «
Etat juif et pour les Juifs », l’Autorité palestinienne, de plus
en plus isolée au sein des Palestiniens, s’est soumise aux
pressions américaines et a accepté le principe des négociations
directes, tout en affirmant qu’elle n’en espérait pas beaucoup.
En réalité, l’équipe de Mahmoud Abbas, qui a lié son sort à la
volonté américaine, espère s’adresser à « la communauté
internationale », lui montrant sa bonne volonté face à
l’intransigeance israélienne, pensant que c’est la seule carte
qu’elle possède. C’est en ce sens que l’opération de la
résistance à al-Khalil peut déranger ses plans, car cette «
communauté internationale » aura vite fait de dénoncer
l’opération et considérer que les Palestiniens « ne sont pas
mûrs pour la paix » comme le proclament les sionistes, par
ailleurs, qui ont déclaré par la voix de Netanyahou que la
question sécuritaire sera mise au premier plan. C’est ce qui
explique la répression enragée que les forces de Abbas ont
lancée depuis mardi soir contre les Palestiniens accusés de
soutenir la résistance, Mahmoud Abbas voulant prouver aux
Américains et aux sionistes qu’il assume entièrement la tâche
qui lui a été fixée.
L’opération d’al-Khalil ayant entraîné la mort de quatre colons,
douloureuse pour les sionistes, gênante pour l’Autorité
palestinienne, est une opération qualitative qui, par-dessus les
querelles intestines inter-palestiniennes, a emprunté la voie de
la libération.
Le Hezbollah salue l’opération à al Khalil: la
résistance est la seule option face à l’occupation
Le Hezbollah a salué l'opération exécutée par les brigades al
Kassam à al Khalil qui prouve encore une fois que la résistance
s'avère la seule option face aux politiques d'occupation et de
colonisation, ainsi qu'aux pratiques sionistes continues et aux
pressions internationales croissantes sur le peuple palestinien.
"On doit dénoncer la position internationale silencieuse
parfois, souvent complice et solidaire de l'occupation sioniste.
C'est cette position qui donne le feu vert à la colonisation qui
constitue en fait une occupation déguisée où on peut considérer
les colons comme des soldats d'occupation même s'ils ne portent
pas des costumes militaires" a souligné le Hezbollah dans un
communiqué.
"La voie des négociations directes ou indirectes, a prouvé son
incapacité de réaliser des gains pour le peuple palestinien,
quant à la communauté internationale, celle-ci n'a lui rendu
aucun de ses droits violés" a-t-il conclu.
Article publié sur Résistance islamique au Liban
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